Chapitre 8

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Je mis ma main en visière pendant que j'observais Hugo courir. Le chronomètre à la main, j'attendais qu'il passe la ligne d'arrivée. Le garçon allongea sa foulée, accélérant, quand il ne fut plus qu'à quelques mètres, réalisant ainsi un sprint. Une fois la ligne d'arrivée franchie, il s'étalait sur le sol en respirant bruyamment. Ses yeux foncés se posèrent sur moi, m'interrogeant silencieusement. En étirant mes lèvres, je lui dis son temps. Il s'était amélioré depuis la dernière course. Il resta encore un instant allongé. Le prof nous intima ensuite de bouger nos derrières. On s'écarta donc de la piste pour laisser la place à d'autres camarades. Hugo voulait se rafraîchir. Je l'accompagnait. Il se pencha par-dessus le lavabo des toilettes et se mouilla le visage. J'étais dans l'encadrure de la porte et observait mon ami au bout de sa vie.

« Gabbin doit s'impatienter de nous voir, commentais-je.

-M'en parle pas. Heureusement qu'il est chez sa sœur. »

J'opinais. Mon meilleur pote releva son visage, s'essuya sur son T-shirt et m'embarqua pour retourner en cours. Ce fut à mon tour de courir. Je me préparais, me plaçant sur la ligne de départ. Je reculais mon pieds gauche. Quand le signal fut lancé, je me lançais, optant pour une allure rythmée que s'accentuait au fur et à mesure de mon avancée. Comme l'avait déjà fait mon camarade, je finis par accélérer auprès de la ligne d'arrivée. Je dépassais mon camarade, puis ralentis en soufflant bruyamment, signe de mon effort. Je posais mes mains sur mes genoux, cherchant Hugo du regard. Il apparut finalement dans mon champ de vision.

« Tu t'améliores. »

Je retroussais mes lèvres, fier de moi. Je n'eus pas le temps de reprendre mon souffle puisque le prof nous demanda encore une fois de quitter la piste. On s'avachit donc sur l'herbe, non loin de là. Je m'y couchais. Mes yeux se perdirent dans l'observation du ciel gris. Or, ils ne supportèrent guère longtemps la réverbération. Je détournais donc le regard pour éviter de perdre la vue.

***

On nous indiqua la fin du cours et nous nous dirigeâmes vers les vestiaires. On traversa le gymnase, et remarqua que les élèves qui s'y trouvaient commençaient seulement à ranger les affaires de badminton. J'entrais ensuite dans les vestiaires. Quelques camarades étaient là. Ils parlaient et s'agitaient, riaient et commentaient. Hugo traversa la pièce et se posa sur un banc. Je le suivais de près, puis me mis à ses côtés avant de commencer à me dévêtir. Mon camarade se posa un instant contre le mur, observant ce qu'il se passait. Un des gars lui lança :

« Bah alors, ça nous mate ? »

Hugo eut un furtif regard pour moi, me jaugeant brièvement avant de répondre, le regard braqué sur le garçon qui venait de dire cela :

« Ils vous manquent des seins les gars. »

Il marqua une pause, les jaugeant sûrement. De mon côté, je contemplais silencieusement le mur avec un visage fermé. Je n'appréciais pas ce genre de remarques. Chacun était libre de regarder qui il voulait sans que quelqu'un ait le besoin de le relever.

« Et vous n'êtes pas assez canon pour que même un mec ne vous mate. »

Il y eut des sifflements amusés. Pour ma part, je restais stoïque. Ma mâchoire, quant à elle, était contractée et devait sûrement trahir mon irritation. Les primates, accessoirement élèves au lycée, continuèrent à rire de l'homosexualité, augmentant mon agacement. Une part de moi souhaitait les remettre à leur place tandis qu'une autre se doutait particulièrement de ce qui suivrait si j'osais cela. Je n'avais jamais eu de problèmes avec mon attirance pour les hommes, mais ce n'était pas un sujet que j'abordais et encore moins que je montrais. Je ne voulais pas être observé comme un pestiféré. Je n'étais pas encore prêt à ça. Je chopais d'une main mon T-shirt, l'enfilais et assénais ensuite un petit coup à Hugo pour qu'il se bouge. J'avais envie de quitter ce lieu empli d'imbéciles.

Mon policier énervant, perturbant mais particulièrement séduisant - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant