Chapitre 52

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Cela fait maintenant une semaine que nous sommes à Hawaï. Je ne croise Kaito que rarement, et nos échanges se limitent à de simples "bonjour" et "bonsoir".

Jennifer me fait la tête. Elle ne comprend pas comment on a pu partir ainsi, précipitamment, sans raison apparente et sans prendre le temps de mettre de l'ordre dans nos affaires. Et, franchement, je la comprends. Seuls ceux qui ont quelque chose à se reprocher fuient en pleine nuit avec le strict minimum. Pourtant, bien que je comprenne sa colère, je n'ai aucune envie de l'impliquer dans cette histoire. Elle n'a pas les épaules pour porter un tel fardeau.

Aujourd'hui, c'est décidé, je vais sortir coûte que coûte et faire un tour en ville ! Mon réveil sonne à cinq heures pile, l'heure à laquelle Kaito part faire son jogging. Je le sais parce qu'il m'arrive de l'espionner. Il faut avouer qu'il me manque.

Je pénètre dans la cuisine, déterminé.

- Je veux sortir.

Kaito lève les yeux de son journal, à peine intéressé.

- Bonjour.

- Oui, bonjour. Son indifférence me crispe déjà. Formidable! je lève le regard au ciel et attends une réaction de sa part.

- Tu es matinale, remarque-t-il.

- Je veux sortir, j'étouffe.

- Tu as tout ici, une piscine, un vaste domaine pour marcher ou même faire du vélo, répond-il calmement.

- Je veux aller en ville, j'ai des choses à acheter.

- Commande sur internet.

- Est-ce que tu m'entends quand je parle ? J'étouffe ! je crie, perdant tout sang-froid.

- J'ai entendu et je t'ai donné la solution. Ne te mets pas dans cet état, pense au bébé.

- Ce n'est pas une solution. Me tiens-tu prisonnière, Kaito ?

- Tu n'es pas en état de sortir, Juliette. Tu es instable en ce moment.

- Qui a décidé une chose pareille ?

- Moi.

- Tu te fiches de moi ?

- Non, je t'aime et je ne veux pas que quelque chose t'arrive.

- Alors laisse-moi sortir. J'ai la gorge serrée et je suis sur le point de craquer. Je lui tourne le dos, craignant que mes larmes me trahissent.

Il s'approche et m'entoure de ses bras, mon corps frissonne. Je le désire plus que jamais, je l'aime plus que jamais. Alors pourquoi suis-je en train de me convaincre du contraire ?

- Tu me manques, dit-il en posant un baiser sur mon épaule légèrement dénudée.

"Toi aussi, si seulement je pouvais te le dire à haute voix."

- Tu peux sortir, mais accompagnée. L'ambassadeur du Japon fête ses quarante ans de mariage et nous sommes invités. Sois prête à vingt heures.

Il saisit sa bouteille d'eau près de moi sur le plan de travail et m'abandonne là. Je m'assois aussitôt sur le sol froid et pleure à chaudes larmes jusqu'à ce que la fatigue m'emporte et que je m'endorme.

À mon réveil, je suis dans mon lit, sous les draps, les rideaux tirés.

Je regarde le réveil.

- Six heures du soir ! Putain ! Comment j'ai pu dormir tout ce temps ?

Je n'ai pas réussi à sortir, et maintenant je dois me préparer pour une soirée à laquelle je n'ai absolument aucune envie d'assister. Je lève les yeux au ciel, le désespoir et la frustration m'envahissant, puis me laisse tomber en arrière sur l'oreiller.

Un ticket gagnant (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant