Chapitre 44

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Mes yeux ouverts, le corps enroulé dans les draps et collé à celui de mon compagnon, j'observais la fenêtre qui donnait sur un ciel bleu, sans nuages. Je ne pus m'empêcher de noter que nous avions oublié de fermer les volets. Passant ma langue sur mes lèvres, la bouche pâteuse, je ressentis le besoin d'aller fumer. Je me relevais légèrement, cherchant un moyen de m'extirper de la prise de Michael sur moi. Mon léger mouvement le réveilla pourtant, chose que j'appris quand ses bras se resserrèrent autour de moi. Je pinçais les lèvres, lui bredouillant une excuse pour l'avoir éveillé. Je me tournais légèrement dans ses bras, découvrant ses yeux à semi-ouverts, son visage détendu et son sourire penaud.

« Je vais fumer, lui appris-je. »

Au lieu de me laisser quitter le lit, il raffermit sa poigne sur moi tout en mêlant ses jambes aux miennes et en rapprochant nos deux corps. Je grognais contre lui, ce qui le fit relever ses sourcils.

« Tu vas me tuer par asphyxie ! Dramatisais-je alors. »

Une vibration se fit ressentir dans le torse de mon compagnon, qui se transforma en rire lorsqu'il passa ses lèvres.

« Tu n'exagères pas du tout les choses, se moqua-t-il. »

Je niais, tandis qu'il me fit rouler sur le dos afin de m'embrasser doucement.

« Ce n'est pas vraiment ton genre, poursuivit-il, toujours avec espièglerie. »

Je lui montrais toutes mes dents, tandis qu'il se positionnait entre mes jambes. Les bras sur mon torse, la tête légèrement relevée, il me jaugeais avec douceur même s'il conservait son air taquin. Je me redressais, de mon côté, légèrement pour avoir une vue sur son dos musclé. J'allais répliqué quelque chose lorsqu'une sonnerie retentit. Dans un soupir, il se redressa plus encore sur mon corps pour s'en décaler et saisir son objet. Son regard qui se vida soudainement de vie m'apprit que l'appel venait certainement de sa tante.

« Mauvais signe, dit-il »

En un mouvement fluide, il quitta le lit en dévoilant son corps nu et commença à faire les cents pas en décrochant.

***

« Alors ? M'intéressais-je après que Michael eut raccroché. »

Il resta un instant à fixer son téléphone, le visage vidé de toutes émotions. Je m'assis sur le lit, scrutant la moindre réaction de mon compagnon. Il se contenta de tourner sa face vers moi, ses yeux bleus semblant ternes.

« Ça commence à devenir insupportable, ils comptent augmenter les doses des produits, articula-t-il d'un ton plat. »

Il n'eut pas besoin de le dire mais je devinais aisément qu'ils allaient l'aider à partir. Cette information imprimée dans mon cerveau, je m'approchais alors de Michael pour offrir un soutient silencieux. Mes pieds nus touchèrent le sol froid, m'arrachant des frissons. Mes bras vinrent s'enrouler autour du corps de l'homme que j'aimais et je déposais un baiser dans son cou tout en me calant contre lui. Il fut réactif à mon toucher et y répondit rapidement.

« Ils en ont parlé à mon père avant, en expliquant la situation, me raconta Michael. Il a décidé de suivre l'avis des médecins. »

Son visage s'appuya sur le haut de mon crâne tandis qu'il soupira longuement, son souffle bougeant quelques unes de mes mèches blondes. On resta ainsi un long moment, accroché l'un à l'autre dans un silence lourd. Puis, je réussis à convaincre le brun de se reposer encore un peu. Il accepta, et somnola près d'une heure tandis que je m'occupais en jouant sur mon portable.

***

La tante de Michael avait débarqué chez Thomas, dans l'après-midi. Elle était assise dans le salon, un thé en main. Nous échangions sur cette boisson, avec Iris et elle, chacun ayant un argument sur les différents formats existant. De son côté, le brun était parti plus tôt avec son ami d'enfance chez son père. J'aurais voulu l'accompagné, mais étrangement il n'était pas réellement pour l'idée. De plus, le colosse châtain m'avait assuré que sa femme aurait besoin d'aide pour préparer des confiseries avec son enfant. J'avais donc passé du temps avec elle, non sans ruminer en pensées sur Michael qui m'avait mis de côté. La porte grinça alors qu'Iris racontait une anecdote. Nous nous tournâmes tous, découvrant les deux hommes dans l'entrée. Je notais directement les traits tendus de Michael ainsi que son air sombre. La rencontre avait dû être tendue.

