Chapitre 25

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À mon arrivée, le restaurant n'est pas encore plein, mais il est en train de se remplir rapidement. Les clients sont installés à diverses tables, créant une ambiance animée et joyeuse. Le brouhaha des conversations remplit l'air tandis que les serveurs s'affairent à prendre les commandes et à servir les plats.

Je choisis une table près de la fenêtre, offrant une vue agréable sur la rue animée à l'extérieur. Les nappes blanches et les couverts étincelants ajoutent une touche d'élégance à l'endroit. Les serveurs, vêtus de vestes et de tabliers impeccables, se déplacent avec grâce entre les tables, apportant des plats exquis à chaque convive.

- Bonjour Juliette, je suis content que tu sois venue.

Je me retourne pour faire face à Axel, un sourire chaleureux aux lèvres.

- Bonjour, tu croyais que je ne viendrais pas ?

Son sourire s'élargit, soulignant le soulagement dans ses yeux.

- Pour être honnête, j'ai eu un doute.

- Pourquoi ?

Il pose son regard sur moi, semblant chercher quelque chose dans mes yeux.

- Tu as disparu de la circulation pendant des années, et te voilà en face de moi, méconnaissable. La femme que tu es devenue est tellement différente de Juliette que j'ai connue dans le passé.

- Qu'est-ce qui te fait penser cela ?

- Tu as l'air froide, et tu ne dégages plus cette sensibilité qui te caractérisait avant.

- La faiblesse, tu veux dire.

- Non, répond-il fermement, "la sensibilité n'est pas une faiblesse, Juliette.


Un silence pesant s'abat entre nous, laissant planer une lourdeur dans l'air.

- Pourquoi es-tu revenue, Juliette ? Ce soir-là, ton départ était on ne peut plus clair.

- Justement, je te dois des explications.

- Je pensais que tu voulais vivre avec moi. J'avais tout prévu, ma mère m'a aidé à meubler le studio. Pour tes dix-huit ans, je voulais prendre soin de toi...

- Axel... J'interromps, posant ma main sur la sienne. La veille de mon anniversaire, j'ai été agressée.

- Tu as encore subi des violences ? Sa voix exprime sa préoccupation.

- C'était pire... J'étais... J'étais violée par un éducateur dans les douches. Je sanglote enfin, la gorge serrée par l'émotion.

- Je... Je suis désolé, tu aurais dû m'en parler, Juliette.

- J'avais honte...

- Que s'est-il passé après ?

- J'étais placée dans un autre centre le temps de me remettre sur pied. J'ai même eu droit à une psychologue. Je tente d'ajouter une touche d'ironie pour dédramatiser, mais mon visage trahit encore des blessures profondes.

- Et le salaud qui t'a fait ça ?

- J'ai porté plainte. Il a été viré. Ensuite, j'ai entendu dire que quelqu'un l'a poignardé. Mais il n'a pas fait de prison. C'était ma parole contre la sienne. J'ai dû rester dans ce nouveau centre jusqu'à ce que je puisse me débrouiller seule.

Le visage d'Axel se crispe, sa main lâche la mienne, et il cache son visage entre ses mains.

- Tu aurais dû me contacter ! Il semble dévasté. Tout ce temps, je n'ai pas cessé de t'en vouloir. J'ai mis un temps fou à me remettre sur les rails.

- Désolée... Je murmure les larmes aux yeux.

- Non, non, ne t'excuse pas. Putain, c'est ma faute. Je n'ai pas cherché plus loin que le bout de mon nez...

Mon téléphone se met soudainement à sonner, et je sursaute en voyant le numéro de Kaito s'afficher.

- Je dois répondre. Allo ?

- Nous passons te récupérer.

- Ok, je serai là. Je raccroche aussitôt.

- C'est l'homme qui t'accompagnait la veille ? demande Axel, un sourcil légèrement relevé.

- Oui.

- Tout le monde vous a vu vous embrasser, ça a l'air sérieux entre vous.

- C'est compliqué. Je force un sourire.

- En tout cas, si tu as envie d'en parler, je serai toujours là. Il serre mes mains dans les siennes.

- Merci, Axel, tu es quelqu'un de bien. Je suis très fière de toi. Ma voix est empreinte d'émotion.

- Oh, ton bel homme est là. Annonce Axel en regardant vers la porte d'entrée.

Je me retourne pour regarder Kaito. Il pose un baiser sur mon front en arrivant à mon niveau.

- Bonjour, dit-il à l'intention d'Axel, qui se dresse pour lui serrer la main.

- Bonjour, monsieur.

- Désolé d'interrompre vos retrouvailles, mais nous avons un avion à prendre ce soir.

- Déjà ? Je demande, surprise par cette soudaine décision.

- Oui, j'ai une réunion importante à Tokyo, ma belle.

- Juliette, je peux te parler une seconde, en privé. Il lance un regard froid vers Kaito.

- Oui, bien sûr. Je reviens.

Il m'entraîne dans un coin du restaurant.

- Tu connais bien cet homme ? Il a l'air de décider de tout ?


- Tu viens de le rencontrer et tu as déjà un jugement préétabli !

- Désolé, mais il ne m'inspire pas confiance.

- Je n'ai plus dix ans, Axel, je sais ce que je fais.

- Qui est cet homme, que fait-il dans la vie ?

- C'est un homme d'affaires japonais, je l'ai rencontré sur Hawaï, et nous avons sympathisé. Je m'arrête, de peur d'en dire trop.

- Sympathisé ? Quelle est la nature de votre relation au juste ?

- C'est compliqué.

Il fronce les sourcils.

- Vous êtes ensemble ou non ?

- C'est délicat, Axel, cesse ton interrogatoire !

- Tout va bien ? Demande Kaito qui vient à ma recherche.

- Oui, on devrait rentrer.

- Juliette, tu as ma carte, appelle-moi si tu as envie de discuter.

- Oui, merci. Je l'enlace, craignant de ne pas le revoir. Au revoir, Axel.

- Au revoir.

Un ticket gagnant (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant