Chapitre 19

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Seokjin sourit de la réaction de son collègue, qu'il avait remarquée. Ce fut seulement quelques instants plus tard, après s'être perdu dans les prunelles de son petit ami, que Taehyung se rendit compte de la présence d'un nouvel arrivant.

« Oh, bonjour ! clama-t-il joyeusement. Ça va toujours ?

— Euh, o-oui, et toi ? bredouilla Namjoon.

— Ouaip, toujours ! »

Il offrit un bisou esquimau à Jimin, puis, affectueux qu'il était, il se blottit contre son cou, les bras enroulés autour de sa nuque. Son copain lui caressait tendrement le dos et lui embrassa la joue. Quelques instants plus tard, les voilà tous en train de déjeuner en échangeant à propos de choses et d'autres.

Sujet principal : Noël, bien évidemment.

« Tu m'achèteras un sucre d'orge ? demanda Taehyung à son copain en esquissant une moue exagérée.

— Tu peux pas te le payer toi-même ? Y en a à toutes les caisses du magasin, râla Jimin.

— Oui, mais si c'est toi qui me l'offres, il aura un goût bien meilleur.

— Parce que je l'aurais léché avant ?

— Ah laisse tomber, j'en veux pas, finalement.

— Jaloux du sucre d'orge ? »

Taehyung mit quelques instants à comprendre la réplique, mais le ton taquin et le regard équivoque de son petit ami lui permirent de saisir ce qu'il sous-entendait.

« Jimin-ah, pas devant les hyungs ! »

Désormais assis juste à côté de lui, Taehyung donna un coup d'épaule à Jimin qui pouffa. Fort heureusement, pendant ce temps, Seokjin avait entamé avec son nouveau collègue une discussion bien plus sérieuse, au sujet de ce qu'ils verraient dans l'après-midi.

Une heure plus tard, donc, de nouveau seuls, les deux garçons se promenèrent dans le magasin, saluant les employés et discutant plus longuement avec les différents chefs de rayons. La journée passa à une vitesse affolante, si bien que lorsqu'ils se retrouvèrent dans leur bureau pour faire le bilan de tout ce qu'ils avaient pu voir, ils se demandèrent s'ils n'avaient pas oublié un rayon.

« Non, c'est tout bon, songea Seokjin. Bon, alors, qu'est-ce que t'en dis ?

— C'est un endroit agréable, on sent que chacun se plaît beaucoup ici, affirma Namjoon.

— C'est le cas, oui.

— Je dirai à mon père que je ne compte virer personne. Je veux que le rachat se passe dans les meilleures conditions.

— Comment ça ? tiqua immédiatement son aîné.

— De quoi ?

— Tu comptais virer des gens ? C'était pas dans le contrat, ça, on m'en avait pas parlé.

— Ah bon ? Si, pourtant c'est indiqué qu'on licenciera autant de personnes que nécessaire pour optimiser les bénéfices du magasin.

— Putain mais arrête avec les bénéfices ! Je te parle pas de chiffres mais de personnes ! Des gens qui ont un cœur qui veut bien plus que le salaire qu'on leur verse ! » s'énerva Seokjin.

Et voilà, de nouveau il était question d'argent, de revenus, et ça l'insupportait. Le magasin gagnait largement de quoi perdurer, sa réputation n'était plus à faire, et ça grâce au travail acharné d'employés qui aimaient leur emploi et s'y consacraient avec passion. Les recettes n'avaient rien à voir avec ça, et le jeune patron détestait évoquer ce sujet – surtout s'il était question de virer des employés, qu'il considérait comme une part de sa famille.

« Oh, du calme, pas besoin de me parler de cette manière. Je te rappelle que si ton magasin existe, c'est justement parce qu'il est rentable, alors faut faire en sorte qu'il le reste. Et pas seulement celui de Séoul, mais aussi ceux des autres villes. C'est comme ça, le commerce, tu peux rien y faire et j'ai pas à subir le mépris que t'éprouves pour les questions d'argent.

— Mon grand-père ne me parlait jamais d'argent, et il a fait d'une minuscule boutique un empire de plusieurs magasins colossaux.

— Il n'en parlait jamais, mais c'était pas pour ça qu'il n'étudiait pas le marché et qu'il ne cherchait pas à rendre ses magasins prospères, lui opposa Namjoon d'un ton calme bien que tranché. Si tu veux que j'arrête d'en parler, soit, mais le contrat stipule qu'il est de mon devoir de maintenir ces magasins à flot, et je ferai tout ce que je peux pour que ce soit le cas. »

Conscient qu'il était devenu parfaitement inutile de discuter – d'autant plus qu'il savait que son énervement le rendait aveugle –, Seokjin décida de quitter la pièce sans un mot de plus.

Le magasin de Noël [Namjin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant