1. Embarquement imminent

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Voilà plusieurs mois que je prépare ce voyage au Mexique et c'est enfin le jour J ! Mon réveil affiche 3h du matin, je suis épuisée et pourtant je trépigne d'impatience. Ma valise est prête, tout mes papiers sont dans mon sac à main, il ne me reste plus qu'à me rendre à l'aéroport rejoindre ceux avec qui je pars. Nous sommes une dizaine de jeunes à partir, accompagnés des deux anims censés nous driver pour une durée de deux mois. Je dois avouer que je ne suis pas réjouie par certaines des personnes avec qui je pars car je suis accompagnée de mon ex, Nate, avec qui j'avais planifiée ce voyage comme un séjour "en amoureux", mon ex-meilleure amie, Andrea, avec qui je me faisais une joie de me faire tout un tas de souvenir, et d'anciens amis avec qui je n'ai plus d'atomes crochus. Ca peut paraitre illogique de prévoir un voyage avec ces personnes si nous ne nous entendons plus mais il y a encore moins d'un mois je sortais toujours avec Nate et ce depuis le début du lycée, Andrea était ma meilleure amie depuis la primaire et nous formions un groupe avec Matt, Julie et Marie. Il y a des jours où je me demande encore comment nous avons fait pour en arriver là... c'est à cela que nous voyons toute la cruauté de la vie. Nous pensons que tout va pour le mieux, que nous vivons notre meilleure vie et du jour au lendemain tout s'écroule. Quand je suis tombée sur Nate et Andrea s'embrassant dans une ruelle alors que nous fêtions la réussite de notre deuxième année de fac, j'ai cru que ce n'était qu'un mauvais rêve. Mais quand ils m'ont annoncé que ça faisait plusieurs semaines qu'ils se voyaient dans mon dos j'ai senti mon cœur se fendre en deux. Comment ont-il pu me faire ça ? Pire encore, comment ont-ils pu me l'annoncer comme si c'était tout à fait normal ? Cela a été un choc violent, surtout quand Matt, Julie et Marie se sont rangés de leur côté. A tel point que j'ai même hésité à me retirer du voyage car l'ambiance risquait d'être tendue. Mais après mûre réflexion je me suis rendue compte que ce n'était pas à moi d'avoir honte et encore moins de me priver de me faire plaisir puisque c'est eux qui m'ont trahie. Alors je prends mon courage à deux mains et sors de mon lit, prête à affronter cette nouvelle aventure pleine de surprises.

En ce mois de juin il ne fait pas encore très chaud en France, surtout à cette heure là mais puisque nous allons passer le plus clair de notre temps dans un avion puis atterrir dans un pays où il fait plus de 30°, je décide d'enfiler un débardeur léger avec un pantalon souple et pas trop chaud. Je passe un sweat ample pour rejoindre l'aéroport sans mourir de froid et descends mes affaires dans le hall d'entrée. Je m'arrête devant le miroir du couloir pour inspecter mon reflet. En me détaillant du regard, je me dis que j'aurais pu faire un effort vestimentaire, je ne ressemble à rien vêtue ainsi mais je n'ai jamais été vraiment du genre à m'attarder sur mon apparence. J'attache mes longues boucles rousses en un chignon rapide qui n'arrange en rien mon style et cache mes yeux verts derrière une paire de lunette de soleil, mon accessoire indispensable si je ne veux pas être complètement aveugle avant la fin de mon voyage. Je finis par rejoindre mon père, épuisé, dans la cuisine qui boit un café pour rester éveiller durant le trajet.

_ Pas trop dur le réveil ? Lui demandais-je en m'asseyant face à lui.

Il grogne une réponse que je ne comprends pas, signe de son mécontentement. Comme moi, il n'a jamais été un gros lève tôt et si la caféine n'avait pas été inventée, il n'aurait jamais pu survivre.

_ En tout cas tu me revaudras ça rétorque-t-il.

Je ris et viens l'embrasser sur la joue. Malgré ses 50 ans passés, mon père est encore un ado dans sa tête et notre relation a toujours d'avantage ressemblé à deux amis plus qu'à une relation père-fille

_Promis. Aller viens on y va car s'il y a du monde sur la route je ne serais jamais à l'heure.

Il finit son café d'une traite et nous embarquons en voiture pour un trajet qui me parait interminable avec ses innombrables discours moralisateurs sur le bon comportement à adopter, les précautions à prendre et la sécurité à ne jamais oublier. Pire qu'une mère poule... Mais son inquiétude est sa façon à lui de me montrer qu'il m'aime et que je vais lui manquer puisqu'il n'est pas du genre à mettre des mots sur ses émotions. Nous avons toujours été très proche mon père et moi, nous rions de tout et ne manquons pas une occasion de faire des pitreries mais nous ne sommes pas douer pour exprimer clairement nos sentiments. D'ailleurs physiquement aussi nous nous ressemblons malgré ses cheveux grisonnant et ses quelques rides. C'est d'ailleurs de lui que je tiens mes yeux verts. Ce qui est tout le contraire de ma mère qui est blonde aux yeux bleus, très grande, alors que je suis plutôt petite et surtout très strict, toujours tirée à quatre épingles et qui prend tout au sérieux. Si elle avait vu ma tenue avant de partir ce matin, elle aurait surement fait une syncope et m'aurait sermonné sur les apparences à maintenir en toutes circonstances jusqu'à ce que j'accepte de me changer. Et malheureusement pour moi il a fallu que ma grande soeur ait le même tempérament que notre mère, en plus de lui ressembler comme deux gouttes d'eau. Cette totale opposition rend difficile les relations entre nous quatre par moment et je suis en un sens soulagée de pouvoir m'éloigner quelques temps de la perfection incarnée que semblent représenter ma mère et ma sœur. Quand j'y pense je me demande vraiment comment deux personnes que tout oppose font pour s'aimer et vivre ensemble. Mon père est encore un grand enfant, joueur et ne prend rien au sérieux là où ma mère a des règles pour tout, a besoin de toujours tout organiser, contrôler et ne se lâche jamais. Serais-je prête à abandonner tout ce que je suis pour un homme aussi important soit-il ? Je ne pense pas...

MEXICOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant