12. Remise en question

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J'ai le souffle court, mon cœur bat la chamade et mes jambes peinent à me porter. Pourtant je sais que je ferais mieux de repartir maintenant mais mon corps en ait incapable. J'entends ses cris derrière moi et je sais qu'il se rapproche méchamment, je me crie mentalement de me mettre à courir mais rien ne se passe. Puis le premier coup tombe et mon corps flanche, je m'étale au sol, soufflant comme un bœuf.

_ Pitié... murmurais-je d'une voix saccadée.

Mais rien n'y fait, le deuxième coup tombe.

_ Alors c'est ça ta technique de défense ? Supplier ? Chialer comme une merde dans l'espoir que je compassionne ? Tu n'as donc vraiment rien compris crie-t-il avant de m'envoyer un autre coup. Debout !

Je tente de toutes mes forces de me relever mais sans résultats. Je le sens bouillonner à côté de moi et me prépare pour le coup suivant.

_ Je suis à bout de force lui hurlais-je à mon tour ! Que veux-tu que je fasse merde ? Me tuer à la tâche ?

Il arme le bras mais stop son geste à la dernière minute.

_ Je ne sais même pas pourquoi je perds mon temps avec toi. Si ça ne tenait qu'à moi je te buterai maintenant pour en finir avec tout ça crache-t-il avant de faire demi-tour et de quitter la pièce.

Je regarde Valerio s'éloigner rapidement et quand la porte de sortie claque, je peux enfin souffler et m'allonger sur le sol. Voilà une semaine que j'ai commencé son entrainement intensif mais je dirais plutôt qu'il tente de me tuer à la tâche. Pourtant je tente de faire de mon mieux, sachant que mon destin en dépend, mais c'est loin d'être suffisant pour lui apparemment. Je fini par prendre mon courage à deux mains et me relever, étirant mon corps courbaturé. Je commence à avoir l'habitude des crises de nerf de Valerio et je sais qu'il ne va pas tarder à revenir alors je reprends l'exercice qu'on faisait et me remet au travail. Sans grande surprise, Valerio réapparait quelques minutes plus tard et reprend son rôle de tyran.

_ Mais qu'est ce que tu fous putain ! C'est mou tout ça allez remue toi un peu merde ! Crie-t-il en me regardant d'un œil acerbe.

Je boue littéralement à l'intérieur, mourant d'envie de lui hurler de bouger son gros cul si c'est facile que ça mais je me tais et mets toute ma rage dans l'exercice. Je suis censée courir sur une courte distance puis enchainer pompe, squat, fente et ainsi de suite. J'essaye de tout donner, de dépasser mes limites, mais l'acide lactique qui me brule les jambes me donne envie de tout arrêter.

_ Ca suffit t'es vraiment bonne à rien aujourd'hui, on passe à autre chose déclare Valerio, visiblement excédé par ma faible résistance physique. On va voir si tu t'en sors mieux avec un flingue.

Je reprends du mieux que je peux mon souffle, avale une grande gorgée d'eau et le suit vers les stands de tir. La première fois que j'y suis allée j'ai été étonnée de voir qu'il s'agissait d'une sorte d'immense cage vitrée dans laquelle était installé le stand de tir. Ca m'avait paru idiot mais j'avais vite fini par comprendre que c'était plus une mesure de sécurité autre chose. Cela évite que le tireur tire par « accident » sur quelqu'un d'autre et par conséquent ici, que je finisse par abattre Valerio quand il me criera une énième fois que ce que je fais est nul. C'est à ce genre de précaution qu'on se rend compte de la menace constante qui doit peser autour de Rodriguez. Je suis sure que malgré la fidélité de ses hommes, il y en a au moins un ici qui rêve de le tuer pour prendre sa place et quoi de mieux qu'un « accident » au stand de tir. Et même si ça me tue de l'avouer, j'ai de la peine pour lui. Etre obliger d'être toujours sur ses gardes, ne pouvoir faire confiance à personne, toujours garder un coup s'avance sur ses ennemis, cela doit être épuisant à longueur de temps, ce n'est pas une vie... Je repense alors à ce que m'avait dit Santiago, personne ici n'a vraiment choisi de vivre cette vie et cela, malgré les apparences, inclut Rodriguez. Valerio fini par me tirer de mes pensées en hurlant que je n'écoute rien de ce qu'il me dit, je tente de me reconnecter, et rentre dans cette bulle qui me coupe du monde extérieur. Vu l'épaisseur des vitres, je n'entends strictement rien de ce qu'il se passe dehors et cela pourrait être apaisant mais malheureusement, les hauts parleurs intégrés accentuent les cris stridents de Valerio. Je m'avance vers l'arme qui m'attend impatiemment et la détaille sous toutes ses coutures. En une semaine j'ai eu le temps de me familiariser avec et si au début elle me rebutait, aujourd'hui elle m'indiffère presque. Je continue de frissonner lorsque j'appuie sur la détente et que le coup résonne mais mes mains ont arrêté de trembler à son contact. Je sors de mes pensées, attrape l'arme et la charge avant de placer une feuille de tir devant la cible. Je me place devant, tente de me concentrer, tends l'arme devant moi et la pointe face à la cible en forme de buste.

MEXICOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant