Chapitre 3

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Hugo fouina ses poches et en sortit finalement son portable. Il n'eut rien besoin de dire car je me doutais très bien de ce qu'il avait derrière la tête. J'avançais toujours à un rythme soutenu. Il m'attrapa l'épaule.

« On ne se défile pas, m'assura-t-il à mon grand regret. »

Il déverrouilla l'écran et chercha dans ses contacts. Ensuite, il cliqua sur mon prénom puis augmenta le volume, mis en haut parleur et nous collions nos oreilles au combiné. À la première sonnerie, j'avais la bouche sèche et les mains moites. À la seconde, je jetais un rapide regard vers Hugo qui fronçait les sourcils.

« Mec, ça ne va pas répondre, dis-je certains de moi »

Encore quelques sonneries retentirent. Mon meilleur ami doutait enfin. Or, on décrocha et un « allô » grave détonna. On sursauta comme deux débiles. L'homme à l'autre bout du fil répéta sa phrase. J'arrachais le téléphone des mains de Hugo, enlevais le haut parleur et bafouillais :

« Bonjour...

-Bonjour, j'imagine que vous êtes le propriétaire du portable ? »

Il avait sortit ça avec fermeté et assurance, ce qui me fit comprendre que sa question était une affirmation. J'inspirais difficilement, troublé par le ton de l'inconnu et déstabilisé par la situation.

« En effet. »

Que disait-on dans ce genre de cas ? Je fixais encore Hugo qui articulait je-ne-savais-quoi. On aurait dit qu'il faisait le pitre. Mes yeux s'amincirent au fur et à mesure que j'essayais de traduire les gesticulations de mon pote.

« Merci, réussis-je à lire, d'avoir trouvé ce portable. Serait-il possible que je le récupère ? »

Un rire venant de l'interlocuteur me perturba.

« Vous vous moquez de moi ?

-Ne demandez jamais la permission de récupérer votre objet. Il vous appartient. La personne est donc obligée de vous le rendre. Êtes-vous libre dans l'après-midi ?

-Oui ! Où nous rencontrons-nous ? »

Il m'indiqua alors une adresse d'un café en centre ville. Je lui demandais de me l'envoyer par message, ce qui lui provoqua gloussement. Comment pouvait-il me l'envoyer s'il n'avait pas mon code personnel ni même les coordonnées de mon meilleur ami ? Je me sentis idiot. L'inconnu se contenta d'attendre que je la note sur le portable de Hugo. Une fois l'appel fini, Hugo ébouriffa mes cheveux.

« T'en as de la chance mon pote !

-Tu m'accompagnes, on sait jamais à qui on à a faire. »

***

J'étais avec Hugo dans le café. J'attendais un homme avec une casquette. C'était le moyen pour qu'on le reconnaisse. Nous en avions aussi enfilées. La fin de l'hiver nous permettrait de repérer la bonne personne. La foule portait plus facilement des bonnets à cette époque. Je gigotais ma jambe, nerveusement, appuyé sur la table en bois et à peine assis sur ma chaise. Hugo tentait de me calmer. Il essayait de me changer les idées en me remémorant des souvenirs d'enfances. Il changea sa stratégie pour parler de sujets actuels. Mais rien n'y faisait, j'attendais désespérément cet inconnu. La serveuse nous apporta les commandes : un thé pour moi et une limonade pour mon camarade. Je fixais la porte et observais les allées et venues des individus. Un homme avec une casquette noire entra. Il parcourut la boutique du regard. Ce dernier s'arrêta sur nous. Je reconnus alors la carrure de l'homme et surtout, ses yeux bleus ciels. Je jurais intérieurement. Le flic de l'autre jour s'approchait de nous. Et s'il le faisait, c'était qu'il avait mon portable. Un flic. Avec mon portable. J'étais cuit. Il s'assit face à nous et tendit sa main. Hugo retira sa casquette et lui rendit sa poigne alors que je ne pus le faire, tétanisé par l'imagination débordante que j'avais à cet instant. D'un côté je me voyais déjà au poste d'ici cinq minutes, et je me ferai tuer par ma mère dans ce cas malgré son caractère tendre, de l'autre je me demandais ce que ça faisait d'embrasser ses lèvres charnues, d'être le centre de ses attentions, sous toutes les formes. Ce n'était pas le moment de paniquer et de tergiverser ! Hugo me tira de ma réflexion en me pinçant fort la cuisse. La main du flic était encore tendue vers moi. Je la saisis en tentant de me donner le plus de constance possible. J'enlevais finalement cette fichue casquette. L'homme face à nous fit de même et passa une main dans ses cheveux courts, un peu plus long sur le haut de son crâne. Quelques mèches ondulées retombèrent, d'ailleurs, sur son front après son mouvement. Il posa ensuite sa casquette et farfouilla dans son manteau. Il en sortit mon objet.

Mon policier énervant, perturbant mais particulièrement séduisant - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant