Le magasin de Noël [Namjin]

Chapitre 48

Lorsque l'inséparable couple vit entrer Seokjin dans le salon, Taehyung et Jimin surent qu'il s'était passé quelque chose, quelque chose de grave. La table était parfaitement mise, tous le monde était là et attendait le jeune garçon depuis une bonne demi-heure... et Seokjin arrivait dans cette maison magnifiquement ornée sans même y prêter la moindre attention. Pas une fois son regard ne s'était posé sur leur festin, et il n'avait pas eu la politesse de saluer qui que ce soit.

« Hyung, tenta son petit frère, qu'est-ce que...

- Je vais aller me coucher, souffla Seokjin en se dirigeant vers l'escalier, passez une bonne soirée. À demain.

- Qu'est-ce que tu racontes ? On est sur le point de réveillonner, tu peux pas aller dormir.

- Ah... oui, j'avais oublié.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Rien de bien spécial.

- Viens dîner avec nous, s'il te plaît...

- Désolé, je suis vraiment épuisé. J'ai pas le cœur à ça... »

Il ne le laissa pas parler, déjà il quittait la pièce d'un pas lourd et peiné. Taehyung s'excusa auprès des autres convives et leur indiqua qu'il allait le voir, mais qu'ils pouvaient entamer le dîner sans lui : il ne serait pas long. Bien évidemment, si les autres hochèrent la tête et allèrent prendre place, pas une miette ne fut avalée.

Taehyung se hâta, si bien qu'il rejoignit Seokjin avant même que ce dernier n'ait l'occasion de pousser la porte de bois massif qui menait à sa chambre. Le cadet le stoppa, lui attrapant le bras avec un peu trop de force ; son grand frère grimaça et tenta faiblement de le repousser. Il fut facilement maîtrisé par l'autre qui le plaqua sans douceur contre le mur.

« D'accord, Jin, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que tu m'as pas dit ? Il s'est passé quoi, avec Namjoon ? Je suis pas stupide, je me doute bien que ça a un rapport avec lui, alors c'est quoi, le souci ? T'as pas le droit de fuir un moment aussi important que ce dîner sans une putain de bonne raison, compris ? Tu veux bouder ? Ok, mais dans ce cas tu m'expliques au moins ce qui s'est passé.

- Je sais même pas vraiment moi-même...

- Hein ? »

Surpris, il le relâcha. Seokjin n'en profita pas pour autant, il demeura debout contre ce mur froid, face à son frère qui le questionnait du regard, l'encourageait à poursuivre.

« Nam s'est vexé, j'ai pas trop compris pourquoi. Il a dit... il a demandé pourquoi je lui parlais pas de mes sentiments, alors que ça se voyait que je l'aimais... et j'ai pas su quoi répondre, alors... il est juste parti. Voilà, tu veux plus de détails, peut-être ? »

Comprenant que cette pointe d'agressivité lui servait à dissimuler sa tristesse et son incompréhension, Taehyung ne releva pas ce ton acide et préféra tenter de saisir ce qui avait bien pu se passer.

« Il s'est barré ? C'est-à-dire ? Du magasin ?

- Non, on le reverra demain... mais je crois qu'on est en froid, maintenant. Il ne voudra plus entendre parler de moi. Je crois qu'il a pas aimé que... je sais pas, que je sois pas capable de lui avouer que je l'aimais, en fait.

- Parce que tu l'aimes ?

- Oui, Tae. Content ?

- Et pourquoi tu le lui as pas avoué ?

- Je sais pas, c'est... c'est nouveau et... bah je savais pas comment faire. J'allais pas juste lui larguer un « je t'aime » en plein milieu du bureau parce que je m'y sentais contraint, si ? C'est ridicule, ça n'aurait eu aucune valeur !

- Et à ses yeux... tu crois pas que ça en aurait eu, de la valeur ?

- Il aurait pu croire que c'était pas sincère.

- Il l'aurait cru ?

- Je pense pas, murmura Seokjin après un court silence.

- Et pourquoi ?

- Parce que... il l'aurait vu dans mon regard. Il... il aurait su, d'une manière ou d'une autre, si j'étais honnête ou pas.

- T'as juste flippé, hein ? conclut Taehyung.

- Faut croire.

- Et tu comptes réparer ça ?

- Je le pourrais ? s'étonna-t-il.

- À ton avis ? »

Il suffirait d'un coup de téléphone, un appel décidé. Il ne lui demanderait pas s'ils pouvaient parler, il lui dirait qu'il fallait qu'ils parlent. Parce qu'il avait quelque chose à lui dire, quelque chose d'important, et qu'il ne s'agissait pas d'une question mais d'une déclaration.

« Je vais l'appeler, décida Seokjin d'un ton assuré qui prouvait qu'il avait retrouvé confiance en lui. Merci, Tae.

- À ton service ! Maintenant, viens manger, on va se régaler ! »