Chapitre 32

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Ce lundi, ma première visite immobilière est prévue vers dix heures. J'ai reçu une notification par e-mail indiquant une demande de visite pour une maison, avec une date et même l'heure précises, sans mentionner la personne intéressée par la propriété. Lorsque la sonnette retentit à la porte, je réajuste légèrement ma jupe crayon. J'ai opté pour une tenue composée d'une chemise légère aux tons blanc cassé. Je prends une profonde inspiration, mais mon cœur s'accélère lorsque je découvre que c'est Kaito qui se tient là.

Mais que fait-il ici ? En plus de mon cœur qui palpite, mes jambes ne me portent plus.

- Bonjour, Juliette.

- Kai... to... Je balbutie.

Mon Dieu ! Il est juste canon dans son t-shirt noir, qui habille merveilleusement ses muscles.

- Puis-je rentrer ?

Je m'écarte, choquée de le revoir aussi tôt, et le laisse passer. Il va prendre un cookie dans la cuisine et croque dedans.

- Tu dois partir, j'ai des visites à faire.

- Je suis au courant, je suis là pour ça.

- Pour la visite ?

- Oui. Il affiche un large sourire de quelqu'un qui vient de remporter une victoire.

- Que veux-tu, Kaito ?

- Visiter la maison, je viens de te le dire. Tu ne peux pas m'échapper, tu sais. Il a l'air amusé.

- Retourne d'où tu viens, Kaito. Dis-je en le défiant du regard.

- Je suis venu acheter cette maison, je compte aller nulle part.

- J'ai d'autres visites, si tu as fini ton manège, je veux bien travailler.

- J'achète cette maison, je te donne le double. Son regard continue à défier le mien.

- Ok, faisons la visite. Je réponds, les dents serrées.

Je prends une profonde inspiration et lui montre les pièces une à une. Kaito fait mine de s'intéresser, mais je sais pertinemment qu'il cherche juste à me déstabiliser. À la fin, nous retournons dans le salon pour faire le point.

- Alors ? Je croise les bras, irritée.

- Je vais quand même l'acheter.

- Pourquoi ? Je lève les bras au ciel.

- Ce n'est pas la bonne question. La vraie question, c'est combien. Et comme je l'ai dit, ça sera le double. J'apprécie beaucoup le quartier et la vue sur la baie.

- D'accord. Je préviens la propriétaire, mais tu ne paieras que le prix demandé.

- Tu n'as pas le sens des affaires, ma belle.

- Ne t'en fais pas, je gagne bien ma vie. Je lève les yeux au ciel.

Il avance vers moi, mais je recule rapidement. Il saisit mon bras avec force.

- Tu m'as manqué, me murmure-t-il à l'oreille.

Il s'apprête à m'embrasser, seulement, je détourne le regard pour l'éviter.

- Bonjour, dit une douce voix féminine.

"Dieu merci, elle arrive à point nommé."

- Mme Williams, je repousse Kaito pour accueillir convenablement ma cliente.

- Je peux revenir plus tard, rétorque-t-elle.

- Non, monsieur s'apprêtait à partir.

- Bonjour, Mme, dit Kaito en s'inclinant légèrement avec le sourire.

- Bonjour, répond la vieille dame.

- Malheureusement, la maison est déjà vendue, s'adresse-t-il encore à ma cliente.

- La décision n'est pas encore prise. Je le foudroie du regard.

- Excusez-moi, Mme Williams, je reviens.

Je fais signe de la tête à Kaito de me suivre à l'extérieur.

- Tu dois partir maintenant, s'il te plaît. Je lui demande discrètement.

- Si tu le demandes aussi gentiment. Mais je reviendrai, tous les jours s'il le faut.

- C'est une menace ?

- Pourquoi te menacerais-je ?

- Au revoir, Kaito.

- À bientôt, Juliette.

Je referme la porte derrière lui. "Ouf ! Je peux enfin respirer."

- Désolée. Je dis à l'intention de la vieille dame.

- Un fiancé ?

- Oh non, juste un ami.

Elle sourit, mais ne pose pas plus de questions. Elle a dû comprendre que c'est plus compliqué qu'il n'y paraît.

Mes visites terminées, je peux enfin appeler Jennifer. J'ai juste besoin de parler, et elle saura trouver les mots.

Il est là. Il est venu à ma rencontre le soir du samedi dernier, mais je ne pensais pas qu'il reviendrait aussi vite.

- Calme-toi, explique-moi lentement ce qui s'est passé.

- J'arrive chez toi... J'ai du mal à respirer.

- Ok, je t'attends, Benjamin dort, on pourra discuter tranquillement.

Je laisse mon vélo devant la maison que j'ai visitée en dernier et appelle un taxi. Mon cœur bat si fort et mes jambes sont si faibles qu'il m'est impossible de pédaler.

À mon arrivée, Jennifer est assise dans le jardin avec son baby-phone, en train de m'attendre.

Elle me serre fort dès que j'arrive à son niveau.

- Ma pauvre ! Dit-elle. Tu as une mine affreuse.

- Je peux dormir ici ce soir ?

- Oui, bien sûr, tu sais que tu es la bienvenue.

- Merci. Je la serre dans mes bras à mon tour.

- Bon, raconte-moi.

- Il est venu visiter l'une des maisons, d'ailleurs, il l'a achetée, il voulait même me donner le double !

- Non, tu n'es pas sérieuse ?!

- Tu t'en doutes bien que j'ai refusé.

- Comment a-t-il fait pour te retrouver, aucune de nous n'est présente sur les réseaux sociaux.

- Il savait où j'étais le jour même où j'ai quitté le Japon.

- Quoi ?! Et il n'a rien fait ! Elle a l'air plus choquée que moi.

- Oui, je meurs d'envie de savoir pourquoi.

- Il faut quand même que je te fasse une confidence, je suis contente qu'il soit là, mon cœur bat tellement fort qu'il va finir par quitter ma poitrine.

- Juliette, si tu es amoureuse alors pourquoi lui résister.

- Parce que tout ce qu'il veut, c'est me posséder. Quand je lui ai fait part de mes sentiments, il s'est braqué.

- Certains hommes ne savent pas exprimer leurs sentiments.

- Je ne sais pas, je vais prendre une douche.

- Ok, je prépare le dîner.

- Tu vas cuisiner ?

- Euh, ma mère m'a apporté plein de plats à réchauffer.

- Je me disais aussi. Dis-je en rigolant.

- Arrête, je peux le faire si je veux. Elle fait semblant de bouder.

- J'y vais. Je pose un baiser sur son front.

Mes pensées ne cessent d'aller vers Kaito. Dieu, qu'il est sexy ! Je suis consciente de la torture que c'est de vouloir l'éloigner, seulement, j'ai réussi à résister tout ce temps sans sa présence, et je ne compte pas me laisser manipuler maintenant qu'il est dans les parages.

Un ticket gagnant (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant