37. Pourquoi ?

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Le temps me parait comme ralenti, le chaos autour de moi me semble flou et c'est à peine si j'y fais attention. La seule chose qui retient mon attention c'est l'homme qui pointe son arme sur ma tempe. Face à l'ironie de la situation, j'aurais presque envie de rire. Nous pensions en avoir enfin fini avec la mort de Pablo, que la vie pourrait reprendre son cours mais me revoilà à la case départ.

_ Depuis combien de temps prépares-tu ton coup ? Demandais-je amèrement.

_ Depuis longtemps ma jolie, depuis longtemps mais à chaque fois que j'ai tenté de me débarrasser de toi, tu t'en es toujours sortie in extremis. Je dois au moins admettre que tu avais une volonté de survivre qui dépasse l'entendement.

Cette fois je ne retiens pas le rire sarcastique qui s'échappe de ma gorge et si je n'étais pas dans la ligne de mire de son arme, je lui aurais surement craché toute ma haine à la figure.

_ C'est vraiment trop bon de ta part rétorquais-je théâtralement, néanmoins je pense que ta formation est à revoir si tu n'es pas capable de tuer du premier coup une gamine comme moi.

_ Ne te donne pas tant d'importance Elina, tu te doutes qu'il fallait que ça passe pour un accident ou un coup de Pablo si je ne voulais pas qu'on se doute de mon implication.

_ Tu es donc lâche en plus d'inefficace, dis donc ce sont vraiment des qualités en or que tu as là Santiago.

Le regard noir de haine qu'il me lance me souffle de retenir ma langue bien pendue mais foutu pour foutu, autant dire les choses telles qu'elles sont avant d'y passer. Néanmoins, l'ego mal placé de Santi me sauve sur ce coup là puisqu'au lieu de tirer, il rit et tente de justifier son incapacité.

_ Parce que tu penses que tu auras pu m'échapper si tu n'avais pas eu Rodriguez pour te sauver le cul h24 ? Sans lui tu serais morte depuis longtemps. Il t'a protégé sans relache, de jour comme de nuit, même à distance il prenait des mesures pour que quelqu'un garde toujours un œil sur toi. Si je t'avais tuée sous ma garde, tous les soupçons auraient pesé sur moi, je ne pouvais pas me le permettre alors il a fallu attendre le moment parfait. J'ai essayé une première fois quand tu as tenté de t'enfuir à travers les bois de nuit. C'était complètement stupide de ta part mais une opportunité en or pour moi. Bien entendu, il a fallu que cet abruti te court au cul et te rattrape avant que mes hommes aient pu te faire la peau. J'ai donc rongé mon frein patiemment, tu finirais bien par te mettre à nouveau dans la merde, tu as un don pour attirer les problèmes et ce moment est venu. Nous avons fait une descente chez Pablo pour 2 connards qui n'intéressaient personne. Tu n'as pas idée à quel point je t'ai haï à ce moment là mais aussi à quel point j'en ai voulu à Rodriguez de ne penser qu'avec sa queue parce qu'il n'a fait cela que pour tes beaux yeux. T'abattre sur le champ de bataille était l'occasion parfaite mais il a fallu que Samuel se mette en travers de mon chemin et que ce soit lui qui soit touché. Sans le savoir cet abruti t'a sauvé la vie et a failli y laisser la sienne. La mort te suit comme la peste partout où tu vas, tellement de personnes sont mortes simplement à cause de ta présence dans cette putain de ville.

A l'évocation de ces souvenirs, une larme coule sur ma joue parce qu'au fond il n'a pas tord. Depuis que je suis arrivée au Mexique, la mort me colle à la peau, tous ceux qui ont eu le malheur de m'approcher y ont laissé des plumes. Mais savoir que si Samuel a failli mourir à cause de Santiago me tord le ventre de rage.

_ Tu n'es qu'un enfoiré murmurais-je entre mes dents

_ Non, j'étais simplement la seule personne encore lucide pour voir le monstre que tu étais derrières tous tes charmes. Parce qu'elle est là la vérité, tu ne vaux pas mieux que nous, tu es même pire que nous sous tes faux airs de sainte nitouche. Et face à tout ce sang coulé pour rien, j'ai vu rouge et j'étais prêt à prendre des mesures drastiques s'il le fallait. Alors j'ai formé une alliance qui jusqu'ici ne me serait jamais venue à l'esprit mais j'ai aidé Luis à échapper à la surveillance de Rodriguez et à rentrer dans la maison. Je me doutais que Julia risquerait d'être un dommage collatéral mais c'était un mal pour un bien et puis honnêtement, je n'ai jamais pu la piffrer cette connasse alors elle n'allait pas manquer à grand monde. Quand il m'a dit qu'il avait échoué et qu'en plus tu avais fait de sa cuisse de la charpie avant que Rodriguez ne le fasse pister dans tout le pays, c'en était trop pour moi.

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