Chapitre 61

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- Juliette, bordel, parle-moi, ouvre les yeux, je t'en supplie !

La voix de Kaito, désespérée, résonne depuis les profondeurs de mon inconscience. Mes paupières sont lourdes, scellées par le poids de l'épuisement et de la douleur.

- Mon Dieu, Juliette, non, tu ne peux pas me quitter, tu m'entends !

- Elle a perdu beaucoup de sang, murmure une autre voix masculine, lointaine, presque éthérée.

- Faites quelque chose, bon sang !

Je perçois tout, je sens sa présence proche, chaude, rassurante. Mais mes forces me trahissent, incapable de produire un seul mot.

"Pardon, mon amour, je suis tellement désolée..." Des larmes silencieuses coulent sur mes joues glacées.

- Juliette... Réponds-moi.

Je sens Kaito me serrer contre lui, son étreinte désespérée me donne un semblant de courage. Je lutte pour parler, chaque mot étant un combat acharné contre l'obscurité qui menace de m'engloutir.

- J'ai... froid... parviens-je enfin à articuler, ma voix à peine audible.

- Accroche-toi, je t'en prie, murmure-t-il, sa voix brisée contre ma joue.

La nuit semble interminable, suspendue entre des éclats de lucidité et un sommeil profond et impitoyable. Des voix lointaines, des éclats de lumière aveuglante, des fragments de rêves se mêlent dans ma conscience embrouillée. La douleur est toujours là, sourde et persistante, mais le froid s'intensifie, me rendant presque insensible.

Je sens peu à peu des sensations revenir, comme si mon corps, malgré lui, refusait de céder. Kaito est là, son visage flou devant mes yeux mi-clos, sa main serrant la mienne, une ancre dans la tempête. L'angoisse et la tension dans sa voix me déchirent le cœur, mais je n'ai plus la force de pleurer.

- Kaito... murmuré-je dans un souffle, luttant pour rester consciente, pour ne pas sombrer.

Des murmures indistincts se transforment en paroles claires. La voix de Kaito me parvient, un mélange de soulagement et d'inquiétude dans chaque mot. J'entrouvre les yeux, luttant contre la lourdeur qui pèse sur mes paupières. La lumière du jour me parais trop vive, et je cligne des yeux pour m'habituer à ce nouvel environnement.

- Juliette, tu es réveillée ! s'exclame Kaito, un sourire tendu étirant ses lèvres, tandis que des cernes trahissent des heures d'angoisse sur son visage.

J'essaie de répondre, mais ma gorge est sèche, et ma voix ne s'échappe que sous forme d'un murmure rauque. Doucement, Kaito m'approche un verre d'eau que je bois avec peine. Chaque gorgée est un soulagement, un retour à la vie.

Kaito... ? Ma voix tremble faiblement, mes yeux se promenant autour de la pièce blanche et médicalisée qui m'entoure.

- Ça aurait pu être pire, mais tu as perdu beaucoup de sang. Ils ont réussi à stopper l'hémorragie, mais tu as eu une sacrée chance.

Les souvenirs reviennent par bribes, comme des éclats de verre dans ma mémoire tourmentée. La plage déserte, les tirs soudains, la douleur lancinante. Nathalie. Cette pensée assombrit mes yeux.

- Elle n'a pas survécu à l'attaque, m'informe Kaito, répondant à la question que je n'ai pas encore posée.

- Et Luna ?

- On en parlera quand tu seras sur pieds. Il sourit doucement, déposant un baiser sur mon front pâle.

- Kaito, dis-moi ce qui s'est passé, je peux supporter, s'il te plaît !

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