« Tu reviens de chez ton père, hein ? questionna sa tante. »

Il hocha sa tête, quitta ses chaussures et son blouson avant de nous rejoindre. Il salua sa tante et se laissa tomber à mes côtés, en m'entourant de ses bras. Je me raidissais face à ce contact, à cause de l'agacement qui ne m'avait pas quitté.

« Et sa réaction ? s'enquit la femme.

-Infect, comme ma chère mère, rétorqua amèrement Michael. »

Sa tante eut un air compatissant. Je glissais un regard vers lui, ma raideur se transformant en soutient. Je m'appuyais plus encore sur lui, tout en cherchant le contact de sa peau fraîche. Je déposais un rapide baiser sur ses lèvres, devant tordre mon cou. Cela lui arracha un bref sourire. Puis, il balaya la pièce du regard avant de s'intéresser à ma tasse de thé, de s'en saisir et de la porter à ses lèvres. Il me questionna sur la variété, nous apprenant à tous qu'il avait envie de changer de conversation.

***

Plus tard dans la journée, nous nous promenions bras-dessus, bras-dessous dans la campagne environnante. Michael avait eu besoin de s'isoler de tout cela, m'emmenant avec lui. Il m'avait ainsi mener sur les chemins qu'il empruntait jadis pour faire du vélo, sortir ou retrouver ses copains secrets. Il me raconta quelques vieilles anecdotes, qui lui arrachèrent quelques rires et sourires. L'air frais ne cessait de frapper nos visages rougit. Alors que je balayais le paysage fait de champs, de forêts et de terre, j'osais enfin dire à Michael :

« Pourquoi tu me caches ? »

Ce dernier se stoppa net, me forçant à faire de même. Il fronça les sourcils, ne comprenant pas entièrement ce que j'entendais par là. J'expliquais :

« Tu refuses que je t'accompagne voir tes parents. Je peux le comprendre, mais je me demande si tu ne cherches pas à... me cacher ? »

Mes yeux plongés dans les siens, nos corps emmitouflés collés l'un à l'autre par le flanc et nous réchauffant par cette manière, Michael brisa tout cela. Il recula de quelques pas, comme cherchant à créer une distance pour réfléchir. Je ne sus pourquoi, je continuais d'une voix calme :

« Tu m'as un jour dit qu'il n'y avait aucune honte à se montrer, à se toucher en public.

-Joshua, me coupa-t-il. Je ne suis pas d'humeur pour tes reproches. »

J'arquais un sourcil, posant mes poings sur mes hanches.

« Ce n'est pas des reproches, affirmais-je tout en avouant, ça me fout quand même en rogne, ouai. Mais là, j'ai juste besoin de comprendre. »

Puis, je réduisis la distance avec le brun. Je n'aimais pas être loin de lui, je n'aimais pas la distance qu'il créait entre nous autant physique que mentale. Une chose me frappa alors : Michael m'exposait des faits sans jamais partager ses émotions. Il s'enfermait dans ses pensées, dans ses sensations. J'agrippais sa nuque, me mis sur la pointe des pieds et lui lançais avec toute la conviction que j'avais en moi et dont j'avais besoin qu'il saisisse :

« Je suis là pour toi.

-Je sais, répondit-il. C'est juste...

-Difficile ? »

Il opina. Mon souffle vint se briser sur son visage alors que ses mains vinrent saisir ma taille. Je redressais finalement le menton pour le gratifier d'un baiser. J'aurais voulu trouver des mots justes, mais j'en étais incapable puisque je n'avais jamais vécu cette situation. J'utilisais donc mon toucher, mes attentions et mes émotions pour tenter de le supporter.

« Je t'aime le vieux, soupirais-je après ce doux baiser.

-Je ne suis pas un ancêtre ! Rétorqua-t-il dans un rictus. »

Mon policier énervant, perturbant mais particulièrement séduisant - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant