Chapitre 8

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Quand la navette se pose, un frisson parcourt l'échine de Lexi. Le voilà. Le fameux secteur 19. Elle s’apprête à en fouler le sol, pour la première fois. Et c’est, bien sûr, à ce moment qu’elle prend conscience de la boule qui pèse dans son estomac.

Parmi les choses dont on ne parle pas, sur Hynis, l’une des principales reste sans doute le secteur 19. Il est encore moins question d’y mettre les pieds, évidemment. Les interdits sont clairement posés par le gouvernement. Il existe tout un tas d’histoires, de rumeurs qui courent à propos de ceux qui ont, un jour, outrepassé ces règles. Les plus jeunes, aident à propager les légendes urbaines sur cet endroit malfamé de la cité, comme on répandrait une traînée de poudre. Certains se targuent même d’y avoir fait une virée et racontent leurs récits d’aventures comme un scénario de jeu vidéo. Ils ne trompent jamais personne, cela va sans dire.

Les murmures les plus effrayants, toutefois, ne viennent pas des gamins qui cherchent à tromper l’ennui. Ils sont chuchotés si bas que seules les oreilles très attentives, ou celles qui ne devraient pas l'être, l'entendent. Pour les autres, le secteur 19 est simplement un quartier qu'on évite, qu'on prend grand soin d’ignorer. Cela vaut mieux pour tout le monde. 

Dans la nuit encore bien présente, Lexi peine à discerner le décor. Tout ce qu’elle constate, ce sont les formes sombres des immeubles qui ne s'élèvent pas aussi haut que partout ailleurs. Ils semblent courber l'échine, dans un affaissement qui met mal à l'aise : prêts à tomber, mais pas tout à fait. L'éclairage est inexistant, ou presque. Quelques néons grésillent, çà et là, diffusant une lumière terne qui illumine si peu les allées que les étoiles elles-mêmes sont plus efficaces.

« Tu restes à l'intérieur », ordonne Coma en détachant ses ceintures.

Tandis que l’attention de Lexi passe de l’extérieur au capitaine, ce dernier se retourne et lui lance un regard appuyé, l'incitant à ne pas défier son autorité. Comme si c'était dans ses habitudes de le faire... Elle lève les yeux au ciel, ravie d'être sous la surveillance bienveillante de Coma. S’il s’agissait de rester coincée dans cette coquille métallique, elle aurait finalement préféré rentrer chez elle. À l’heure qu’il est, elle aurait pu être au chaud, sous sa couette, à regarder un film et, pourquoi pas, demander à Home de programmer la commande d’une pizza. Ou elle aurait pu rejoindre Zeck chez lui, avec la pizza, qu’elle se fasse pardonner d’avoir ignoré ses derniers messages. 

Ce doux rêve aurait pu devenir réalité, s'ils n'avaient pas été interrompus dans leur trajet par un appel du trouble-fête. Wayson a baragouiné une phrase complètement insolite, quelque chose du genre « j'aime le flan à la banane », avant que la ligne ne grésille et que le contact ne soit perdu. Coma a juré et a immédiatement changé de direction, sans plus faire cas de ramener Lexi chez elle. Dire qu’elle s’en est réjouie ! 

« Z, active le mode de camouflage, bloque les accès intérieurs et extérieurs.

— Certainement, Capitaine. »

Il semble hésiter un instant, avant de soupirer une dernière phrase, tout en attrapant un pistolet, dans un compartiment discret en-dessous du volant, qu'il vérifie d'un air nonchalant :

« Ne réponds au Matricule 0513-A, ici présente, qu'en cas de nécessité vitale. Walberg, si les choses tournent mal, et uniquement si elles tournent mal, insiste-t-il, tu pourras activer le protocole UAV de Z. Entendu ? »

Le gris de ses yeux s'assombrit, quand il plonge ces derniers dans ceux de la recrue. Ils s'accrochent pendant ce qui semble une éternité, un véritable courant électrique s'échappe de leur échange silencieux, et Lexi frissonne. Elle s'attarde sur les traits sérieux de son supérieur puis, sans parvenir à rompre le contact, acquiesce d'un bref mouvement.

Lexi et ComaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant