Chapitre 20

1.8K 117 4
                                    


Je tentais honnêtement de rester concentré pendant le cours d'anglais. Il était huit heure et dix minutes. Dix minutes que le cours avait débuté et dix minutes que je n'arrivais pas à accrocher au charabia de notre enseignante. Je ne comprenais qu'un mot sur cinq. Or, il n'y avait pas que cela. Ce qu'il s'était passé quelques jours plus tôt avec Michael tournait en boucle dans ma tête. Qu'est-ce qu'il voulait de moi ? Pourquoi aimait-il me rendre mal à l'aise ? Qu'est-ce qu'il avait voulu me dire avant que ma mère ne débarque ? Je n'arrivais pas à faire cesser ces questions, qui tournaient en boucle dans ma tête. Je n'osais pas, non plus, questionner directement le concerné. Ça me rendait anxieux rien que d'y penser. Je craignais ce qu'il pouvait dire, ce que tout ça entendait. En réalité, sans s'en rendre compte, cet imbécile de flic avait provoqué des espoirs en moi. J'avais réalisé que je voulais être avec lui. Je voulais être quelqu'un à ses yeux. Je le désirais, et non plus sur le plan purement physique. Honnêtement, ce dernier point me laissait perplexe. Qui aurait voulu de quelqu'un au caractère changeant, joueur et avec lequel on ne savait jamais sur quel pied danser ? La réponse semblait pourtant assez évidente : moi. Je poussais un soupire, tentant de chasser ces pensées et de me sentir soutenu par mes amis dans ce moment de torture qu'était notre cours, et accessoirement mes pensées. Je jetais donc un œil vers Gabbin avec un regard de détresse. Il releva ses deux sourcils, signe qu'il ne pouvait rien faire pour moi. Je soufflais et posais ma tête dans mes deux mains. Je fixais alors la professeure, me disant que cette technique m'aiderait peut-être. Sans grand succès. Hugo s'avança sur la table pour observer mon état de déprime aiguë. Un rictus se dessina sur son visage tandis que je levais les yeux au ciel. Il s'enfonça de nouveau dans sa chaise. J'abandonnais à huit heure quinze pour commencer à dessiner sur ma feuille. Moi et les langues : c'était mission impossible. À la fin de l'heure, je râlais auprès de Gabbin sur l'anglais. Il se moquait de mon manque d'effort et je l'accusais d'être un traître puisqu'il préférait défendre cette langue au lieu de soutenir son ami. On avançait en même temps que cette conversation jusqu'à notre prochain cours : les mathématiques. On se hâta ensuite vers le fond de la classe et s'assit avec Gaëlle. Elle était coincée entre moi et Gabbin. Ce dernier était à côté de Hugo. Cette nouvelle amitié avait jugé de manière mitigée par nos enseignants. Certains pensaient qu'elle nous calmait alors que d'autres s'inquiétait que nous soyons un frein pour elle. Ils ne s'empêchaient, d'ailleurs, pas de le souligner à haute voix et cela m'irritait au plus au point. Je déposais mon livre entre nous deux et ouvris à la page demandée. La jeune fille, très sérieuse, écoutait la correction des exercices avec attention. J'eus du mal à suivre en début de cours, mais quand l'horloge s'approcha de l'heure de pause, j'étais concentré.

***

La sonnerie retentit, signifiant notre libération. Je coinçais ma clope sur mon oreille, prêt à partir pour l'extérieur. Gabbin se plaignait, quant à lui, de l'engourdissement qu'il ressentait dans ses jambes. Je lui claquais le milieu du dos amicalement et lui intimais de se bouger, alors qu'il empêchait tout le fond de la salle de sortir. Il haussa les épaules et s'avança. Ça ne le dérangeait pas d'être gênant. Quand on arriva au coin fumeur, quatre de nos vieux amis de Seconde étaient en train d'échafauder un plan pour faire exploser le lycée. Je saluais l'un d'eux, tout en assurant que j'étais de la partie. On imagina alors différents plans pour réaliser ce méfait tout en sachant que nous n'étions pas vraiment rationnels, surtout que nos idées reposaient en grande partie sur des films et séries. Un ami débarqua alors, annonçant qu'une soirée se tenait ce vendredi. J'avais l'impression que la dernière remontait à une éternité. J'indiquais de me compter parmi les présents. Le gars rigola en assurant que c'était tout moi, et qu'il n'en attendait pas moins. Je lui fis un clin d'œil, qui accentua son amusement. Le reste de la bande ne tarda pas à m'imiter.

Mon policier énervant, perturbant mais particulièrement séduisant - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant