Chapitre 32 (1/2)

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Bien sûr, quand Coma lui demande de retourner se coucher, Lexi refuse catégoriquement. Elle ne se gêne pas pour le suivre un moment, mettant en avant un demi-douzaine d'arguments jusqu'à finir par l'évidence — « C'est mon frère, tu ne peux pas m'empêcher de venir » —, mais rien de tout ce qu'elle avance n'a de prise sur le capitaine.

Brinquebalée dans un tourbillon d'émotions, convaincue qu'elle ne pourra plus se regarder en face si elle ne rejoint pas son frère et si, par malheur, il lui arrivait quelque chose, Lexi s'accroche comme elle peut. Ce n'est que lorsque Coma se retourne, qu'il l'immobilise soudain, les mains agrippée à ses épaules, qu'elle se rend compte de sa colère. Ou quel que soit ce que traduit sa brusquerie.

« J'ai assez de vies entre les mains, je n'ai pas besoin de m'encombrer de la tienne par-dessus. Donc, je te le répète, c'est hors de question. Maintenant, tu dégages. »

Il appuie sur sa prise comme sur ses mots. Il affermit sa poigne au point de lui faire mal. C'est peu la connaître s'il croit que ça suffira à la dissuader. Elle ne compte pas abandonner son frère. Lexi serre les dents, elle ne le lâche pas du regard, bien qu'elle n'ajoute rien. Quand il s'éloigne, elle ne le suit pas. Et lui ne se retourne pas une seule fois, la laissant seule dans les couloirs sans un mot de plus.

Elle se doute bien qu'il se méfie, toutefois. Il doit attendre qu'elle s'acharne. Et il a bien raison. Lexi pince les lèvres, alors qu'elle compte les secondes avant de bouger. Ce n'est que lorsqu'il s'apprête à tourner, qu'elle est à deux doigts de le perdre de vue, qu'elle enlève ses chaussures et s'élance à sa poursuite. Elle lui laisse assez d'avance pour ne pas éveiller ses soupçons, pas assez pour le perdre définitivement.

À chaque tournant, elle doit faire attention à ne pas glisser. Ses chaussettes réduisent l'adhérence au sol, à tel point qu'elle se croirait sur le lac en plein coeur du Secteur 14, les quelques hivers où les autorités n'ont pas pris la peine de le faire dégeler. Coma finit par s'introduire dans une pièce, certainement le bureau du Colonel Hawthorn mais elle n'en est pas sûre. Elle n'ose d'ailleurs pas s'en approcher et, ne le voyant pas ressortir — même au bout d'un long moment —, elle se demande s'il n'est pas passé par une autre porte pour quitter la pièce. Ou si celle-ci n'est pas simplement une sorte de couloir menant ailleurs. Elle n'a aucun moyen de le savoir : si elle s'approche et qu'il choisit ce moment-là pour sortir... Lexi peste tout bas, voyant son plan partir en fumée, d'une manière ou d'une autre.

Il va préparer l'Hyperion.

Lexi se triture les méninges car ce mot, ce nom, sans doute, a déjà attiré son attention par le passé. Elle ne se rappelle pas quand, mais elle est persuadée d'avoir entendu Coma en parler. Elle fouille dans ses souvenirs, tentant de rappeler à elle celui-ci en particulier, mais rien ne vient.

Fichue mémoire en forme de passoire !

Une bribe de conversation lui revient, elle se rend compte qu'ils étaient dans un bureau quand elle a entendu parler de l'Hyperion pour la première fois, mais elle n'a pas eu le temps de se questionner à ce sujet, encore moins de questionner son interlocuteur — Coma, aucun doute là-dessus.

Des bruits de pas précipités résonnent quelque part derrière d'elle. Pas à proximité directe, car elle les sent étouffés par la distance, mais assez proche pour qu'elle les remarque. En dehors de leur rythme soutenu, elle ne capte rien d'autre, pas même en tendant l'oreille.

Au premier passage, Lexi prend ça pour une coïncidence. Au deuxième, elle commence à se demander si c'est normal qu'il y ait autant de mouvements à une heure aussi indécente. Au troisième, sa curiosité est piquée à vif et elle s'éloigne de la porte par laquelle elle a perdu Coma. Il ne peut pas s'agir d'un hasard si autant de monde se déplace en plein milieu de la nuit.

Lexi et ComaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant