Chapitre 2

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Dans une quête pour combler le vide laissé par cet inconnu et notre rencontre étrange, je me lance dans l'action. L'urgence de reprendre pied me pousse à agir. Une inspiration profonde et je me lance dans une séance de ménage.

Rapidement, je rassemble tout le nécessaire : balais, aspirateur, chiffons, produits de nettoyage. Avec une détermination farouche, je m'attèle à la tâche, mettant toute mon énergie dans chaque geste. Chaque surface poussiéreuse est délogée, chaque recoin soigneusement nettoyé. C'est peut-être futile, mais dans cette activité frénétique, j'espère apaiser le tumulte de mon esprit et retrouver un semblant de clarté.

À la fin de cette journée éprouvante, exténuée par mes efforts, je décide de m'offrir une récompense bien méritée : un bain relaxant. L'eau chaude coule à flots, quelques gouttes d'huile essentielle pour adoucir l'atmosphère. Je me glisse avec délice dans cette oasis, la chaleur enveloppant mon corps meurtri, m'emportant vers un autre monde. Pourtant, même dans mes rêves, le sang répandu et la bague argentée ornée de deux koï en noir et blanc tourmentent mon esprit.

Je sursaute brusquement, le cœur battant la chamade, réalisant que j'ai inconsciemment avalé de l'eau, m'étouffant légèrement. Je tousse, reprenant péniblement mon souffle, avant de me relever précipitamment.

Gagnant ma chambre, je me glisse dans mon kimono, cherchant un réconfort bienvenu. M'allongeant sur mon lit, j'essaie d'apaiser mes pensées tourmentées. Fermant les yeux, je respire profondément, luttant contre les images troublantes qui hantent mon esprit. Heureusement, l'épuisement finit par m'emporter dans un sommeil agité.

Au beau milieu de la nuit, une faim dévorante me tire de mon sommeil. Alors que je me redresse, encore ensommeillée, une silhouette sombre passe devant la grande baie vitrée de ma chambre. Un frisson glacial me parcourt, alertant tous mes sens.

L'instinct de survie prend le dessus, je cherche fébrilement un objet à portée de main pour me défendre. Mes yeux cherchent frénétiquement, ne trouvant que la lampe de chevet à mes côtés. Sans autre choix, je la saisis fermement, prête à l'utiliser comme une arme improvisée.

- Qui est là ?

- C'est... moi, pétasse, répond une voix féminine qui semble alcoolisée.

- Qui êtes-vous ?

- Tu vas ouvrir... Ou je démolis la porte ! Réplique-t-elle en martelant la porte avec encore plus de force.

Prise de peur qu'elle ne réveille tout le voisinage, je cède et ouvre la porte. Je suis surprise de découvrir une jeune femme de grande taille, qui dégage une aura de mannequin. Elle est parfaitement maquillée et porte une magnifique robe courte de couleur dorée.

- Tu as mis du temps. S'exclame-t-elle en se jetant presque sur moi, visiblement incapable de rester droite.

Exaspérée par cette intrusion inattendue, je la scrute avec méfiance.

- Qui êtes-vous à la fin ? Je demande avec un ton agacé.

- Je me suis encore trompée de chalet... Désolée... S'excuse-t-elle avant de courir dégueuler dans mes toilettes.

Il paraîtrait que les chalets de cet hôtel aient une conception similaire, puisqu'elle retrouve facilement son chemin vers les sanitaires. Je la suis et lui tiens les cheveux en arrière pendant qu'elle se vide les entrailles. Une fois qu'elle a terminé, elle se lave les mains et la bouche, et s'excuse à nouveau.

- Je suis désolée de t'avoir dérangée à cette heure-ci. Je suis ta voisine dans le chalet d'à côté.

Elle me tutoie comme si nous étions de vielles amies.

-Ce n'est rien, ça arrive. Venez, je vais nous préparer du café. De toute façon, ma nuit est déjà fichue.

- Si non je suis Jennifer et toi ?

- Juliette.

- Enchanté Juliette. Elle me gratifie d'un sourire radieux malgré son aire fatiguée.

Elle s'installe naturellement dans le canapé pendant que je m'active dans la cuisine à faire couler deux expressos. Je lui propose ensuite une aspirine, qu'elle avale aussitôt. Mon esprit divague automatiquement vers la matinée que j'ai vécue, et je sens un court souffle m'envahir.

- Je viens de me faire larguer ce soir, et mes parents sont partis à Los Angeles hier. Je me suis enivrée dans la boîte de nuit la plus branchée de la ville et je suis rentrée seule. Voilà mon histoire. Me confie-t-elle.

J'écoute attentivement ses paroles, ne sachant pas vraiment quoi lui répondre face à ses problèmes de "petite fille riche".

-Tu peux passer la nuit ici si tu veux, je vis toute seule. Un peu de compagnie ne me ferait pas de mal. En réalité, j'ai besoin d'une présence, même celle d'une inconnue me conviendrait.

-Tu n'aurais pas des cigarettes ? Demande-t-elle.

- Non, désolée, je ne fume pas.

- Tu vis seule ?

- Oui...

- Tu n'as pas l'air d'être une habituée. En fait, je descends dans cet hôtel depuis que je suis petite en compagnie de mes parents, et je connais presque tout le monde ici. Explique-t-elle.

- Je suis une nouvelle arrivante.

- Tu es dans quoi ? Demande-t-elle.

- Comment ça ?

- Je veux dire, tu bosses dans quoi ? Précise-t-elle.

- Rien.

- Ah, tu es une héritière ou quelque chose du genre ! S'exclame-t-elle.

- Non, même pas. J'ai juste gagné au loto, c'est tout. Je réponds tout simplement.

-Waouh, tu dois être une grande chanceuse ! S'exclame-t-elle à nouveau.

- Ça n'a pas toujours été le cas, je t'assure. Dis-je en évitant de m'étendre sur le sujet.

Je n'ai aucune envie de raconter ma vie à une inconnue.

- Et toi, "tu es dans quoi" ? Je demande en utilisant des guillemets imaginaires.

- Eh bien, rien du tout. Je suis ce qu'on appelle une "fille à son papa". Mon père travaille dans le pétrole.

Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire en entendant cela.

- T'inquiète, je sais ce qu'on pense de moi en général, et honnêtement, je n'en ai rien à foutre. Répond-elle avec désinvolture.

- Non, c'est ta façon de le dire qui m'amuse. J'esquisse un sourire.

- Ça te dit qu'on aille à la plage demain, ensemble ? Je te ferai rencontrer mes amies, histoire que tu ne restes pas seule dans ton coin. Propose-t-elle.

- Ma solitude ne me déplait pas, tu sais. Je rétorque en restant correcte.

- Allez, ne sois pas rabat-joie. Insiste-t-elle.

- On en reparlera demain quand tu seras sobre. Je réplique

- Oui, mais mon radar de filles en manque d'amusement me dit que tu en es une, et je ne lâcherai pas l'affaire. Déclare-t-elle avec détermination.

- Tu es coriace, toi ! Je dis amusée.

- Ouai... Elle bâille de fatigue et finit par s'endormir rapidement.

Un ticket gagnant (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant