Un ticket gagnant (en réécriture)

Chapitre 56

Comme dans un rêve ou sur une carte postale, tout semble si beau et si parfait. Alors pourquoi cette angoisse tenace qui serre mon cœur ?

Kaito a pris la décision d'organiser une petite fête de fiançailles pour officialiser notre mariage. J'aurais préféré m'en passer, mais je n'ai ni la force ni l'envie de discuter ses décisions.

Bien évidemment, mademoiselle Du Pont s'occupe de tout comme si elle était la seule en charge de la préparation de l'événement.

Le jour J, les invités affluent petit à petit à partir de 20 heures. La soirée se déroule sur l'une des grandes terrasses de la villa, près de la piscine. Kaito me présente au fur et à mesure à ses amis et connaissances, certains étant nos voisins. Je sens que je serai dorénavant invitée à des anniversaires et mariages. Les conversations tournent autour de notre mariage, de ma grossesse ainsi que de la date d'accouchement, mais virent rapidement sur des sujets financiers, la bourse et les affaires en général, ce qui me laisse rapidement seule à flâner à la recherche de Jennifer.

Lorsque j'arrive dans un coin de l'immense terrasse, j'entends la conversation d'un groupe de jeunes femmes et de Nathalie. L'une d'elles lui demande si elle pourrait se libérer dans un mois pour son mariage.

- Je suis désolée, je suis surbookée, mais je te promets de trouver quelqu'un avec des compétences équivalentes aux nôtres.

- Merci ma belle, je sais que je peux compter sur toi.

- Mais sinon, comment se passent les préparatifs pour le mariage de Kaito-sama et de sa Française ?

"Sa Française ! Mais quelles pestes !"

- Ça se passe bien, répond-elle simplement.

- Ne nous cache rien, on sait que c'est difficile, tu as eu une liaison avec ce type quand même ! dit l'une des femmes avec insistance.

- Chut ! On pourrait t'entendre. Oui, mais rien de sérieux, tente-t-elle de minimiser.

- Vous avez couché ensemble, non ? ajoute la même femme.

Mon cœur rate un battement. Je presse ma main contre ma bouche, craignant que ma surprise ne s'échappe en un cri.

- Deux fois, pas plus.

- Tu sais que c'est l'homme le plus inaccessible de ce pays ! glousse une autre.

- Le plus sexy et le plus fortuné de l'île ! rajoute la future mariée avant de vider son verre de champagne.

- Sa Française a trouvé le bon moyen de le piéger : un bébé. Comment as-tu fait pour ne pas y songer en premier ? ajoute la dernière.

- Ça ne durera pas. Vous savez ce dont je suis capable.

- Enfin un peu de drama ! J'adore !

Les quatre femmes éclatent de rire.

Un vertige soudain me prend, comme si le sol se dérobait sous mes pieds. J'agrippe le mur, cherchant un soutien dans ce monde qui tourne subitement trop vite. Chaque pas semble un effort herculéen, et mes jambes tremblent sous le poids de l'émotion et du choc. Le murmure des conversations et les éclats de rire se mêlent en un bourdonnement indistinct, amplifiant mon malaise.

Je m'avance péniblement vers le centre de la terrasse, là où la majorité des invités sont rassemblés. Les visages flous des invités dansent devant mes yeux, se fondant en une mosaïque de couleurs et de formes indistinctes. Mon cœur bat à tout rompre, et chaque pulsation résonne dans ma tête comme un coup de marteau. Une chaleur oppressante monte en moi, contrastant avec la fraîcheur de la soirée.