MEXICO

11. Droit d'azile

Je suis réveillée par un bruit régulier des plus agaçants. J'ai le corps douloureux, les yeux et la gorge qui brulent et pourtant je trouve la force d'ouvrir les yeux. La tête me tourne et je mets quelques minutes avant de me sentir mieux. Je repère rapidement le bruit qui me tape sur les nerfs et mon estomac se tord. Rodriguez me fait face, assis sur une chaise, les yeux rivés sur le sol et toujours avec le même geste mécanique, il monte et démonte son arme. Il a le visage fermé, un air froid et je redoute ce qui va se passer maintenant. Je prie pour qu'il n'est pas remarqué que je m'étais réveillée, et referme les yeux, faisant semblant de dormir.

_ Tu me crois si con que ça ? Me demande-t-il d'une voix dure.

J'aurais du me douter que rien n'échappe à l'oeil de lynx de Rodriguez mais j'avais espoir qu'en ne me regardant pas, mon réveil aurait pu lui échapper. Je rouvre les yeux et l'observe de loin. Mes yeux sont tout de suite attirés par le bandage sur le haut de son bras gauche et je le revois à genou se tenir le bras. Cette blessure ne l'empêche pas pour autant d'utiliser son bras pour jouer avec son arme et je me dis qu'il doit avoir un côté maso pour l'utiliser pour quelque chose d'aussi inutile, vu la douleur que ça doit lui provoquer. Il fini par arrêter son geste et son regard rencontre le mien. Malgré ses yeux bleus, son regard est noir, rempli de haine et me donne la chair de poule. Il se lève, s'avance vers mon lit et soulève la couverture sous laquelle je cachais mes mains tremblantes.

_ Je vois que tu t'es bien amusée chez Pablo dit-il d'un air sarcastique en désignant de la tête les cicatrices obtenues durant mon séjour.

Je ne réponds rien et détourne le regard de son air moqueur. Cet homme n'a réellement aucun cœur pour rire d'un tel traumatisme.

_ Au moins tu auras appris quelque chose: me désobéir ne rapporte jamais rien de bon ajoute-t-il d'un ton dédaigneux en rabattant la couverture.

_ Si tu comptes me tuer fais le maintenant s'il te plait. Je n'ai plus la force de me battre lui murmurais-je, épuisée par toutes ces histoire, par ce monde.

Rodriguez me fixe longuement sans rien dire, comme s'il essayait de me sonder, de sonder mon âme et je me sens mise à nue sous son regard de glace.

_ Je ne vais pas te tuer fini-t-il par dire de but en blanc.

Je le regarde, surprise, après ce que j'ai fait il me paraissait logique qu'il me tue.

_ Pourquoi ?

_ Pourquoi quoi ? Je t'accorde de rester en vie et t'arrive quand même à me prendre la tête ! Ne me fais pas trop chier si tu ne veux pas que je revienne sur ma décision. Et même si j'ai décidé de t'épargner, je n'ai pas dit non plus qu'il n'y aurait pas de représailles déclare-t-il en s'approchant plus près de moi, un sourire mauvais sur le visage.

Il est si proche de moi que nos nez se touchent presque. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine et je me demande s'il peut l'entendre d'où il est. Ma respiration se coupe quand il empoigne violemment mon menton et qu'il me murmure à l'oreille :

_ La vengeance est un plat qui se mange froid princesa.

Sur ces paroles, il me lâche le visage et s'en sa sans rien ajouter. J'inspire profondément dans l'espoir de calmer mon corps fatigué et tente d'oublier cette épée de Damoclès qui pèse au dessus de ma tête à longueur de temps. Je devrais déjà me réjouir d'être encore en vie et d'avoir encore une infime chance de me sortir de là un jour. Malgré tout, je dois garder à l'esprit qu'à tout moment, ma sentence peut tomber. Epuisée par tout ça, je tente de trouver une position pas trop douloureuse pour mon corps meurtri et de faire un somme. Mais apparemment, il est impossible d'avoir 5min de répit dans ce monde où le temps c'est de l'argent. On toque à ma porte et Santiago apparait. Mes poings se serrent, ma mâchoire se crispe, la dernière fois qu'on s'est vu, il m'abandonnait dans un enfer sans nom.