MEXICO

26. Bailamos !

Les jours qui suivirent les aveux de Rodriguez défilèrent à une vitesse fulgurante. Emilio avait du trouver en moi une partenaire de jeu idéale parce qu'il ne m'a pas lâchée d'une semelle, me proposant des centaines de jeux et courant dans tous les sens comme une pile électrique. Cet enfant est véritablement adorable et sa joie est contagieuse, je ne me lasse pas de jouer avec lui. Il est aussi très touchant, son cœur déborde d'amour pour la nature qui l'entoure et pour ses proches. Quand on voit un être si pure on se demande quelle malédiction il a reçu pour naitre au milieu des enfers. Parce que pour le moment, on le protège encore des cartels mais il finira par y être mêlé d'une façon ou d'une autre et qu'il le veuille ou non. Après tout, il a déjà perdu sa mère et vu son père partir à cause de cet enfer.

Rodriguez lui, a été très peu présent, s'en allant à droite à gauche pour régler des affaires toutes les cinq minutes. Je ne saurais dire si c'est vrai ou si ce ne sont que des excuses pour éviter de faire face à son fils. Pour autant, il faut tout de même reconnaitre qu'il a quand même fait l'effort de passer un minimum de temps avec lui. Je l'ai trouvé plus d'une fois dans sa chambre le soir entrain de lui raconter une histoire sans queue ni tête, ou dans le jardin à courir derrière un ballon comme s'ils jouaient la coupe du monde. S'il n'en avait vraiment rien à faire de cet enfant il ne se donnerait pas cette peine. Il faut juste qu'il apprenne à panser ses plaies du passé et vivre avec. Julia avait en tout cas l'air ravie de ce revirement de situation, elle m'a expliqué que depuis la mort de Tania, elle se battait d'arrache pied pour essayer de réconcilier Rodriguez et Emilio, en vain, et que de les voir ainsi lui mettait du baume au cœur. De ce que j'ai cru comprendre, elle n'était pas particulièrement proche de sa sœur, elles avaient choisi d'après Julia, « des chemins de vie différents ». Je ne sais pas ce que cela signifie réellement, tout le monde parle à demi mot quand il s'agit de Tania, c'est un sujet tabou dans cette maison et les quelques informations que je grappille par ci par là sont assez floues. Mais je ne désespère pas, je finirai bien par percer ce mystère à jour, il est temps d'exorciser les fantômes du passé qui nous hantent.

C'est avec une joie que je ne vois que très rarement chez Rodriguez, qu'il fait irruption dans le salon où je regardais un dessin animé avec Emilio avant d'aller au lit. Le petit qui s'était installé entre mes bras et allongé sur mes cuisses, sursaute face à tout ce vacarme mais se réinstalle confortablement quand il voit qu'il ne s'agit que de son père.

_ Habille toi Elina, nous sortons ! S'exclame-t-il, fier de lui.

_ Mais que me vaut tant de joie ? Aurais-tu enfin sombré dans la folie ?

_ Attention à tes fesses princesa, je suis peut-être de bonne humeur mais je peux rapidement redevenir méchant si c'est ce que tu souhaites. Je n'aurais aucun souci à te botter le cul pour te remettre les idées en place.

Je lève les mains au ciel en signe de paix préférant nettement le Rodriguez de bonne humeur à celui grincheux.

_ Bien alors qu'avons-nous à fêter ?

_ Une bonne nouvelle répond-il simplement en haussant les épaules.

Je vois... il ne compte donc pas me donner une réponse claire, cet homme va finir par me rendre complètement chèvre.

_ Qu'est ce que je dois porter ?

_ Pas besoin de te prendre la tête comme avec l'autre con de James, quelque chose de simple suffira amplement. Demande à Julia, je suis sur qu'elle aura quelque chose pour toi dans ses placards.

_ D'accord. Emilio est-ce que tu peux te lever s'il te plait ? Demandai-je au petit sur mes genoux, mais je n'eu aucune réponse.

En jetant un coup d'œil au dessus de son épaule, je remarque que son souffle est lent et régulier, les yeux fermés, il s'est endormi.