Chapitre 41

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Une fois dans la rue, Kaito appelle un taxi qui nous dépose à Shibuya. Nous nous enfonçons dans les entrailles du quartier, de plus en plus dense, jusqu'à arriver à un bar discret. Kaito salue le barman et engage une conversation en japonais qui semble interminable. À un moment, le barman me jette un regard curieux avant de nous indiquer une porte menant à l'arrière-boutique.

Nous entrons dans une pièce où un vieux yakuza, tatoué de la tête aux pieds, est assis derrière un mur de moniteurs de surveillance. Dès que nous franchissons le seuil, il me regarde avec un sourire narquois avant de s'incliner légèrement.

- Ta copine ? demande l'homme.

- Ma copine, répond fermement Kaito pour dissiper toute ambiguïté.

J'ai failli ajouter "sa copine", mais j'avais peur que le vieil homme pense que je me moquais de lui.

- Tu as ce que j'ai demandé ?

- Un RUGER SR9, arme légère, capacité du chargeur : 17, dit-il en sortant l'arme de sa mallette et en la posant devant nous sur la table.

La vue de l'arme me déstabilise et je recule d'un pas. Le vieux fronce les sourcils et dit quelque chose en japonais avec un air pervers. Kaito, sans hésiter, saisit rapidement l'arme, insère le chargeur et tire en direction du vieux. La balle frôle légèrement sa joue avant de se loger dans le mur.

Je retiens mon souffle, au bord de l'évanouissement. Personne ne vient, ce qui signifie que la pièce doit être insonorisée.

- La prochaine sera dans ta tête, fils de pute ! hurle Kaito de toutes ses tripes.

L'homme, touchant sa joue qui saigne légèrement, affiche un sourire narquois avant de s'excuser en s'inclinant.

- J'ai compris, dit-il.

- Quelqu'un viendra dans dix minutes pour la récupérer. Kaito tape quelque chose sur son portable.

Nous quittons le bar, toujours main dans la main. Une fois dans la rue, il prend une profonde inspiration et me serre de nouveau dans ses bras.

- Qu'a-t-il dit ?

- Que je ferais mieux de te baiser au lieu de t'offrir une arme. Rien que d'y penser, j'ai envie de retourner le tuer.

Je souris, mais il ne peut pas le voir puisque ma tête est contre son torse.

- Ça ne vaut pas la peine de se salir les mains.

- Si, ça me rend fou qu'on puisse te manquer de respect.

- Tu es quand même perché, les gens offrent des fleurs, une bague ou des trucs dans le genre, toi, tu m'offres une arme, dis-je en rigolant.

- Tu voudrais une bague ?

- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire... Je le regarde dans les yeux.

- Je sais, mais crois-moi, tu auras plus besoin d'une arme que d'un bouquet de fleurs. Il est soudainement très sérieux.

- Je commence à fatiguer, j'ai dû trop marcher, dis-je un peu gênée.

- Oui, rentrons. Il m'enlace doucement, son regard toujours attentif.

- Grimpe.

Il s'accroupit devant moi, m'offrant son dos musclé.

- Non, ça va aller, je peux encore marcher.

- Grimpe, Juliette, insiste-t-il.

- Tu es sûr ?

- Oui !

- Ok, si tu insistes.

Nous continuons ainsi jusqu'à la fameuse intersection de Shibuya. Contrairement à ce qu'on a l'habitude de voir dans les films ou les documentaires, l'endroit est vide à cette heure-là, seulement quelques personnes çà et là. Je descends de son dos et nous reprenons la marche jusqu'à l'un des immeubles vitrés du beau quartier.

Un ticket gagnant (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant