Chapitre 45

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Dans les heures tardives de la nuit, le grondement des moteurs envahit l'entrée de la villa. En hâte, j'enfile mon manteau long sur ma chemise de nuit et me précipite dans la cour. Ryota, d'un geste solennel, ouvre la portière pour permettre à son chef de sortir. Celui-ci arbore un bras en écharpe, une touche de vulnérabilité dans sa prestance habituellement imperturbable.

Je reste figée dans l'ombre, captivée par sa silhouette, alors qu'il échange quelques mots avec Ryota avant de s'éclipser à travers le jardin en direction de son bureau. Étrangement, je suis paralysée par l'incapacité de me rendre à ses côtés, mais le soulagement m'envahit à la simple vue de son état. C'est une maigre consolation qui me guide lorsque je me résigne et regagne ma chambre. Mais le sommeil me fuit, laissant mon esprit tourmenté.

Le lendemain, je suis réveillée par une agitation nouvelle qui s'est emparée de la maison. Les hommes de Kaito sont tous drapés de noir, une aura de gravité planant sur eux sans exception. Luna apparaît au moment où j'ose faire un pas hors de ma chambre, élégante dans un tailleur sombre assorti d'une chemise de la même teinte.

- Qu'est-ce qui se passe là ? Je demande, l'humeur assombrie.

- Bonjour, Juliette. Tu as de terribles cernes, constate-t-elle.

- Je n'ai pas dormi, désolée. Bonjour.

- Nous allons assister aux funérailles de Marie. Tu ne peux pas venir, déclare-t-elle avant même que j'aie le temps de poser la question.

- Pourquoi ? Je veux être avec lui.

- Ce n'est pas possible. Tu étais sa rivale, sa famille ne verrait pas cela d'un bon œil.

- Et votre présence serait bien vue ?

- C'est un devoir. Il serait déshonorant de ne pas y assister.

- Je vois. Puis-je au moins regarder de loin ?

- Juliette...

- S'il te plaît, Luna. Je ne te demande jamais rien...

- Tu dois me promettre de rester discrète.

- Je te le jure !

- Va mettre une robe noire et des lunettes de soleil, s'il te plaît.

- D'accord.

Je choisis une robe noire simple, aux manches descendant jusqu'aux genoux, que j'accompagne d'un chapeau d'hiver et de lunettes. Luna vient ensuite me chercher, m'expliquant que je ne dois en aucun cas me montrer devant Kaito.

Elle m'informe que la veillée funèbre s'est déroulée hier, ce qui explique le retour tardif de Kaito.

- Aujourd'hui, ce sont les obsèques laïques », m'annonce-t-elle.

-  Que dois-je faire ? demandè-je.

- Reste en retrait. Observe, mais ne t'implique en rien. Tu ne dois pas te faire remarquer », insiste-t-elle.

Nous avançons avec les autres invités dans une salle dédiée aux funérailles. Au centre, trône la photo de la défunte, entourée de roses rouges. Le choix de la couleur est frappant. Elle devait aimer cette teinte. Soudain, le souvenir des roses que Kaito m'offrait refait surface dans mon esprit. "Putain, il avait l'habitude d'en offrir à cette femme ! " Je sens mon pouls s'emballer.

Kaito se tient aux côtés des parents de Marie. La mère semble effondrée, peinant à rester debout. Je ne supporte plus cette scène et préfère sortir prendre l'air.

Une fois dehors, je remarque un petit jardin sur ma droite et n'hésite pas une seconde.

Je respire profondément l'air frais et pur de cet endroit splendide, un petit paradis sur terre. Les arbres forment une sorte de coupole autour d'un chemin menant jusqu'à un petit lac, où des carpes colorées évoluent dans une eau pure et transparente. Je contemple mon reflet à la surface et des larmes coulent instantanément.

Un ticket gagnant (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant