33. Aux armes

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Ça va faire plus de deux heures que Rodriguez s'est évanoui et le stress commence à monter. Et s'il ne se réveillait jamais ? Je ne serais pas dans la merde... Et si d'autres hommes nous trouvaient ? On se ferait canarder comme des lapins vu notre état. Nous ne sommes clairement pas en terrain sur et encore moins en position de force, il faut qu'on dégage d'ici rapidement. J'observe le visage de Rodriguez sur mes cuisses et même dans son sommeil, j'ai l'impression qu'il mène un combat perpétuel, cet homme n'a donc jamais de repos. Que se passe-t-il dans son esprit ? C'est un truc que j'aimerais bien savoir, je pourrais débourser des millions pour connaitre les sombres pensées de cet homme mystérieux. Mais qui finalement n'est peut-être plus si mystérieux que ça. Antonio Rodriguez... Voilà donc son vrai nom. Sa confession m'a surprise mais aussi énormément émue, c'est une preuve de confiance mais cela montre aussi qu'un réel lien s'est créé entre nous pour qu'il ressente le besoin de me dire son vrai nom avant de mourir. Cela le rend plus humain, j'ai l'impression de me rapprocher de plus en plus de l'être fragile qu'il essaye de cacher derrière des murs de béton et je me dis que je finirais peut-être pas le comprendre un jour. Je passe la main dans ses cheveux bruns et les traits de son visage s'apaisent immédiatement alors je continue mon geste machinalement dans l'espoir que ça l'aide à gagner un peu de répit. Je jette un coup d'œil dehors, la nuit commence à tomber et je me demande comment va se passer la nuit. Mais alors que je réfléchi à comment fabriquer une arme avec un pauvre caillou et un bout de bâton, Antonio remue sur mes genoux.

_ Hmm... qu'est... ce qui s'est... passé murmure-t-il en ouvrant un œil.

_ Tu t'es évanoui pendant que j'essayais de refermer la blessure sur ton bras.

Il lance un regard rapide à la plaie qui a une sale tronche mais a l'air satisfait de ce que j'ai fait.

_ Parfait, on va pouvoir reprendre la route alors si ça ne saigne plus.

Il tente de se relever mais manque de tourner de l'œil à nouveau et je maintiens son torse contre moi.

_ Doucement, tu ne m'as pas l'air en état de faire quoi que ce soit en ce moment. En plus il commence à faire nuit, on risquerait de se perdre.

_ Je suis blessé, pas mourant Elina ne t'inquiètes pas. On a plus de chances de s'en sortir si on voyage de nuit, ils auront d'avantage de mal à nous voir dans le noir.

Je ne cherche pas à répondre, dans tous les cas c'est une véritable tête de nul et il ne changera pas d'avis. D'autant plus que pour son égo, il déteste se sentir en position de faiblesse et a besoin de toujours prouver qu'il est solide comme un roc. Pourquoi ne se repose-t-il donc jamais ? Pourquoi a-t-il l'impression de devoir être solide pour tout le monde en toute circonstance ? Lui aussi devrait pouvoir se reposer sur les autres, cela ne rendra pas plus vulnérable, au contraire, l'union fait la force.

Je l'aide discrètement à se relever, le maintenant par les hanches et nous attendons quelques minutes que sa tête arrête de tourner, avec tout le sang qu'il a perdu sa tension doit être très basse. Il fini par reprendre des couleurs et me sourit gentiment.

_ Merci, après avoir fait le tour du village tout à l'heure, je pense avoir une idée d'où nous sommes, on doit pouvoir rejoindre le point de rendez vous en moins d'une heure si tout se passe bien. Est-ce que ta cheville va tenir le coup ?

Ma cheville, je l'avais oubliée, trop concentrée sur sa blessure à lui. Elle me fait toujours mal mais je vais devoir faire abstraction et continuer d'avancer, après tout je ne suis pas la plus à plaindre actuellement.

_ Ça va, je vais y arriver.

Il n'a pas l'air de me croire mais il sait aussi bien que moi que nous n'avons pas d'autres choix alors il n'ajoute rien. Il attrape le bâton qui me faisait de l'œil quand je pensais pouvoir inventer une arme digne de MacGyver et me le tend pour que je me puisse avoir un appui sur le trajet. Nous sortons donc de notre cachette et en entamons la suite de notre voyage et si la situation n'était pas aussi catastrophique, j'aurais envie de rire. Nous ne ressemblons à rien tous les deux estropiés, on pourrait penser que notre duo est un sketch dans un autre contexte. Mais nous avançons tant mieux que mal et arrivons en effet assez rapidement au point de rendez vous. 3 hommes nous attendent près d'un gros 4x4 et je me jette sur la banquette arrière, heureuse de pouvoir enfin faire une pause sur ma cheville. Antonio leur raconte nos mésaventures et il envoie des hommes surveiller les environs, à la recherche du moindre ennemi. Je me dis que nous en avons enfin fini, qu'il va arrêter là sa vendeta mais ce serait trop beau pour être vrai. Il attrape des armes dans le coffre de la voiture et commence déjà à se préparer pour l'attaque suivante.

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