Quand le Samu arriva, avec un brancard, Gabbin ne s'était toujours pas calmé. On les accompagna jusqu'à l'extérieur. Gabbin fut placé à l'arrière de la camionnette. Le bouclé faisait tout une vie, si bien qu'on proposa à l'un de nous de monter avec eux, pour tenter de le calmer. Je laissais mon ami s'y faufiler. Je lui assurais que je le rejoindrais aux urgences. Il me fit répéter au moins cinq fois que j'étais sûr de moi et monta, sous les faces exaspérées de certains agents. En quelques mouvements, ils furent partis. Je réfléchis au moyen de les rejoindre. Peu de bus passaient à ces heures-là. J'attrapais donc mon portable, cherchant quelqu'un vers qui me tourner. J'ouvrais mon application de contacts et cherchais un nom. Maman ? Mauvaise idée. Michelle Désirade ? Très mauvais idée. J'ignorais qui appeler. Je zyeutait nombre de fois ma liste. Fred ? Même pas en rêve. Puis, le nom de Wolf s'afficha. Je me rappelais qu'il m'avait dit de l'appeler en cas de besoin. C'était actuellement le cas. J'hésitais quelques instants, me rappelant son comportement de la dernière fois et celui de son collègue. Ils avaient été de vrais têtes de cons. De plus, c'était un flic. Ce n'était pas une très bonne idée. Pourtant, j'aurais probablement moins de problèmes avec lui que n'importe quel autre adulte de mon répertoire. J'inspirais, expirais. Je n'avais pas un temps infini pour réfléchir. Je soupesais une dernière fois ma colère, le métier de Wolf et l'urgence. J'appuyais finalement sur la touche « appeler ». Je regretterai plus tard. Je collais l'objet à l'oreille, la gorge nouée. Ça sonna plusieurs fois. Puis sa voix grave perça.
« Oui ? Se contenta-t-il de souffler.
-J'ai besoin que vous me rendiez un service. »
J'expliquais brièvement la situation, en évitant d'entrer dans les détail. Il eut le droit aux mots « urgence » et « Gabbin ». J'entendis un bruit étouffé derrière, une voix à laquelle il répondit. Mon cœur s'arrêta, peut-être sous l'effet de la gêne ou du stress. Je l'ignorais. Quand il me répondit enfin positivement, il m'ordonna de ne pas bouger de la gare. Il serait là d'ici quinze minutes. J'opinais simplement et raccrochais. J'informais alors Hugo que je les rejoindrais bientôt. Le garçon ne répondit pas, probablement encore avec les ambulanciers.
***
Je faisais les cents pas quand Wolf arriva, dans sa longue voiture. Il ouvrit sa porte, déposa un pied sur le sol, me révélant ainsi un visage fatigué et blasé par-dessus son toit de voiture. C'était la deuxième fois que je le voyais en tenue de civil. Encore une fois, je pouvais parfaitement deviner ses formes et sans aucune difficulté. Je secouais mon visage, ne comprenant pas pourquoi je notais ce détail.
« Ça va ? Me questionna-t-il.
-Oui. Dépêchons-nous. »
Je montais à ses côtés. Il referma sa porte et me glissa un regard indifférent. Puis, il démarra. Ma jambe tressautait d'elle-même, dû à mon angoisse. Or, autre chose me mettait sur le qui-vive. Je commençais déjà à regretter de l'avoir appelé. J'ignorais ce qu'il m'avait pris. Je repensais à son métier, au fait qu'il s'agissait d'un inconnu et que je l'avais sûrement dérangé. Je me sens gêné, agacé de mon comportement. Le flic me scruta de nombreuses fois, sentant sûrement toute ma tension. On s'arrêta à un feu rouge, après avoir dépassé la gare. Je m'étais légèrement penché en avant, concentré sur la route. Mes sourcils étaient froncés, mes mains ramenées à mon visage. Mon souffle était court et mon cœur battait à vive allure. Les voitures étaient nombreuses, et je perdais peu à peu ma patience : elles étaient lentes et je voulais savoir comment allait mon ami. Je priais intérieurement que ces objets se bougent. Soudainement, je sentis de la chaleur sur ma nuque. Je sursautais, pas vraiment préparé à ce que la main de Wolf se pose à cet endroit. Je le dévisageais. Il regardait le feu, imperturbable. Il serra légèrement sa poigne. Son contact, qui se voulait rassurant, me perturba. Je sentis mon cœur s'emballer, ma respiration se raccourcir encore. Je fronçais les sourcils, surpris de cette réaction. De plus, mes pensées déraillèrent et j'imaginais sa main presser un tout autre endroit. Il suffisait qu'un bel homme soit à mes côtés pour que je sois incontrôlable. Je me réprimandais intérieurement, pensant aux longs mois que j'avais passé seul. Je devais être en manque ou quelque chose comme ça. Je ne voyais que cette explication. Je pinçais mes lèvres, d'irritation contre moi-même. Sa paume remonta alors jusqu'à la naissance de ma nuque, ses doigts se mêlant légèrement à mes cheveux. Je serrais mes dents, sentant mon corps s'enflammer. Je voulais cette main ailleurs. Je buguais à cette pensée, étant complètement choqué de désirer ainsi un inconnu, qui plus est qui n'était sûrement pas du même bord que moi et qui était inatteignable. De nouveau, je pestais contre moi. Il m'offrit une nouvelle pression avant de me libérer du contact avec sa peau. Je me sentis confus : j'étais à la fois soulagé et contrarié. Bordel, je devais être en manque. Le feu passa vert au même moment. Il reposa sa main sur son volant, et fila tout droit. Je vérifiais régulièrement mon cellulaire, lors de notre voyage jusqu'à l'hôpital, vérifiant les nouvelles qui pouvaient me parvenir de Hugo. Je m'enfonçais dans le siège. Le silence était pesant, et aucun de nous ne brisait l'abcès. Le bruit des doigts du conducteur pianotant sur le volant attira alors mon attention. Le garçon était toujours aussi concentré que plus tôt.
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Mon policier énervant, perturbant mais particulièrement séduisant - Terminée
Romance*MxM* / *Homoromance* Tout était parti d'un sachet trouvé par hasard dans mon casier. Dès ce moment-là, j'étais foutu parce que l'un des flics appelé était aussi sexy en uniforme et avait un regard aussi clair que le ciel. Dès lors, ce fut comme si...