Chapitre 30 (1/2)

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La combinaison s'ajuste en effet à la morphologie de son porteur. Et pourtant, Lexi n'en était pas convaincue quand, en enfilant les deux jambes, elle s'est rendue compte qu'un énorme pan de tissu flottait entre ces dernières. Tout sauf gracieux. Elle a également cherché une fermeture, de quoi faire remonter le tissu ou le forcer à s'adapter puisque c'était apparemment ce qu'il était censé faire. Elle n'a même pas pu demander l'avis de ses coéquipières : Ingrid n'est jamais retournée dans les dortoirs et Éloïse s'est éclipsée avec Gork, aussitôt la réunion terminée. Autant dire qu'elle est restée seule avec sa combinaison informe et qu'il lui a fallu tâtonner dans tous les sens pour avoir enfin l'air présentable et pouvoir quitter le dortoir sans devenir la risée de toute la Tour.

Elle qui n'a jamais lu un seul mode d'emploi, elle aurait tout donné pour faire une exception, cette fois-ci. Avec le retard qu'elle a accumulé, elle aura de la chance si Coma et l'équipe ne sont pas partis sans elle.

À dix minutes de l'heure du rendez-vous, Lexi désespère et enfile les manches. Peut-être trouvera-t-elle plus facilement la fermeture, une fois la combinaison dépliée dans son entièreté ? Au niveau du nombril, elle repère une espèce de bouton, ou plutôt une sorte de relief rond qui l'intrigue. Elle y passe la main et la combinaison frémit. Littéralement. Lexi en sursaute, se rappelle vaguement la première fois qu'elle s'est trouvée en contact avec de la technologie biotech et comment cette dernière a réagi. Elle réitère son geste, curieuse. Une curiosité, d'ailleurs, qui ne lui semble pas naturelle. Elle se sent comme... appelée par cette technologie. Comme si elle ne pouvait faire autrement que de chercher à en savoir plus, à la comprendre. Sans la comprendre, évidemment, puisqu'elle n'a ni les compétences ni les données nécessaires pour ça. Au deuxième contact, une sorte de décharge se produit. La combinaison se raidit un instant puis quelque chose pique son ventre, à un ou deux endroits, autour du nombril ou peut-être à l'intérieur, elle ne saurait le dire avec certitude, entravée par la surprise. Pour autant, elle ne ressent pas de douleur, une gêne et une sensation d'engourdissement, tout au plus, et enfin une sorte de chaleur. Puis plus rien. Le vêtement aux capacités étranges prend forme autour de son corps, une forme parfaite, une seconde peau. Le tissu n'est plus frais du tout, il lui tient chaud, mais pas trop. Il forme comme une protection autour d'elle, une sorte de fine armure, aussi légère qu'un simple haut en coton.

Lexi est dans les temps. Elle a dû demander trois fois son chemin, certes, mais elle y est parvenue. Après avoir pris la plateforme faisant office d'ascenseur, qu'elle n'a plus utilisée ni même revue depuis son arrivée, elle débarque sur la plateforme qui sert à accueillir les véhicules entrants. Et également sortants, découvre-t-elle aujourd'hui. Elle se demande pourquoi ils ne se sont pas donnés rendez-vous dans le garage, comme toutes ces dernières fois, lors de ses leçons de vol avec Coma. Mais sa question n'a pas le temps de franchir ses lèvres qu'elle voit déjà démarrer une navette sur deux. Le véhicule gris, assez large pour transporter plusieurs passagers, se jette dans l'ouverture béante qui fait office de porte, à cela près qu'elle ne se referme jamais.

« En piste, Walberg, vous n'êtes pas en avance.

— Je ne suis pas en retard non plus », réplique-t-elle en s'avançant vers la navette restante, sans se retourner sur Coma, désormais dans son dos.

Elle remarque alors que l'engin est identique à celui qu'ils ont emprunté le jour de leur arrivée dans la Tour... et qu'il ne comprend que quatre places, toutes déjà occupées. Au volant de la navette, Ingrid lui lance un regard peu amène. Anton est assis à ses côtés. Trevor et William s'attachent à l'arrière. Les quatre semblent en pleine discussion quand, sans un égard supplémentaire, Ingrid déplace le véhicule pour le laisser glisser jusqu'à l'ouverture. Lexi ne peut s'empêcher de se sentir narguée. À un moment, il faudra bien qu'elle se confronte à Ingrid, qu'elles aient une explication, ça ne peut pas durer. En attendant, elle se contente de serrer les dents et de regarder ses équipiers disparaître dans le ciel.

Lexi et ComaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant