4. Mexico

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Cela va faire deux jours que ma course poursuite nocturne a eu lieu et depuis j'ai un peu de mal à me détendre dans la rue. Je n'ai croisé aucune personne suspecte me suivant et personne n'a tenté de rentrer chez moi. J'en déduis qu'ils ne m'ont pas trouvée ou alors qu'ils ne me cherchent pas, il faut donc que j'oubli toute cette histoire et passe à autre chose. Pourtant, je reste tendue et je dors mal la nuit, hantée par le bruit sourd d'une balle qu'on tire. Est-ce que j'arriverais un jour à oublier l'image du corps de Miguel qui tombe au sol ? Je l'espère... Alors ce soir pour tenter de me vider l'esprit, j'ai décidé de suivre les autres en ville pour aller boire un verre. J'ai longtemps hésité, encore effrayée, mais finalement je ne veux pas que cet évènement m'empêche de profiter de mon voyage. Bien entendu en arrivant en ville, mes camarades m'ont bien fait comprendre qu'ils ne comptaient pas passer la soirée avec moi. Je n'étais pas surprise mais une fois seule, la panique pointe le bout de son nez et je regarde autour de moi à l'affut du moindre signe suspect. Et s'ils avaient attendue que je sois seule pour m'attraper ? Non il y a trop de monde pour régler discrètement ce genre de chose, ils attiraient l'attention. Alors je me dirige vers le bar auquel je m'étais arrêtée la dernière fois et m'installe en terrasse. Je commande un cocktail, ne voulant pas prendre un truc trop fort pour garder les idées claires au cas où. Je le sirote tranquillement en regardant les passants dans la rue quand l'un d'eux me dit quelque chose. Je hèle son prénom et quand il me reconnait, il vient vers moi.

_ Salut comment vas-tu ? Me demande Marco en souriant.

_ Bien et toi ? Viens installe toi je t'offre un verre ajoutais-je en souriant.

Il accepte volontier, commande sa boisson et s'installe en face de moi. Je l'observe deux secondes et remarque que ses traits sont tirés, il a des cernes sous les yeux et une mine fatiguée. J'en déduis facilement qu'il ne va pas très bien.

_ Et toi du coup comment vas-tu ?

_ Ca va super ment-il avec un air enjoué.

Son mensonge ne trompe personne et j'hésite à lui tirer les vers du nez, après tout nous ne pouvons pas dire que nous soyons réellement proches. Mais face à ma mine contrite, il comprend surement que je n'en crois pas un mot et souffle, laissant tomber son masque de façade.

_ En réalité ça ne va pas très bien, je suis un peu sur les nerfs. J'ai des problèmes au taff depuis quelques jours et si je ne règle pas ça rapidement, je risque de me faire dégager. J'essaye de bosser comme un fou pour rattraper toute cette merde mais bon tu sais quand t'es dans un travail d'équipe, il suffit d'un petit grain de sable pour faire dérailler la machine entière.

_ Je suis vraiment désolée pour toi lui dis-je en lui serrant la main, compatissante. J'espère réellement pour toi que t'arriveras à régler cela parce que sinon tu penses réussir à retrouver du boulot ?

_ Tu sais ici le boulot c'est compliqué, y a plus de candidats que de places alors en plus si ton ancien employeur démonte ta réputation, tu n'as aucune chance de retrouver un emploi.

En effet c'est quelque chose que je peux comprendre, la réputation joue énormément dans le monde du travail et quand le chômage règne, cela devient un monde de requin. J'aimerais pouvoir faire quelque chose pour l'aider, mais ce n'est pas moi et mon incompétence totale en commerce qui va pouvoir y faire quelque chose.

_ Je ne pense pas t'être d'une grande aide, mais si je peux faire quoi que ce soit pour toi n'hésite pas rétorquais-je en souriant pour me montrer amicale. Ça sera toujours plus intéressant de t'aider que trainer seule le soir pour faire mon footing ajoutais-je en riant.

Ma blague n'a pas l'air de le faire rire sur le coup, il me fait de grands yeux ronds comme si j'avais dit une énormité et je m'attends à ses remontrances sur le fait de sortir seule le soir mais rien ne vient. Il me détaille du regard comme s'il me voyait sous un jour nouveau puis fini par me retourner mon sourire et retrouver la bonne humeur qu'il avait la dernière fois que nous nous sommes croisés.

MEXICOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant