Chapitre 28

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"Il est 9 h 00 du matin," annonce San Francisco FM. Je suis habillée et maquillée depuis une heure déjà. Je fourre mon ordinateur portable dans ma sacoche et saisis mon sac à main au passage avant de quitter ma petite maison du quartier de la marina. Avant même que je dépasse le seuil de la porte, mon téléphone se met à sonner.

- Hey ma belle, tu es prête pour les visites ?

- Non, justement, Benjamin a de la fièvre. Désolée, tu vas devoir gérer sans moi.

- Je vois, ne t'en fais pas, occupe-toi du petit, je passerai chez toi juste après.

- Ok, merci ma chérie, tu es la meilleure.

- Je sais, dis-je en rigolant.

Les visites d'aujourd'hui se trouvent dans mon quartier. J'enfile mon casque et monte sur mon vélo. Je pédale pendant dix minutes dans le magnifique quartier de Marina District avant de m'arrêter devant la petite maison victorienne donnant sur une petite ruelle discrète et surplombée d'arbres, avec un passage réservé aux habitants uniquement, ce qui rend ce bien intéressant pour un couple avec des enfants.

J'arrive en avance pour disposer les muffins dans une assiette et les roses dans un vase. Je sors aussi la thermos à café et les gobelets en carton. Je prends une profonde inspiration et attends qu'on sonne à la porte.

J'arrive en avance pour disposer les muffins dans une assiette et les roses dans un vase. Je sors aussi la thermos à café et les gobelets en carton. Je prends une profonde inspiration et attends qu'on sonne à la porte.

Le jeune couple arrive accompagné de leur petite fille de six ans, Juliette. Un signe du ciel ou juste une pure coïncidence.

Nous sympathisons rapidement, ce qui est un très bon présage pour la suite de la vente. La petite m'apprécie et ne relâche pas ma main durant toute la visite.

Ce n'est pas ma seule visite pour ce bien, mais au fond de moi, j'espère que ce sera la leur. Je dis au revoir à la petite Juliette et à ses parents, puis je me détends avec une petite tasse de café en attendant mon prochain rendez-vous.

Les suivants sont un couple sans enfants ; la jeune épouse est styliste, et le mari travaille dans l'import-export de vin. Nous parlons d'ailleurs des vins français qu'il importe, et le courant passe très vite. Cependant, je soupçonne sa femme d'être légèrement jalouse de notre soudaine complicité, alors je détourne la conversation sur elle et sur son travail.

À la fin de la matinée, après les quatre visites terminées, je range tout dans mon panier de vélo, ferme les fenêtres et les portes, puis pédale jusqu'à la maison de Jennifer, qui se trouve à quelques mètres de la mienne.

Sa maison est l'une des plus belles de la baie de San Francisco, avec une piscine et un grand jardin entouré de palmiers, ainsi qu'une place pour son petit bateau à voile, un cadeau de naissance de ses parents. Jennifer est tombée enceinte, mais le père, un "fils à papa," n'a pas voulu assumer ses responsabilités.

- Juliette, tu tombes bien, je deviens folle. Il n'arrête pas de pleurer. Juliette m'accueille dans son pyjama taché de vomi, les cheveux emmêlés.

- Va prendre un bain et détends-toi, je m'occupe de tout.

- Ok, merci, tu es un ange.

Je monte au premier étage, dans la chambre du petit. Il pleure dans son berceau, les joues toutes rouges. Je commence par le prendre dans mes bras pour le rassurer, puis je vérifie sa température. Une fois rassuré à ce niveau, je lui change sa couche, lui fais une petite toilette, l'habille, et lui donne son biberon. Il se calme et se rendort dans mes bras. Benjamin va bientôt avoir un an, c'est un petit très joyeux et plein d'énergie. Seulement, ses dents le tracassent en ce moment.

- Tu es un ange ! Comment fais-tu pour le calmer aussi vite ?

- Rien de spécial, juste les trucs basiques.

- Non, je ne pense pas. Je fais aussi les choses basiques. Il doit simplement te montrer plus d'affection. Elle a les larmes aux yeux.

- Hé, ne te mets pas dans cet état. Il t'aime plus que tout, tu es sa maman.

Apparemment, elle est encore en proie au baby blues.

- Ce n'est pas grave, tu sais. S'il t'aime plus que moi.

- Je te promets que je ne suis pas en compétition.

- Comment se sont passées les visites ? Elle fait référence aux visites de maisons.

- Très bien, comme sur des roulettes ! Mais je meurs de faim !

- Pauvre chérie, laisse-moi commander. Que veux-tu manger ?

- Des sushis.

- Encore ?

- Que veux-tu, je suis accro.

- D'accord, je prends la même chose.

Pendant que Jennifer passe la commande, j'en profite pour sortir mon ordinateur portable et vérifier mes autres rendez-vous et mes e-mails.

- Ce soir, ça te dit de sortir ? Ma mère a accepté de garder Benjamin, à condition qu'il n'ait plus de fièvre, bien sûr.

- Oui, je voulais essayer un nouveau bar en centre-ville. Ils viennent d'ouvrir, et paraît-il que leurs boissons sont délicieuses.

- Putain, j'ai l'impression de rater tellement de choses ! Elle a encore les yeux humides.

- On aura plein d'occasions de boire et de faire la fête, ne te déprime pas. Je quitte mon tabouret et la prends dans mes bras.

Elle est tellement frêle depuis son accouchement, et cela ne semble pas s'améliorer.

- Viens vivre avec moi, je t'en supplie, Juliette.

- Jennifer, on a déjà eu cette discussion. De plus, je vis presque ici. J'ai mes affaires dans la chambre d'amis, je passe la plupart de mon temps libre et mes week-ends avec vous, sans oublier que nous travaillons ensemble.

- Tu as raison, désolée, je suis une amie étouffante.

- Non, ne dis pas de bêtises.

Quelqu'un sonne à la porte, je dépose un baiser sur le front de Jennifer et me dirige vers la porte.

- C'est le livreur, dis-je après avoir vérifié l'écran de l'interphone. Je m'occupe de ça, j'ajoute.

J'ouvre la porte au livreur, paie la commande, puis retourne à l'intérieur avec les sacs. Jennifer me convainc de passer la nuit chez elle, et je finis par accepter une fois de plus.

Plus tard, j'ai deux visites à faire dans un autre quartier résidentiel de la baie de San Francisco, que j'effectue brillamment, puisque je repars avec deux offres d'achat.

"Ça mérite une célébration ce soir", je pense, tout sourire, en rentrant chez moi.

Un ticket gagnant (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant