Chapitre 24 "Départ"

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Nous sortons de la salle de réunion, je me précipite dans ma chambre pour faire mes affaires, Paloma m'a fait une belle garde-robe à mon arrivée, ça m'a évité de croiser Charlie à la maison pour prendre des affaires de rechange.

J'attrape une valise et l'allonge sur le lit en la remplissant de vêtements, et tout ce dont j'aurais besoin une fois là-bas.

J'adore voyager bien que j'ai souvent le mal du pays, je n'ai jamais pu aller bien loin dans ma jeunesse, j'ai fait quelques états d'Amérique pas loin du New Jersey, la majorité de mes déplacements était des sorties scolaire.

Mes parents détestaient sortir de leur zone de confort, je devais toujours insister pour qu'on parte en vacances ou à la plage ou encore à la montagne.

À 18 ans, j'ai fait le grand pas, étant donné que je n'allais jamais en vacances, à partir de mes seize ans, j'ai enchaîné les boulots d'été, ainsi que des jobs à mi-temps la semaine, j'avais de l'énergie à revendre, cela va sans dire.

J'ai économisé assez pour m'acheter un petit studio, j'ai réussi à payer mes études de médecine toute seule, aidé par la bourse de l'université pour mon loyer, mes soirées se passaient par apprendre les os du corps avec un plat préparé chauffé aux micro-ondes, ayant pour seule lumière celle du salon.

Mes années à l'université n'étaient pas des plus mémorables comparé à mes amis, je ne sortais jamais en soirée, je ne crois pas à cette histoire de rencontrer son âme sœur en boîte de nuit pile quand tu te fais agressé.

J'ai eu le droit à ce passage, mais sans le sauveur.

Le risque d'être drogué et de se retrouver à l'hôpital ou dans une pleine enquête policière pour ensuite devoir rattraper toutes les heures de cours raté ne m'attirait pas très franchement.

C'est peut-être à cause de ça qu'aujourd'hui, je n'ai plus aucun ami, ni aucune famille.

À force de tous les repousser, ils ont fini par sortir de ma vie, je ne m'en étais jamais rendu compte, mais, je suis seule, enfin, je l'étais avant de tomber sur ce Flavio.

Depuis le début, je pensais que j'étais piégé dans cette mafia, mais en vérité, ils m'ont sûrement sauvé. J'ai su grâce à eux que j'avais un futur fiancé infidèle, qui n'est plus un futur fiancé évidemment.

Je souris en imaginant que j'ai été conçu pour faire partie d'une mafia, je n'aime pas qu'on me bouscule pour rentrer dans les cases de la société, j'aime être indépendante et servir les gens qui ont besoin de nous, les médecins.

Il n'y a pas de toute, il y avait d'autres moyens de trouvé son indépendance, tout en servant les gens, j'en conviens, cependant, je ne vais pas non plus me plaindre de la vie que j'ai ici.

"À quoi tu penses ?"

Je n'avais pas entendu le chef entré dans ma chambre, il referme lentement la porte derrière lui, son attention portée sur moi puis sur le sous-vêtement que j'ai dans les mains.

Je le range dans la valise en rougissant, le parrain s'approche de moi, rangeant une de mes mèches derrière mon oreille.

"Ça va aller pour la mission ?"

Je souris en le regardant.

"Je rêve ou tu t'inquiètes pour moi ?"

Il me met une fessée et s'assoit sur la chaise devant mon bureau rempli de livres sur la médecine, avachi sur mon siège, il me regarde de bas en haut.

"Je m'inquiète pour le gars que tu devras draguer"

"Et pourquoi ça ?"

Je me penche en avant pour fermer la valise, sous le regard intense de mon chef.

"Parce qu'il passera un sale quart d'heure à mes côtés"

"Possessif en plus"

"Mae"

Sa voix est grave, prenant un ton sérieux, je referme la fermeture éclair de la valise et me tourne vers lui.

"Je t'écoute"

"Je ne te considère pas comme une femme de passage, je te respecte, je ne joue pas avec toi"

"C'est une déclaration ?"

"Non, un constat"

"Dit juste que ça te fous en rogne de savoir qu'un autre homme touchera une de tes protégés"

Il se lève de ma chaise, la faisant grincer, il s'approche de moi, me faisant tomber sur le lit à côté de la valise, au-dessus de moi, ses coudes à côté de ma tête.

"Je ne serais jamais jaloux d'un mec qui ne saura même pas te faire mouiller"

"Tu prédis l'avenir ?"

Je sais que je joue avec le feu, mais j'éprouve une réelle satisfaction à le provoquer.

"À toi de me dire"

"Je te le dirais à mon retour"

"Ne saute pas dans mes bras, je n'aime pas les retrouvailles de ce genre"

"Je te déboîte l'épaule alors ?"

"Si ça t'amuse"

Je dépose mes lèvres contre les siennes, ne pouvant pas résister. Il arbore un petit sourire, amusé, puis presse ses lèvres contre les miennes.

Quelqu'un toque à la porte.

Le chef grogne contre mes lèvres, m'arrachant un sourire.

"Elle est occupée !"

"Chef, excusez-moi, le chauffeur est là" indique le majordome derrière la porte.

Le parrain laisse tomber sa tête sur mon épaule en soupirant. Il se relève et me tire par le bras, il attrape ma valise et me la donne, je le remercie et sors de la chambre.

"Pas trop dur les adieux ?"

"Vous êtes trop intrusif, Djibril"

"Excusez-moi, c'est l'habitude"

Je descends les escaliers en portant ma valise, Shooter me rejoint et m'aide en la portant d'une facilité me faisant gloussé intérieurement. Je le suis en faisant signe au majordome qui me sourit de ses belles dents blanches.

Le chauffeur m'ouvre la porte puis ouvre le coffre, Valentina n'est pas dans la voiture.

"Vous serez séparé jusqu'à temps que vous vous rencontriez à l'hôpital" m'explique Shooter dans mon dos.

"Tu ne peux pas venir avec moi ? C'est effrayant"

Je n'ai jamais pris l'avion, ni changé de pays, tout est nouveau pour moi.

"J'aimerais princesse, mais je ne peux pas m'absenter"

Je me retiens de le prendre dans mes bras, d'une car, nous ne sommes pas ensemble, de deux, je sais pertinemment que nous sommes surveillés depuis la maison.

Je le regarde une dernière fois avant de monter dans la voiture, mon cœur se déchire légèrement en le voyant droit debout, ses mains dans ses poches, j'aimerais rester à ses côtés, au côté du parrain.

"Princesse"

Je le regarde, il sourit en me voyant réagir bien trop vite à ce surnom.

"Le collier ?"

Je souris en le sortant de ma poitrine pour lui montrer, il hoche la tête, je le remets au chaud contre moi.

"Ramène-moi mon client"

"Passe le bonjour à ma remplaçante"

Je monte dans la voiture, fermant la porte derrière moi, Shooter s'empresse de remonter les grandes marches menant à l'intérieur de la maison.

Red DaggerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant