Chapitre 4

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Le self était plein à craquer. Les garçons nous trouvèrent de la place, aux côtés de la reine du lycée et quelques une de ses copines. On débarquait à plusieurs, alors tout le monde se serra. L'un de nos camarades avait réussis à se péter le poignet en tentant de rattraper une balle de foot lors de son match. Il nous racontait cette histoire, exagérant la situation. Ça nous faisait rire. Hugo ne lésina pas en conneries tandis que Gabbin surenchérissait. Gaëlle roulait des yeux.

« Désolé princesse, murmurais-je vers elle, Gabbin est un vrai petit pervers quand il s'y met. C'est pas un mauvais choix en soi, juste il a ses défauts. »

Elle avala de travers, toussa et gloussa à la fois. La fille aux cheveux châtains me fit les gros yeux, rouge pivoine. Je ne pus étouffer mon rire. Elle était complètement cramée et le comprit. Elle m'asséna une tape sur l'épaule puis me souffla de rester motus et bouche cousu. Je portais ma main sur mon cœur en promettant de ne jamais défaillir à ses ordres. Apolline s'approcha à cet instant de la table d'un pas décidée, nous forçant à tous la regarder. Je fronçais les sourcils tandis qu'elle se planta devant nous et lâcha :

« Tiens frérot, t'as oublié ça ce matin. »

Elle tendit la trousse de son frère qui eut l'air le plus reconnaissant au monde. Il y eut une explosion de rire à la table face à cet air. On avait tous eut le droit, en cours, à un Hugo désespéré car il voulait des crayons. Il n'avait cessé de harasser toute la classe, partant des timides en passant par les fils à papa.

« T'aurais pu lui redonner x fois ce matin, souligna Gabbin

-Je trouvais ça plus drôle qu'il galère, avoua sa sœur sans une once de culpabilité »

Je ne pus m'empêcher de poser une main sur l'épaule de mon ami, pour le consoler d'avoir un démon comme cadette. Il attrapa ses affaires et les enfourna dans son sac. Il affirma avoir la plus mauvaise de toute les petites sœurs mais déjà Apolline et ses cheveux tressés disparurent. Gabbin ne pu s'empêcher de siffler et d'acclamer « La Grande Déesse Apolline », suivit par nos congénères qui s'amusaient de la situation. J'avais mal au ventre à force de m'esclaffer. Le grand garçon ruminait encore lorsqu'on fumait après le repas.

***

Dans l'après-midi, je croisais la conseillère d'éducation dans le couloir alors que je venais de me faire virer d'un cours. Le pire était que je n'avais rien fait à part défendre Gabbin. Le prof avait affirmé que mon camarade avait menti. Il n'aurait pas fait son devoir. Le bouclé avait l'ambition et la volonté d'entrer dans une bonne université pour pouvoir s'éloigner de ses parents. Pas étonnant avec une mère alcoolique et un père violent. Être un enfant aisé avait aussi ses désavantages. Je soufflais bruyamment. Ce garçon était bien trop sérieux, il avait vraiment et simplement oublié son examen chez lui. Quand l'enseignant l'avait ainsi accusé, mon ami était devenu blanc comme un linge. Mon ami d'enfance avait essayé de joué le médiateur. De mon côté j'avais dit à « la tête de rat » qui me servait de professeur de cogiter deux minutes. Ce surnom n'avait pas plu à mon enseignant qui m'avait renvoyé.

Pour en revenir à la CPE, elle m'avait interpellé et demandé des explications sur ma présence dans les couloirs et non pas dans ma salle de classe. Au lieu de lui expliquer, je la plantais dans le hall et me dirigeais vers le devant du lycée en l'ignorant. Elle s'énervait seule tandis que je filais comme une flèche vers l'entrée des lieux. J'allumais une clope et me m'accroupis. Cette situation me rappela des souvenirs. C'était dans un contexte similaire que j'avais rencontré le garçon qui m'avait confirmé, un an plus tôt, mon désir envers les hommes. Il avait deux ans de plus que moi et avait redoublé sa terminale. Comme nous étions tous les deux à fumer en plein milieu de l'après-midi au lieu d'être en cours, il m'avait adressé la parole. À l'époque, je n'avais pas saisis qu'il avait fait une approche pour apprendre à mieux me connaître puisque je l'intéressais depuis un moment. Il me l'avait avoué que le jour où il m'avait embrassé. La fin de ses années lycée avait mis un terme à notre relation.

