Chaebol

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Les jours s'enchaînaient depuis le départ de Taehyung, et Seo-Joon ne parvenait aucunement à trouver une piste concernant la lettre. Il n'en avait pas reçu d'autres, et il commençait sérieusement à perdre espoir.

Le garde était attablé dans la cuisine, avec un café, attendant que Jungkook ne descende pour le conduire à la SNU. Il avait réussi à échanger sa place avec Bogum, et à faire en sorte d'accompagner le gamin ce matin. Peut-être qu'il savait quelque chose, lui ? Mais lorsque Jungkook le rejoignit, Seo-Joon dû se rendre à l'évidence en voyant la mine du noiraud. Il était cerné, le visage pâle, et il semblait avoir maigri. Ça faisait deux semaines que Taehyung avait quitté le manoir, et Jungkook n'avait aucune nouvelle. Il avait bien essayé de demander à Daek-Jae s'il comptait faire revenir l'héritier en fin de mois pour son anniversaire, ou pour les fêtes, mais celui-ci avait assuré qu'il était mieux là où il était. Jungkook avait donc dû encaisser devoir passer Noël sans Taehyung, et de n'avoir aucun moyen de le contacter pour la nouvelle année et son anniversaire.

Plus le temps passait, et plus Jungkook ressentait de la haine envers le chef de famille. Il lui avait tout pris, comme s'il se faisait un malin plaisir à éradiquer toute source de bonheur dans sa vie. Jungkook n'était pas retourné dans sa chambre, et avait élu domicile dans celle de Taehyung. Son odeur avait fini par disparaître de son oreiller, et le jour où la femme de chambre était venue changer les draps, Jungkook avait piqué une violente colère, refusant qu'ils soient lavés. Il avait fini par se rendre à l'évidence, et s'était excusé auprès de l'employée, avant de retirer les draps gris et blanc aux motifs lunaires lui-même, et de les apporter dans la buanderie.

— Bonjour, monsieur. C'est moi qui vous accompagne ce matin. Bogum a un empêchement.

— Très bien, je te retrouve devant, répondit le gamin.

— Vous ne mangez pas ?

— Non, je n'ai pas faim.

— Pourtant il le faut.

Jungkook émit un petit rire sarcastique, suivi d'un soufflement sonore.

— Il me semble que je suis encore assez grand pour savoir si j'ai faim ou non.

— C'est sûr. Mais vous êtes en train de dépérir. Alors, mangez. Je ne crois pas que Taehyung soit très heureux de vous voir dans cet état...

Brusquement, Jungkook contourna la table, et attrapa le garde par le col de sa chemise, le forçant à se lever, puis le colla avec force contre les meubles de cuisine situés derrière lui.

— Ne parle pas de Taehyung !! Ne dis pas ce qu'il aimerait ou non ! Tu n'en sais rien !!! Personne n'en sait rien !!

Seo-Joon fut d'abord surpris par l'agressivité de Jungkook. Mais ses yeux rencontrèrent ensuite ceux du gamin. Ses grands yeux innocents avaient disparu, et laissaient place à la colère et l'amertume. Ils étaient rougis, et cernés de noir. Il ne devait pas beaucoup dormir, pensa-t-il. Noirs et brillants, ils renvoyaient toute la colère qui animait le garçon. L'homme le regarda avec bienveillance, et serra la lettre dans la poche de son pantalon.

— Très bien. On fera comme vous voudrez. Venez, je pense que vous avez besoin de prendre l'air.

Il posa une main amicale sur l'épaule de Jungkook, doucement, afin de ne pas le brusquer, et le plus jeune desserra sa prise sur le col de sa chemise. Il arrêta de froncer les sourcils, et son visage se détendit. Il acquiesça brièvement en silence, et suivi le garde jusque sur le perron. Seo-Joon s'installa au volant de l'Audi, et demanda au jeune garçon de s'asseoir à l'avant. Jungkook grimpa dans la voiture, et demanda, étonné.