Chaebol

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Seo-Joon tenait le col de son manteau fermement, essayant de bloquer le froid qui tentait de s'y engouffrer subrepticement. Il regarda autour de lui, plissant les yeux dans la nuit noire, et frotta ses mains l'une contre l'autre pour tenter de se réchauffer.

— C'est vous.

Il se retourna vivement pour faire face à un homme assez grand et trapu. Il avait des épaules carrées, et des mains aussi larges que le visage du garde. Il portait une veste en cuir noir, sa barbe était mal rasée, et il mâchait un chewing-gum de façon bruyante.

— C'est moi, affirma Seo-Joon en ouvrant sa veste pour y saisir l'enveloppe.

— Pas ici, l'arrêta l'homme. Suivez-moi.

— Que... d'accord...

Le garde suivit l'homme dans une sorte de zone défavorisée. Ici, des cahutes, des bicoques en contre-plaqué aménagées à même la rue, où semblaient vivre des gens tous plus pauvres les uns que les autres. La crasse était omniprésente, et des effluves de fritures et de nourriture réchauffée s'insinuèrent jusqu'à l'homme, qui couvrit son nez de sa main.

Il croisa un vieil homme assez âgé, qui poussait un chariot rempli de boîtes de conserve, de bouteilles d'eau à moitié vides, et de vieux cartons. Des vêtements pendaient sur des cordes à linge fixées entre les habitations, et des enfants jouaient se passant un ballon à moitié crevé entre les ruelles très étroites. L'homme s'arrêta devant une des habitations, et vérifia autour de lui, avant de reposer ses petits yeux noirs sur Seo-Joon qui semblait perdu.

— Ici.

— Euh, oui. Voilà, dit-il en lui tendant l'enveloppe.

— Il y a le compte ? demanda l'homme en jetant un œil à l'intérieur.

— Oui.

— Il vaudrait mieux pour vous. Tenez, souffla-t-il en sortant un petit sachet de la poche de sa veste.

Seo-Joon s'en saisit, et regarda à l'intérieur, constatant que la fiole de verre était vraiment petite pour le prix qu'il venait de payer.

— C'est tout ? demanda-t-il.

L'homme se mit à rire.

— Quelques gouttes suffisent à anéantir un bataillon de soldats. Alors, ne blaguez pas avec ça. Juste quelques gouttes... dans une boisson. Le goût est neutre, il ne s'apercevra de rien.

— D'accord, merci, affirma-t-il en rangeant le tout dans sa veste.

L'homme alluma une cigarette, et tira dessus en toisant le garde.

— Vous êtes sûr de ce que vous faites ? Vous avez l'air de venir d'un quartier où les problèmes n'existent pas.

Seo-Joon passa rapidement sa langue sur ses lèvres.

— Les problèmes sont présents partout. Dans tous les milieux. Les miens sont juste différents des vôtres, c'est tout.

— Hmmm...

L'homme tira de nouveau sur sa cigarette, et Seo-Joon lui envoya un signe de tête avant de s'éloigner. Ce quartier lui faisait froid dans le dos, et pourtant, Dieu sait qu'il aurait voulu aider tous ces gens. Mais à l'heure actuelle, il voulait juste rentrer au manoir, et retrouver Hyung-Sik. Il voulait encore s'imaginer que leur vie n'avait pas changé, et qu'il ne venait pas de faire ça.

Il rebroussa chemin, rejoignant la berline noire qui l'attendait un peu plus loin. Et lorsqu'il entra à l'intérieur, il s'y sentit en sécurité, soupirant de soulagement en posant ses mains contre le volant.