13. Diversion

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Suite à ces événements, j'avais passé la nuit à cogiter. J'avais l'impression que mon cerveau était en ébullition tellement il tournait à plein régime. J'avais aussi pu constater que l'entaille de la lame de Rodriguez n'était qu'une légère coupure des plus superficielles, pourtant j'avais pesté toute la nuit contre lui pour cette coupure sans conséquences. Et alors que je ne trouvais pas le sommeil, je me suis levée de mon canapé miteux et ai couru sur le tapis de course, tentant d'évacuer ma rage. Malheureusement ceci eut tout l'effet inverse et ce fut lorsque je frappai dans un des sacs de sable suspendu au plafond que je me sentis soulagée. Alors j'enfilai des gants et enchainai les différents gestes que m'avait appris Valerio. Cet entraînement clandestin dura une bonne partie de la nuit puis épuisée mais soulagée, je repartis me coucher, l'esprit plus serein. En me réveillant ce matin là, mon corps n'était qu'un amas de courbatures mais psychologiquement, je me sentais bien.

C'est suite à cela que j'ai pris l'habitude de m'entrainer seule chaque nuit en plus de l'entrainement de Valerio et je dois dire qu'aujourd'hui je suis plus que ravie de mes progrès notoires. Mon corps est plus endurant, plus rapide et mes coups sont plus précis, plus forts. J'ai aussi pu constater des progrès en tir puisque la trajectoire de ma balle est devenue plus précise, elle se loge là où je le souhaite. Mais j'ai aussi remarqué que je prenais désormais un plaisir certain lors de ces entrainements, que lorsque je me bats contre Valerio, une partie au fond de moi hurle de joie, prête à en découdre. Je tente alors de faire taire cette infime partie de moi et me rappelle que si je fais tout ça, ce n'est pas par plaisir mais seulement pour survivre. Les jours se ressemblent et le fait d'être enfermée dans la salle d'entrainement ne m'aide pas à garder une notion du temps. Santiago passe tous les jours à l'heure des repas et nous avons pris l'habitude de discuter durant cette pause. Il me raconte des anecdotes de sa vie, de son ancienne vie aussi mais sans jamais en dire trop. Nous n'abordons pas le sujet de Rodriguez ni les affaires du gang et même s'il doit penser que j'aimerais lui tirer les vers du nez, je dois avouer que je préfère ne rien savoir, rester dans l'ignorance. Quoi qu'il en soit, je me suis habituée à cette routine, j'aurais presque pu oublier la dangerosité de ma situation si Valerio ne venait pas de rentrer comme un fou dans la salle d'entrainement.

_ Habille toi me hurle-t-il sans même me regarder et en se dirigeant d'un pas rapide vers l'armurerie au fond de la salle.

Je lui lance un regard noir, n'aimant pas être réveillée si violemment de si bon matin.

_ T'es pas obligé de crier aussi fort aussi tôt grognais-je en me frottant les yeux, m'asseyant lentement sur mon canapé.

_ Bouge toi le cul bordel de merde ! Crie-t-il de nouveau en revenant vers moi, armé jusqu'aux dents. Les gars de Pablo sont là.

L'info met plusieurs secondes avant de finalement monter jusqu'au cerveau et j'ai l'impression de me prendre un sceau d'eau glacée en pleine tête. Les hommes de Pablo sont là... ils sont venus me chercher... La panique commence à monter, mon corps tremble mais la gifle que m'assène Valerio me remet les idées en place.

_ Putain c'est absolument pas le moment de paniquer alors ressaisis-toi et habille toi !

Je réagis immédiatement et enfile les premières fringues qui me tombent sous la main sans même prendre le temps de regarder de quoi il s'agit. A peine ai-je enfilé mes chaussures qu'il me tend un flingue ainsi que deux chargeurs et un couteau. Je coince les chargeurs dans ma poche arrière et le couteau dans la poche de ma veste puis je suis Valerio jusqu'au rez de chaussé. Même de dos, je peux voir qu'il est tendu et cela ne me rassure pas du tout. Lorsque nous arrivons en haut, c'est l'effervescence, pourtant très peu d'hommes sont présents. Ils sont tous armés jusqu'aux dents et crient des ordres à tout va.

MEXICOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant