Chapitre 52 "Dîner"

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POV : Mae - Médecin

Je sors de l'avion, accompagné de Shooter, son bras derrière ma nuque, nos yeux cachés par des lunettes, il est bien plus facile de l'imaginer avec des yeux intacts avec ses lunettes.

Je pense que ça me gênerait de le voir avec deux pupilles, ça lui rajoute un charme son œil blanc, il ne laisse pas place à la méprise et le rend encore bien plus charismatique.

Cela fait déjà plusieurs mois que nous sommes sur ce plan, j'ai l'impression que nous avançons au ralenti, nous ne sommes encore qu'à la partie 1. Les gangsters se débrouillent bien d'après les rapports de mission.

Du côté de la mafia rien n'a changé, les trafics continuent, le blanchissement d'argent aussi avec l'agence immobilière qui marche tout aussi bien, faisant doubler nos revenus et rendent le compte en banque cohérent.

Nous nous installons dans un restaurant en face de la Basilique Santa Maria della Salute, une église à Venise, séparée par un fleuve, l'eau bleu clair sous le soleil donne envie de plonger dedans.

Nous commandons des cocktails en attendant l'arrivée de nos correspondants, Shooter pose sa main sur ma cuisse, admirant le collier en diamant autour de mon cou que je n'ai jamais lâché.

J'ai appris que ce collier n'était pas à la femme de Djibril, surtout quand j'ai appris que Valentina était sa fille et que sa femme n'avait aucun problème de fertilité.

C'était une idée de Valentina évidemment, je devais faire semblant d'être en couple avec Shooter et ce collier me forçait à jouer le jeu, Valentina connaît bien Shooter, ce dernier a une profonde admiration pour le diamant.

"Tu le veux ?" demandé-je en souriant, caressant le collier avec mes doigts.

"Il te va mieux qu'à moi"

"Je te vois bien avec un M sur le poignet"

Il rigole et embrasse mon cou, il se lève en entendant nos invités arrivés, je me lève aussi en tirant sur les bords de ma robe puis serre la main au couple qui n'a pas changé d'un poil.

"Mae, quel plaisir de te revoir, je ne pensais pas te revoir un jour"

Elle me prend dans ses bras, me faisant sourire, on peut le dire, je me suis habitué aux embrassades avec cette mafia.

"Gineya, je suis contente de te voir, Leonardo"

Il hoche la tête en me serrant la main, nous nous asseyons, cette fois je ne veux pas entendre un mot de leur conversation, cette idée de guerre me ronge de l'intérieur, bien plus que je ne veux le faire croire.

"Alors ma belle, comment ça va depuis le temps ?"

Gineya est un vrai champ de fraîcheur, elle respire le frais, l'été, la bonne humeur, et cette fameuse plage.

Je m'attache à cette plage désespérément, croisant toutes les articulations de mon corps pour que nous nous y retrouvions tous là-bas, sans manquement à l'appel pas comme à l'université avec quelques absents par jours.

Je pourrais rester des heures avec elle sans me lasser, cette femme est beaucoup trop joyeuse pour être mariée à un mafieux, je pense que c'est courant, ils choisissent des femmes qui sortent de l'ordinaire mais qui les sortent aussi de leurs terreurs.

"Il n'y a pas grand-chose à dire, on continue de vivre"

Elle semble blasée par ma réponse, m'arrachant un sourire.

"Vous ne faites que bosser, bosser et bosser ? Et il est où le plaisir là-dedans ?"

"On sort un peu le week-end mais ça s'arrête là, nous avons beaucoup de travail"

"Oui, j'ai entendu dire que vous acceptiez les missions extrêmes, ça doit être fatiguant"

Je n'ai jamais accompli de mission extrême étant médecin, mais je sais que ce genre de missions est beaucoup fatiguant mais rapporte beaucoup d'argent, comme des assassinats sur contrat, des incendies de grandes marques de fabrique comme l'incendie d'une marque de parfum française pour escroquerie.

"C'est sûr, et toi ? Tu as l'air d'avoir plein de choses à raconter"

"Oui, mon fils, l'aînée, il veut devenir astronaute après avoir vu un film sur l'espace"

"Après il va regarder un dessin animé il voudra devenir un super-héros donc je ne m'en fais pas même s'il a l'air vraiment motivé pour ce job"

"Tu verrais sa chambre, il y a des étoiles partout sur son mur et sur le plafond, il m'a même fait acheté des fusées miniature pour les mettre sur sa commode"

"Je me suis fait convoquer à l'école parce qu'il a promis à ses camarades de tous les emmener sur une fusée, les mamans se sont plaint auprès de la directrice"

"Mais qu'est-ce que tu veux que j'y fasse moi ? Ce ne sont que des gamins, ils ont le droit de rêver"

"Ce n'est pas trop dur d'avoir des enfants ?"

J'ai posé la question tellement doucement que je me demande moi-même si je l'ai vraiment posé ou si je l'ai pensé, son sourire s'élargit.

"Je savais que ça cogitait dans ta tête, ne te presse pas, ça viendra quand ça viendra"

"Au début c'est compliqué à gérer avec le bébé qui ne fait pas ses nuits, mais on s'y fait rapidement, le pire c'est quand ils font ses dents"

"Ils prennent ta poitrine pour un jouet en caoutchouc, et ça je te le dis, ça fais vraiment mal"

Nous rigolons légèrement, ayant l'image en tête.

"Et toi ? Tu as des projets ?"

Survivre ?

"J'aimerais aller à la plage"

"Oh génial, c'est vrai qu'il fait chaud en ce moment, tu vas aller à laquelle ?"

"Ce n'est pas encore fait, mais j'aimerais qu'on aille à Anse Source d'Argent aux Seychelles"

"C'est une très belle plage ça"

"Effectivement, je rêve d'y aller depuis que je suis petite"

"C'est adorable, j'espère de tout cœur que tu vas pouvoir y aller"

"On croise les doigts et les orteils" dis-je en rigolant nerveusement.

Elle me sourit, Leonardo semble contrarié, je ne veux pas les entendre parler, je suis le déni complet, je veux me rattacher au petit bout de vie qu'il nous reste.

Cette mission est une mission de suicide.

Red DaggerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant