Mes pas résonnaient sur le caveau défraîchi depuis longtemps tandis que j'avançais avec ma capuche enfilé tête baissée dans le dédale de rue étroites et humide.
Il avait plu cette nuit. Et si désormais cela s'était arrêté, l'eau qui s'était accumulé tout au long finissait d'être évacué et ruisselait sur la route avant de finir emporter dans les gouttières. Je marchais en plein milieu de la chaussée, c'était plus sûr pour mes chevilles. Il y avait bien des trottoirs seulement ceux-ci étaient parcourus de fissures, trous et crevasses, dans lesquels il était simple de poser un appuis par inadvertance et de tomber à plats ventre. Le premier jour, j'avais fait ma bonne citoyenne et marché dessus, j'en avais payé le prix fort en me tordant lamentablement la cheville. Ce jour là j'avais dû aller à mon premier jour de travail et revenir en boitant.
Depuis je ne m'aventurais plus sur ces trottoirs de malheur et restais bien à l'abri sur le bitume de la route. Bien que des véhicules pouvaient circuler sur celle-ci et qu'elle soit cabossée, elle restait néanmoins l'endroit le plus sûr de la rue.
Je posais mon pied dans une flaque caché dans l'ombre d'un bâtiment et ma bottine fit le chuintement reconnaissable entre mille d'une chaussure mouillé s'écrasant par terre. Je laissais échapper un soupir de consternation et de ma main replaçais une mèche de cheveux qui barrait mon visage derrière mon oreille.
Tournant au coin d'une rue plus large que les précédentes, je m'engouffrais dans la dernière ligne droite qui me ferai sortir du quartier. Je dépassais sans m'arrêter et en prenant soin de ne pas regarder le groupe de fumeurs plus que douteux qui était posté sur les marches menant à l'entrée d'un immeuble gris et massif, en tout point semblable à ses voisins et à tous les autres. Tous les matins je sortais très tôt et tous les matins je les croisais, installé dans un coin sombre en train de chuchoter bruillamment. Ce jour là n'était pas différents des autres et je passais devant eux sous leurs sifflements moqueurs et joueurs.
Je ne m'arrêtais pas, fit semblant de ne pas les avoir entendu et vit du coin de l'œil un homme baraqué et au crâne dégarni se lever pour me surplomber de toute sa hauteur. Les bras large et musclés, il portait un sweat noir sur son torse carré et un pantalon en treillis avec suffisamment de poches pour camoufler tout un arsenal.
— Alors p'tit muguet, tu n'viens même pas m'dire b'jour? Me lança t-il de sa voix grave tout en bloquant mon chemin.
Sortant les mains de mes poches je relevais la tête en haussant un sourcil et le dévisageais sans peur bien qu'il fasse deux tête de plus que moi. C'était un vrai colosse, le genre de personne sur lequel il suffisait de jeter un seul regard pour comprendre qu'il valait mieux ne pas les énerver et que la vie n'avait pas été très tendre avec eux. Mais moi j'étais la fille caché sous la capuche, le masque, de la célèbre Raven des Titans. J'avais combattus bon nombre de vilains et de personnes issues de la pègre qui semaient le chaos autour d'eux, alors ce n'était sûrement pas ce grand nounours qui allait m'effrayer et encore moins me faire reculer.
— B'jour, dis-je en tournant exagérément les yeux vers le ciel où pointaient les premiers rayons du soleil.
Il éclata d'un grand rire roc et bourru qui se répercuta sur les murs humides de la ruelle. Puis d'un geste tout naturel vint entouré mes épaules d'un de ses longs et puissants bras et me rapprocha de lui. Je ne cherchais pas à me défaire de son étreinte et me laissant faire je me contentais de lâcher un râle de mécontentement.
— Toujours à l'heure et aussi pressé à s'que j'vois p'tit muguet. Me dit il le sourire aux lèvres une fois remis de son fou rire.
Cette fois-ci face au visage jovial et en constatant la présence d'étincelles de joie dans son regard je ne pu m'empêcher de faire tomber le masque. Un mince sourire s'invita sur mon visage, pas un factice, pas un de ceux que j'affichais lors de mon travail ou même dans la rue par politesse ou pour sauver les apparences, non un vrai sourire, réel et empreint de sincérité. Puis me reprenant, je fixais un air sérieux sur mon visage et haussais les épaules avec dédains.
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Sombre Présage - Fanfiction TITANS / DC Univers
Fiksi PenggemarSombres sont les mots du corbeau, Obscures sont les maux du rouge-gorge, Pourtant clair est leur chant. Depuis les évènements qui avaient failli m'arracher tout ce à quoi je tenais, je m'étais jurée de tout faire pour les protéger. Tout, absolument...