Je jetais ma cigarette et l'écrasais. Dommage pour les autres cours, je préférais rentrer chez moi. J'envoyais un textos aux garçons pour les prévenir. L'un me répondit dans la seconde tandis que l'autre devait encore être pâle.

J'entrais dans le bus quasiment vide. Je me posais non loin de la seconde porte. Je positionnais mon casque sur mes oreilles et fit jouer ma musique, du AC/DC. Je collais mon front à la fenêtre en attendant de rentrer chez moi.

***

Dans la soirée, j'accompagnais ma mère aux courses, avec la mère de mon pote d'enfance. Elles étaient actuellement devant le rayon surgelé en train de se décider sur la meilleure marque de riz cantonnais. Ma mère assurait que c'était une alors que la mère Désirade l'autre. Quelle idée avait-on eut d'accompagner nos mères avec Hugo ! Ces deux-là étaient de vrais pipelettes, s'arrêtaient à chaque rayons si ce n'était à chaque article pour les commenter. Je saisissais mieux pourquoi elles prenaient plus d'une heure trente à faire les courses. Alors, devant le caddie, Hugo et moi faisions les commentateurs de foot en utilisant nos mères comme sujet principal. On lançait même les paries sur leurs actions, mouvements et paroles. On connaissait trop bien nos mères : une fois sur trois on visait juste. Quand elles réussirent enfin à se mettre d'acccord et prendre tous les ingrédients notés sur leurs listes, on put passer à la caisse. Deux caddies pour deux familles. Or, la mère Désirade nous avait emprunté de la place dans le nôtre parce que le sien n'était pas suffisant. Ma génitrice tentait de retrouver les affaires de son amie. Elle essayait aussi de faire intervenir ma mémoire mais comme j'avais passé mon temps à rigoler, je ne me souvenais de pas grand-chose. Ses yeux marrons montèrent vers le plafond avant de demander à Hugo. Ce dernier n'était pas d'une plus grande aide.

On réussit à passer et on enfourna nos courses dans la Volvo de ma mère. Puis, avec Hugo, on essaya de se glisser au milieu de ce bazar. Ma mère démarra, manqua de se prendre le trottoir et repartit avec la mère Désirade qui se tenait au tableau de bord.

« Pourquoi prenez-vous le risque de monter dans la voiture alors que vous avez peur à chaque fois, Michelle ? Fis-je en ricanant.

-Parce que je suis inconsciente, me répondit-elle en hochant son visage. »

Mon portable vibra alors, indiquant un message de Gabbin. Il nous informait qu'il nous avait acheté « de quoi nous détendre ». Je présentais mon portable à Hugo qui souleva ses sourcils. Gabbin nous proposa ensuite de nous retrouver chez lui. Ses parents n'étaient sûrement pas à sa maison.

***

Notre ami nous accueillit bras ouvert devant sa porte de maison. Il nous fit entrer dans la demeure, très semblable à celle de Gaëlle. On ôta nos chaussures et le suivit dans sa chambre, vaste et avec des posters de groupes de musiques placardés sur les murs.

« Il est nouveau ce poster ? m'enquis-je en en désignant un face à nous du menton.

-Ouai, trouvé chez un antiquaire. Je ne suis pas peu fier, lança-t-il.

-Quand est-ce que tu nous refais des solos de batteries d'ailleurs ? Fit Hugo. »

Il se contenta d'un mouvement d'épaules, indiquant qu'il n'en savait rien. Quand nous nous étions rencontré avec Gabbin, c'était en salle de musique. Hugo avait suivit un de nos camarades de Seconde qui faisait de la guitare. Au moment où on était entré, on avait entendu des tambourinements énergiques, qui avaient piqué notre curiosité. Le bouclé s'éclatait avec des connaissances, dont certaines traînaient avec nous. Hugo avait directement fait les choses à sa façon. Ce fou avait posé un genou par terre et avait demandé en mariage ce « pro des drums ».

Gabbin nous tendit un joint qu'il venait d'allumer. Hugo tira dessus avant de me le passer. On se le plia en une heure et restâmes encore une heure de plus chez Gabbin, histoire de ne pas trop ressembler à des drogués quand on rentrerait.

Nous jouâmes donc pendant deux heures aux jeux vidéos, à Mario Kart, en se battant la première place et s'insultant lorsqu'on trichait. On rigolait à gorge déployé. On planait aussi un peu. D'accord, beaucoup. Finalement, à dix-neuf heures on dut courir jusqu'au bus parce que l'heure du repas de famille de Hugo approchait. 

Mon policier énervant, perturbant mais particulièrement séduisant - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant