Chapitre 60

380 22 1
                                    

Kaito disparaît immédiatement après les funérailles de Hichiro. À la sortie du crématorium, une atmosphère lourde et oppressante m'enveloppe. Sakura, impassible, m'incite à monter à l'arrière d'une Mercedes noire aux vitres teintées de la même couleur, son visage dénué de toute émotion.

- S'il vous plaît, son visage est dépourvu d'émotions.

- Je veux parler à Kaito. Mes dents grincent de colère.

- Ce sont les ordres de maître Kaito. Vous devez monter dans cette voiture. Quatre hommes se positionnent derrière lui, l'air menaçant.

- Vous vous foutez de moi !

- Madame, s'il vous plaît, ne me forcez pas à utiliser la manière forte.

- Pardon ! Je suis sidérée, comment osent-ils.

- Montez, s'il vous plaît, insiste-t-il, le visage fermé.

Je fais ce qu'il demande, mais avec l'intention de ne pas en rester là.

Lorsque nous atteignons la villa, mon téléphone se met à sonner.

- Bordel ! Kaito ! Je réponds, furieuse.

- Juliette, ne m'en veux pas, mais il est nécessaire que tu sois loin de tout ça. Tu dois me faire la promesse de rester tranquille à la maison.

- Kaito, dis-moi ce que tu comptes faire au juste ?

- Nous allons piéger ce fils de pute.

- Tu vas avec la police ? Rassure-moi...

- Non, je ne peux pas risquer la vie de Luna.

- Tu vas avec qui alors ?

- Mes meilleurs hommes, je leur fais confiance.

- Je mourrai si quelque chose t'arrive, je finis par avouer, la gorge nouée.

- Tout ira bien, car tu es mon ange gardien.

- Promets-moi de revenir en vie !

- Je t'en fais la promesse.

- J'ai peur Kaito, je veux être avec toi, s'il te plaît...

- Je sais ma chérie, Juliette...

- Je sais, moi aussi Kaito.

Il raccroche brusquement, me laissant figée dans la voiture, comme si le poids de l'inquiétude avait pris possession de mes membres. Lorsque je parviens enfin à quitter l'habitacle, mes jambes menacent de céder sous l'incertitude qui m'accable. C'est alors que l'homme nommé Sakura intervient, me soutenant délicatement jusqu'à ma chambre. Bienveillant, il me propose son assistance en me demandant si j'ai besoin de quelque chose. Confronté à mon silence, il choisit finalement de s'éclipser, respectant peut-être la nécessité de solitude dans laquelle je me trouve.

Étendue sur le lit, mon corps adopte une position quasi fœtale, immergé dans un tumulte de réflexions. Les interrogations affluent, se bousculant comme les vagues d'un océan en tempête. Et si cet échange prenait une tournure néfaste ? Et si... et si...

Un violent mal de tête me pèse, me poussant enfin à me lever et à rejoindre la salle de bain. Après avoir soigneusement rincé mes mains et mon visage, je m'observe quelques instants dans le miroir. Là, dans le tiroir, je trouve une boîte d'aspirine que je prends.

Je me répète mentalement que je dois rester forte. Il m'a fait la promesse, c'est un homme intelligent, conscient de ses actes. J'ai confiance en lui, je dois maintenir cette conviction, tout se passera bien.

Les heures s'égrènent sans la moindre nouvelle. Je tente en vain de discuter avec les hommes qui montent la garde devant la villa, mais ils ne font que sourire, échangeant des mots en japonais comme si mes paroles leur étaient étrangères. Dans un état de désespoir grandissant, je me réfugie finalement dans la cuisine. Prévoyant une nuit longue et pénible, je me prépare un café fort, espérant trouver un peu de réconfort dans l'amertume du breuvage.

Un ticket gagnant (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant