10. Abandonner ou se battre

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La douleur. Comment la défini-t-on ? Je n'en ai plus la moindre idée... Je crois avoir atteint un stade où la douleur m'a tellement anéantie que je ne la ressens même plus, je suis vide à l'intérieur et je regarde ce qu'il se passe de l'extérieur. De temps en temps, je reviens vaguement à la réalité, assaillie par une blessure lancinante, puis je ressombre dans le néant. J'ai les yeux secs tellement j'ai pleuré, ma gorge me brule à avoir trop crié et mon esprit a été totalement brisé par cette torture physique et mental. J'ai d'abord cru qu'ils allaient en finir et me tuer et il aurait d'ailleurs mieux valu pour moi. A la place ils viennent me torturer plusieurs fois par jours, dès qu'ils s'ennuient et je prie pour que ça se finisse le plus tôt possible. Au début ils ont commencé par tester mes limites mais au fur et à mesure, ce fut de plus en plus douloureux et ils aiment ça, me voir hurler, pleurer, me débattre alors ils vont toujours plus loin quand je ne réagis plus. J'ai aussi abandonné l'idée que quelqu'un viendrait me sauver de là un jour, je vais crever dans ce sous sol et personne ne le saura jamais.

Des pas retentissent dans le couloir et Marco apparait devant moi. Sa trahison m'a d'abord beaucoup blessée, affectée mais j'ai fini par accepter le fait que nous ne nous connaissions ni d'Eve ni d'Adam et que tout est ma faute. J'ai été assez conne pour faire confiance à un inconnu et voilà où ça m'a menée. Il me regarde toujours avec un air triomphant quand il rentre dans la pièce et c'est le seul à éveiller encore un soupçon de réaction en moi, à me faire revenir parmi les vivants tellement ma haine est forte à son égard.

_ Comment vas-tu aujourd'hui ? Me demande-t-il en s'approchant.

Je ne réponds rien, je ne lui fais pas ce plaisir.

_ Tu étais plus bavarde autour d'un verre hein souffle-t-il, ennuyé par mon manque de réponse.

Son commentaire me pique à vif et j'aimerais lui répondre de façon cinglante mais je me retiens. Ce serait lui montré qu'il arrive encore à m'atteindre et il en est hors de question. A la place, je lui pose cette question qui me tourmente l'esprit depuis le début.

_ Pourquoi moi ? Bafouillais-je difficilement avec ma lèvre enflée à cause des coups de la veille.

_ Bonne question dit-il en riant comme si ma question était la vanne du siècle. De base ce n'était pas contre toi tu sais. La première fois que je t'ai parlée, tu m'intéressais vraiment. Mais il a fallu que tu mettes ton nez dans des affaires qui ne te concernaient absolument pas, et du coup nous voilà là... Les choses auraient pu aussi beaucoup mieux passées pour toi, si tu t'étais laissée attraper dès le début. Pablo aurait abrégé tes souffrances rapidement, d'une simple balle dans la tête. Mais il a fallu que tu tentes de sauver ta peau, en même temps ça se comprend, l'esprit de survie l'emporte sur la raison la plupart du temps.

_ Vous êtes tous aussi malades les uns que les autres soufflais-je, plus pour moi qu'autre chose.

Ces gars sont complètement tordus, ils ne vivent pas dans le même monde que nous. Je suis sure qu'on pourrait faire de leur vie un film.

_ ça t'aide à mieux dormir la nuit ce ramassis de conneries que tu te répètes pour avoir bonne conscience ?

_ Tu as une grande gueule ma petite Elina, comment as-tu fait pour t'attribuer les bonnes graces de Rodriguez malgré cela ? Tu dois un sacré coup au lit.

_ Mais je n'ai rien à voir avec Rodriguez putain ! Criais-je, énervée par ce rapprochement entre moi et Rodriguez. Et je ne couche pas avec lui merde !

_ Farouche murmure-t-il avec un sourire carnassier qui me répugne. Que ça te plaise ou non et pour une raison qui reste inconnue, tu es la nouvelle distraction de Rodriguez alors aux yeux de tous tu es rattachée à lui.

MEXICOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant