19. Rodriguez (1)

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_ Fait chier ! Hurlais-je en fracassant le verre qui se trouvait sur mon bureau contre le mur.

J'ai la rage et le seul moyen de me contenir un minimum est de m'énerver sur le mobilier de ce bureau de merde. J'attrape un autre verre et il rejoint rapidement au sol les fragments éparpillés de son prédécesseur. J'ai le cerveau qui carbure à deux mille, retournant dans tous les sens la situation, à m'en faire mal au crâne et je ne saurais même pas dire pourquoi je suis autant en rogne. Je veux me convaincre que c'est à cause de cette tête de mule d'Elina qui met en danger mon deal mais au fond de moi, je sais très bien qu'il s'agit plutôt du deal en lui-même. Elina n'est pas une de mes préoccupations premières, je dirais même que je n'en ai rien à foutre, mais je connais suffisamment James et ses délires pour m'inquiéter un minimum pour elle et cette soirée. Je ne me suis pas fais chier à la garder en vie depuis le début pour qu'elle finisse entre les griffes de ce connard d'américain. Tandis que je rumine tel un lion en cage, c'est sans surprise que Santi rentre dans la pièce.

_ J'en déduis que les choses ne se sont pas passées comme prévu me dit-il en s'installant dans le canapé.

_ Continue comme ça et bientôt tu seras médium ! Répondis-je sarcastiquement.

Il souffle, ennuyé par mon humeur de chien mais s'il n'est pas content, il n'a qu'à se barrer, je ne lui ai rien demandé.

_ Qu'est-ce qui s'est passé ?

_ James a encore trouvé le moyen de me péter les couilles.

_ Ah qu'est ce qu'il t'a demandé cette fois ? Un dauphin rose ? Un aéroport à son nom ? Demanda-t-il, amusé.

_ Une soirée avec Elina.

Santi ravale son sourire et un blanc s'installe dans la pièce. Il connaît James tout aussi bien que moi et il sait que ce n'est pas un homme de confiance. Son corps s'est crispé, il a le regard perdu dans le vide et je sais très bien à quoi il est entrain de penser. Le pourcentage de chance que les choses dérapent et que James s'en prennent à Elina est énorme.

Je ne lâche pas Santi du regard, essayant de deviner ses pensées, son état d'esprit par rapport à la situation et il fini par retrouver la parole.

_ Tu as dis non.

Ce n'est ni une question, ni une affirmation mais plutôt une sorte d'espoir. Il me fixe intensément, me sonde à la recherche de sa réponse et je sais d'avance qu'elle ne va pas lui plaire.

_ Putain dis moi que tu te fous de ma gueule... me murmure-t-il, horrifié, quand il comprend que j'ai accepté la proposition de James.

Je lui confirme ses soupçons en secouant négativement la tête et la colère s'empare de lui.

_ Tu ne peux pas laisser faire ça me hurle-t-il, dorénavant hors de lui.

_ Je n'ai pas le choix et tu le sais aussi bien que moi répondis-je, de plus en plus agacé par sa façon de m'agresser, comme si j'y étais pour quelque chose dans cette putain d'histoire.

Santi se lève comme une furie du canapé et arpente de long en large le bureau, en criant toutes les insultes qui lui viennent par la tête. Je vois bien qu'il tente de trouver une solution, une alternative et j'ai envie de lui hurler que c'est peine perdue et qu'il ferait mieux de poser son cul dans le canapé, plutôt que de se prendre la tête. Mais je ne dis rien. Je le laisse faire son cirque si ça lui permet d'évacuer sa haine.

_ Il y a forcément une autre solution ! déclare-t-il, l'air déterminé.

_ Non et tu le sais aussi bien que moi. Et puis depuis quand en as-tu quelque chose à foutre du sort d'Elina ? La petite française aurait-elle su faire chavirer ton cœur rétorquais-je en ricanant.

MEXICOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant