Chapitre 27

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Le plus difficile, ce sont les adieux, c'est pourquoi je préfère m'en passer. En effet, ce sentiment de partir en sachant qu'il n'y aura pas de retour en arrière est un poison insidieux qui s'infiltre lentement dans vos veines, contaminant votre être d'une tristesse incommensurable. D'ailleurs, j'aurais arraché mon propre cœur si j'avais eu le courage nécessaire pour mettre fin à cette douleur insupportable.

Quand j'ai appelé Diego ce soir, après notre retour de la maison de campagne, je savais parfaitement qu'un retour en arrière serait impossible.

-Es-tu sûr ? me demande encore une fois Diego.

- Oui... dis-je en sanglotant.

- Calme-toi et respire, tout ira bien, dit-il, tentant de me rassurer.

- Ne sois pas... en retard, s'il te plaît...

- Oui, tu peux compter sur moi.

Je raccroche et m'effondre sur le lit, submergée par les larmes. Je prends mon passeport dans mon sac à main.

Cette nuit-là, le sommeil m'évite, car la décision de partir définitivement, voire de fuir, me déchire les entrailles.

Je ne peux plus accepter d'être une possession. Même avec tout le respect qu'il me montre, je ne peux plus envisager d'être sa propriété.

Si Kaito a du mal à exprimer ses sentiments, je ne suis pas convaincue qu'une relation saine puisse jamais s'établir entre nous. Il est trop fier, mais surtout trop possessif. Et pour moi, la liberté a toujours été le rêve de toute une vie.

- Pardon, Kaito, mais je ne peux plus être ta possession. Luna avait raison, je suis devenue trop docile, à tel point que j'ai accepté ton emprise sur moi. Je t'aime, mais il est temps que nos chemins se séparent. Je plie la feuille en quatre et la glisse dans une petite enveloppe sur laquelle j'ai écrit son prénom."

Il est cinq heures du matin, et je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Épuisée, je parviens à me rendormir jusqu'à dix heures. Quand j'ouvre finalement les yeux, je traîne des pieds jusqu'à la salle de bain. Mon visage est effrayant à voir : des cernes bleus marquent mon visage, et ma peau est affreusement pâle. Après une douche, je me maquille légèrement pour dissimuler ma fatigue et ma tristesse, puis je descends prendre un café. Luna sait déjà que je vais faire du shopping, elle ne se doutera de rien.

Je passe d'un magasin à l'autre, accompagnée d'un garde qui me suit en silence. Lorsqu'il est presque midi, je prétexte avoir faim et entraîne mon garde dans le restaurant que j'ai choisi à l'avance. Il commande à manger et me rejoint à table. Avant que les plats ne nous soient servis, je prétexte une envie d'aller aux toilettes et sors par l'arrière du restaurant. J'ai choisi cet endroit précisément pour la possibilité qu'il offre de disparaître discrètement sans que personne ne s'en aperçoive. Diego est bien là, et dès qu'il m'aperçoit, il descend et me laisse monter à l'arrière de la voiture. Il donne l'ordre au chauffeur de démarrer.

- Tu sais que tu n'as pas à faire cela, tu es libre, Juliette.

- Il aurait réussi à me convaincre de rester.

- Je comprends, tu sembles amoureuse.

- Désolée, je n'ai vraiment pas envie d'en parler.

- Je ne te forcerai pas, mais que comptes-tu faire ensuite ?

- Partir loin, très loin, là où il ne pourra pas me retrouver. J'ai déjà réservé mon billet d'avion.

- Vas-tu me dire où tu vas ? Il me fixe droit dans les yeux.

- Je te le dirai une fois que je serai arrivée.

- Peux-tu me faire la promesse de ne pas disparaître sans laisser de trace ? Sa main caresse tendrement ma joue.

- Je promets de t'envoyer une carte postale avec mon adresse.

- Sache que je suis là pour toi.

- Je le sais, et je te suis reconnaissante pour tout ce que tu fais pour moi.

- Je n'attends qu'une chose, que tu puisses m'aimer.

- Diego...

- Ne dis rien, prends le temps de tourner cette page.

Un ticket gagnant (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant