°•./Chapitre 28\.•°

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Immobile, statufiée et les yeux perdues dans celle de mon ami et frère d'arme à mes pieds, c'était à peine si je respirais. Les pupilles vides je ne pensais plus à rien, j'étais perdue dans un monde de douleur et souffrance où la peine était un vaste océan déchaîné qui menaçait de m'engloutir à chaque vague destructrice. Son visage défiguré et ses iris dénuées de vie étaient autant de souvenirs qui se gravaient dans ma mémoire à l'aide d'un tissons ardent.

Je n'aurai du dire combien j'étais restée là. Des jours, des heures, des minutes, des secondes peut-être. Le temps n'avait plus d'emprise sur moi ou plutôt noyée dans mon propre malheur je ne sentais plus son pouvoir sur moi. Qu'importait combien de temps avait passé, je m'en fichais. Il n'était plus là. Il n'était plus là, il était parti et il gisait là, tout près de mes orteils. Si près de moi et pourtant hors d'atteinte. Très peu d'endroits me sont inaccessibles, je pouvais me téléporter où je le souhaitais néanmoins là où il s'était rendu avec sa famille était l'un des rares lieux dans lequel je ne pouvais m'aventurer. Du moins pas encore. La Mort gardait précieusement et consciencieusement les portes de son royaume fermées aux indésirables et personne ne le pénétrait sans son consentement.

À moitié absente, je m'agenouillais au côté de mon ami et d'une main délicate posais ma paume pâle contre son front glacé et maculé de sang à peine sec. Ne me souciant guère de la rendre poisseuse je châssis doucement une mèche brune de son front mâte. Puis sans jamais le quitter des yeux je faisais glisser lentement et avec légèreté mes doigts jusqu'à clore ses paupières et lui offrir le repos qu'il méritait tant. La perte de contact avec son regard me fit prendre une brusque inspiration et ma main toujours poser sur lui s'agita de petits tremblements. Je la retirais immédiatement ne voulant pas bouleverser son sommeil éternel et vint la plaqué contre ma poitrine.

Songeant qu'il fallait prévenir Conner qui devait toujours m'attendre dans la rue en faisant le guet je me relevais souplement. Il fallait que je lui dise qu'il ne servait à rien de surveiller d'éventuels agresseurs puisque le danger était déjà passé et qu'il avait mené sa mission à bien. Seulement au moment de partir mes jambes refusèrent de bouger. C'était comme si mes pieds étaient cloués au sol. Mon regard violet non plus ne voulait pas se détourner des cadavres empilés tout près et mes mains se remirent à s'agiter de spasmes. C'est alors que je pris conscience d'un élément qui aurait pourtant dû me sauter aux yeux. Je passais rapidement du visage du père surmonté d'un grand un au niveau de la joue gauche jusqu'à celui de la mère avec un deux sur la joue droit pour finir sur le fascié de Jaime avec gravé un trois sur le front.

Un. Deux. Trois. Il y avait trois cadavres comme l'indiquait les chiffres ciseler à même la chaire des malheureux. La famille des Reyes était quatre, les parents, Jaime et sa petite sœur. Ils étaient quatre et non trois. Si eux étaient ici alors où se trouvait la sœur ? Déployant mes sens je pivotais sur mes talons pour englober du regard la salle. Celui-ci se fixa sur un point invisible devant moi et je fronçais les sourcils. Maintenant que j'étais concentré et en pleine possession de mes moyens la sensation presque imperceptible qui s'accrochait toujours à mon épiderme en présence d'une autre magie que la mienne se fit désagréablement ressentir.

En quelques pas seulement je délaissais les corps et m'avançais au centre de la pièce. Droite comme un i, j'étudiais le mur invisible dressé à quelques centimètres de moi relevant des détails que d'autre que moi n'aurait sûrement pas remarqué. Si la parois qui n'était pas perceptible par le regard ce n'était sûrement pas le cas du toucher. La magie avait toujours une consistance et pour quelqu'un comme moi qui vivait perpétuellement à son contact reconnaître quand je me trouvais en présence de magie était chose aisée. Je rassemblais une petite part de mon sombre pouvoir au creux de ma paume droite et vint appuyé celle-ci contre ce qui a première vue n'était que du vide. Je rencontrais une résistance alors je procédais de la même manière de la main gauche et la fit rejoindre la première.

Sombre Présage - Fanfiction TITANS / DC UniversOù les histoires vivent. Découvrez maintenant