Un ticket gagnant (en réécriture)

Chapitre 51

Daren revient au début de la matinée avec le petit déjeuner.

- Oh merci, c'est gentil de ta part.

- Non, ce n'est rien. Comment vas-tu aujourd'hui ?

- Bien, la gynécologue dit que je peux rentrer ce midi.

Kaito sort à ce moment-là de la salle de bain.

- Oh, vous êtes là, dit Daren, presque déçu.

- Oui, c'est bien normal, non ? réplique Kaito en fronçant les sourcils.

- Il est arrivé tard hier, dis-je comme pour justifier une présence qui ne devrait pas nécessiter d'explication.

- Bien, tant mieux, c'est une bonne chose, dit Daren, tentant de se rattraper.

- Tu devrais refaire l'échographie. Je peux demander à ma collègue de vous en faire une.

- Oh, ce serait génial ! Merci.

- Oui, merci, dit Kaito sans enthousiasme.

- Je vous laisse.

Alors que je prépare ma valise pour la sortie, la gynécologue arrive avec tout le matériel d'échographie.

- Vous êtes prêts ?

- Oui. Je réponds pour nous deux.

Kaito reste silencieux, probablement ému ou angoissé. Le son des battements de cœur a toujours un effet puissant sur moi, et je sens presque les larmes monter. Kaito me serre la main, les yeux rivés sur l'écran, écoutant attentivement les explications du médecin.

- Bon, souhaitez-vous connaître le sexe ?

- Oui, répond enfin Kaito.

Je fais oui de la tête.

- Eh bien, c'est un garçon, annonce-t-elle simplement.

Nos regards se croisent, et un doux sourire éclaire le visage de Kaito. Il n'est pas du genre démonstratif, mais cette fois, il peine à cacher son bonheur. Il détourne le regard, mais je sais déjà qu'il est aussi heureux que moi.

Lorsque nous nous retrouvons seuls, Kaito semble ailleurs, préoccupé par quelque chose.

- Juliette, tu vas devoir rentrer avec moi. Ce n'est plus négociable.

- Ici ou ailleurs, si quelqu'un nous veut du mal, rien ne l'arrêtera, tu sais, dis-je calmement. J'aimerais avoir ce bébé dans un vrai foyer, cesser de vivre dans l'angoisse de te perdre, ne plus compter les jours et les nuits dans l'attente de ton retour...

- Je ne sais pas quoi te répondre. J'ai besoin de réfléchir. Mes nouvelles responsabilités m'imposent d'être au Japon et...

- Responsabilités, chiffres, bénéfices...

- Ok, j'ai compris. J'ai besoin de prendre l'air.

Il saisit sa veste et sort.

- Et merde ! Je tape du poing sur le lit.

Sur le chemin du retour, un silence gênant s'installe dans la voiture. Kaito a le visage fermé et ne semble pas ouvert à une nouvelle conversation. Je laisse tomber pour le moment et regarde par la vitre jusqu'à notre arrivée.

- Je reviendrai demain.

- Tu pars comme ça ?

- J'ai des choses à régler.

- Ok, je réponds, feignant l'indifférence alors que je bouillonne intérieurement.

Il fronce les sourcils, comme s'il pouvait lire en moi.