Chaebol

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Taehyung était retourné étudier à la bibliothèque jusqu'à la fermeture de vingt-deux heures, et rentra ensuite au manoir. En arrivant, la bâtisse était plongée dans la nuit et seul le bureau de monsieur Kim renvoyait de la lumière.

— Taehyung ?!

La voix de l'homme résonna dans le hall, et l'héritier s'arrêta.

— Oui, Père ?

— Viens ici.

Ses mocassins claquèrent jusqu'au bureau et il s'arrêta sur le seuil, attendant l'autorisation pour entrer. Son père leva les yeux vers lui et le jaugea.

— Tu as étudié ?

— Oui, Père. Je viens de rentrer de la bibliothèque...

— J'espère que tes résultats seront à la hauteur de mes espérances. Si tu as faim, il reste de quoi manger dans la cuisine. Ensuite, va te coucher.

— Oui... Père.

Taehyung s'inclina et quitta le bureau pour se rendre dans la cuisine. Il ôta son manteau, que Hyung-Sik s'occupa de ranger. Une fois dans le manoir, les deux hommes pouvaient vaquer à leurs occupations. Seul un des deux hommes se devait de rester devant la porte de la chambre de Taehyung, lorsque celui-ci allait se coucher.

Taehyung s'installa autour de l'ilot central et posa sa sacoche. Il ouvrit l'énorme réfrigérateur à doubles battants, puis avisa des restes de cuisine française. Il en tira un plat et le mit à réchauffer, puis s'assit sur un des tabourets. Il vérifia son portable et ses messages, et ouvrit sa sacoche pour en tirer le livre qu'il avait subtilisé à Jungkook. Il ne l'avait pas ouvert et s'était contenté de travailler en se basant sur ses connaissances. Il voulait maintenant vérifier si ses trois heures de travail étaient vaines et s'il s'était complètement planté, ou si au contraire, il avait visé juste. Mais lorsqu'il ouvrit le manuel, il tomba sur une enveloppe blanche à l'entête du groupe Lotte.

Il fronça les sourcils et retourna l'enveloppe afin de l'ouvrir. Sans hésiter ou se demander s'il avait le droit de la lire, il ouvrit le papier blanc et parcouru les lignes. Ses yeux s'écarquillèrent et son visage pâlit quand il réalisa trois choses. Le nom de la personne à qui était destinée la lettre ; certainement le père de Jungkook. Ensuite, le nom de la personne au bas de la lettre, son propre père, et enfin, en réalisant qu'en débarquant chez l'étudiant, Jungkook devait inévitablement savoir que c'était son père qui avait menacé le sien. Ce qui menait à la conclusion que Jungkook devait détester Taehyung.

Sans savoir pourquoi, Taehyung trouva ça injuste, de partir d'emblée avec un handicap. S'il avait appris que Jungkook l'avait détesté pour avoir saccagé sa chambre, été hautain et caractériel, ça ne l'aurait pas dérangé. Il était comme ça, et chaque parcelle de Jungkook, l'aurait détesté pour les bonnes raisons. Or, là, ce n'était pas le cas. Jungkook ne le détestait pas pour ce foutu livre ou pour avoir mis le bordel dans ses affaires, mais bien parce qu'il était le fils de celui qui essayait de détruire sa famille.

Soucieux de toujours rester juste même dans ses excès d'irascibilité, Taehyung voulait réparer ça. Il voulait que Jungkook le déteste pour les bonnes raisons, et pas pour quelque chose dont il n'était pas l'auteur. Pourtant, il devait se rendre à l'évidence, les actes de son père au profit du groupe Lotte, l'entrainait lui aussi. Il était aussi responsable en tant qu'héritier, ou du moins, il devait en assumer les responsabilités et les conséquences, quoi que son père ait décidé.

Il mangea rapidement, et rangea la lettre dans le livre qu'il replaça dans son sac, et monta dans sa chambre. Après avoir pris une douche chaude, il observa un instant les constellations et s'arrêta sur la ceinture d'Orion. Taehyung la trouvait magnifique avec ses trois supergéantes bleues. Très brillantes et parfaitement alignées. Puis il se glissa sous les couvertures et passa ses bras derrière sa tête en se disant que Jungkook n'avait pas eu l'air si chamboulé par ce livre, ou le fait que ses sbires aient saccagé sa chambre, mais bien parce qu'il voyait en Taehyung, un ennemi, quelqu'un de dangereux. Il savait que son père, et sa famille toute entière étaient très puissants. Néanmoins, il ne s'était jamais défini comme quelqu'un de dangereux. Serait-ce possible qu'il se trompe sur son propre compte ?