Coma se retourne, avec un calme et une maîtrise de soi exemplaires. Elle sait qu'il a reconnu leur interlocuteur, lui aussi. Ce qu'elle ignore c'est s'il s'en moque comme il le laisse paraître ou si cela l'affecte, d'une façon ou d'une autre. Lexi reste dans son ombre, remerciant les étoiles d'avoir un petit gabarit qui lui permette de bénéficier de quelques secondes de répit avant la déferlante.
« On ne t'attendait pas si rapidement ! Jessen nous a prévenu pour ton contre-temps.
— Qu'est-ce qu'il a dit exactement ? grogne Coma.
— Je ne saurais pas te rapporter ses paroles exactes, c'est Zeck qui m'a mis au courant... un problème avec un soldat ? Une morsure d'ikstrod, si j'ai bien suivi ? Il va bien ? Ces saloperies ne font clairement pas partie des rencontres les plus agréables, par ici.
— Elle va bien », corrige le capitaine, impassible, en jetant un coup d'oeil par-dessus son épaule.
Lexi le ressent comme un ordre silencieux (un « bouge-toi de là », ou quelque chose du genre), mais ses petits yeux brillent d'une demande qui va probablement à l'encontre de tous ses droits, dont celui de refuser d'exécuter un ordre, tout silencieux qu'il soit. Est-ce que tu voudrais bien m'enterrer, disons, dans les secondes qui suivent ? S'il te plaît ?
« Oh ! Non ! Sérieux ? Tu m'étonnes que tu aies pris du retard ! »
Des bruits de pas claquent sur la rampe métallique et Lexi hésite entre tenter de fusionner avec le dos de Coma — elle s'agrippe même à sa combinaison, sans s'en rendre compte, tirant malgré elle sur le tissu à l'élasticité particulière — et se jeter en bas de la rampe.
« Cette fois, je n'ai rien fait », se défend Coma, un sourire dans la voix, comme s'ils partageaient une vieille blague.
Une blague absolument pas drôle, quand on sait quelle place Lexi est sensée y tenir, on en conviendra.
« Et tu nous as ramené ta pauvre victime ou elle se remet encore de tes assauts... enfin, de ceux de la vile bestiole qui l'a attaquée, je veux dire ? »
Il éclate de rire, sans doute bien conscient qu'elle se planque dans le dos de Coma. Après tout, il n'a sûrement pas manqué les positions de son capitaine d'abord de dos, penché au-dessus du visage de Lexi, puis regardant par-dessus son épaule en direction du cadet.
Son rire, justement, semble bien trop proche.
« Je dois quand même t'avertir d'un petit détail...
— Plus tard !
— Non, je t'assure...
— Elle a l'air timide, laisse-moi lui souhaiter la bienv... Bordel de merde ! »
Sur le côté se dessine le visage d'Hayden qui vient de perdre non seulement son sourire jovial mais toutes ses couleurs, dans le même temps (et il n'en a déjà pas beaucoup, d'ordinaire). Sa mâchoire est grande ouverte, autant que ses jolis yeux en amande qui s'étirent en laissant apparaître les mêmes iris ambrés que ceux de Lexi. Celle-ci rentre la tête dans les épaules et se décale un peu, tournant autour de Coma pour s'en servir comme d'un bouclier.
« Bordel de merde ! » hurle-t-il à nouveau, comme si ça allait changer quoique ce soit à la situation.
Hayden a toujours été plutôt expressif, dans sa manière de se tenir, dans ses gestes, dans les mouvements qu'il fait avec ses mains quand il parle. Ce trait qu'il partage parfois avec Zeck, lorsque ce dernier s'emporte, faisait beaucoup rire Lexi, quand elle était plus petite et qu'elle les voyait s'embarquer dans des discussions passionnées auxquelles elle ne comprenait rien. Mais, à cet instant précis, les gestes d'Hayden lui coupent toute envie de se moquer gentiment. Il ressemble trait pour trait à cette immonde créature en forme de vers géant qu'ils ont croisée quelques jours plus tôt, barricadée sous son armure extérieure, avec ses crocs acérés et ses piques dorsaux aussi affûtés que des couteaux. Lexi jurerait qu'il se tortille de la même manière, et si la menace ne suintait pas par tous les pores de sa peau, la comparaison aurait pu être drôle. Il pointe un doigt sur Lexi — qui continue de tourner autour de Coma, tout comme le fait Hayden, tandis que la barricade vivante proteste sous un tas de grognements indiscernables — et fulmine :
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Lexi et Coma
RomanceDe prime abord, l'ordre règne sur Hynis. Depuis la création de la colonie, il y a 255 années terriennes, les êtres humains sont maintenus dans cette paix qu'ils chérissent tant. Les informations diffusées aux travers des médias ne sont que messages...