MEXICO

24. Rodriguez

Au fur et à mesure que le paysage défile à travers la vitre de la bagnole, je me sens de plus en plus chez moi. Quelle idée à la con d'avoir voulu récupérer le Mexique, on est jamais mieux que chez soi. Mais pour survivre dans ce monde d'enculé il faut savoir voir grand, il ne faut jamais s'arrêter sinon quelqu'un d'autre le fera à ta place et il te niquera. Je jette un rapide coup d'œil à Elina à coté de moi et j'ai toujours l'impression qu'on me donne un coup à l'estomac quand je la vois observer le monde qui l'entoure avec ses grands yeux émerveillés. Foutue française... elle bouleverse un peu trop mes habitudes, moi qui avait fait en sorte de ne plus rien ressentir du tout depuis des années. Je détourne alors rapidement mon regard et me concentre sur la route, faisant taire la guerre qui se passe à l'intérieur de moi. Le trajet jusqu'à la maison passe un peu trop rapidement à mon gout et j'ai les moins moites en sortant de la voiture. Ce n'est pas mon genre d'être nerveux, d'autant plus que je ne suis pas dans l'inconnu, je rentre simplement chez moi. Pourtant j'appréhende la suite.

Je me tourne vers Elina qui est fascinée par la grande bâtisse qui nous fait face et je me demande encore ce qui m'a pris de l'amener, elle aurait très bien pu rester au Mexique. Mais la connaissant elle aurait tout fait pour me casser les couilles, elles auraient estropié la moitié de mes hommes, aurait tenté de s'enfuir 15 fois et se seraient entretué avec Santi. Quoi que la dernière partie aurait été bien drôle, leur petite guéguerre à la con me fait bien rire, elle n'a pas sa langue dans sa poche cette petite peste et arrive à déstabiliser ce bon vieux Santi. Au moins ça lui fait les pieds, il s'est relâché ce con depuis quelques temps, je le trouve différent et ce n'est franchement pas le bon moment pour se ramollir. Mais malgré tout cela, avoir amenée Elina avec moi est peut-être la pire idée du siècle, c'est lui laissée une porte entrouverte vers une partie de moi que j'ai fait disparaitre il y a bien longtemps et vu la curiosité qu'elle a, elle risque de l'enfoncer et s'y engouffrer sans aucune douceur.

Je prends une grande inspiration et me dirige d'un pas déterminé vers la porte d'entrée. Il s'agit d'une grande maison dans un vieux style victorien avec un porche et des colonnes en marbre. J'essaye de ne pas m'attarder sur cela, enfouissant la foule de souvenirs qui essaye de m'assaillir et j'entre sans m'attarder sur le porche comme le fait Elina. J'entends le bruit des employés qui se pressent dans l'ensemble de la maison pour que tout soit parfait mais aucun d'eux ne prend le risque de se présenter devant moi. En même temps, je dois dire que la dernière fois que je suis venu ici j'ai peut-être failli tuer tout le monde. Mais ce n'est qu'un détail parmi tant d'autres.

Je me dirige vers le salon et je constate avec surprise que l'autre connasse de Julia est assise dans l'un des grands canapés blancs, un verre de scotch dans la main.

_ Tiens, tiens, tiens mais ne serait-ce pas le grand méchant loup s'exclame-t-elle d'un air sarcastique en avalant une gorgée.

_ Mais ne serait ce pas là la plus grosse connasse du pays répliquais-je sur le même ton.

_ L'air mexicain ne t'a donc pas changé un tant soit peu. Et que nous vaut l'honneur de ta visite ? Me crache-t-elle, cachant très mal son irritation face à ma venue. Toute la petite maison s'agite dans tous les sens pour toi, ça me fait bien rire, ça fait bien longtemps que tu n'aies plus l'homme de cette maison.

Mais avant que je n'ai le temps de lui sauter à la gorge, ne supportant déjà plus sa gueule au bout d'une minute, Elina rentre dans la pièce, détournant toute l'attention sur elle.

_ Ah mais tu nous as en plus ramené un petit cadeau mexicain, trop aimable de ta part ! Dit-elle dédaigneusement en scrutant Elina sous tous les angles.

Ma petite française est soudainement bien mal à l'aise sous le regard inquisiteur de Julia et je ne peux m'empêcher de me placer devant elle pour la protéger du venin de cette vipère.