L'Hyperion ne paraît pas simplement gigantesque, il l'est bel et bien. L'intérieur est élégant, tout en lignes métalliques qui parcourent les murs. Et, malgré les tons froids et le manque de couleurs, il s'en dégage une certaine chaleur. C'est probablement ce qui surprend le plus Lexi, alors qu'elle erre d'un endroit à l'autre, sans jamais pousser aucune porte, sans s'arrêter une seule fois de peur d'être rattrapée, confrontée à ses actions, à ses choix. Elle fuit, enfermée pendant quelques heures, le temps que le vaisseau se pose et qu'elle puisse s'échapper. Retrouver Hayden. Et peut-être, quelque part, a-t-elle le sentiment un peu fou et naïf que tout repartira alors à zéro.
Contrairement à la Tour, où aucune pièce n'a d'identification et où tout est si facile à confondre, ici chaque porte possède sur sa droite un petit cadre numérique avec son inscription. Lexi passe devant une aile réservée aux chambres de l'équipage. Elle ne reconnaît aucun nom, mais leur disposition ne laisse aucun doute. Jusqu'à trois noms peuvent être présents sur les pancartes digitales. Souvent, il n'y en a que deux. Jamais un seul.
Elle découvre qu'il y a une aile scientifique, une aile technique, un réfectoire qu'elle s'empresse de contourner, deux sas de décontamination qui lui semblent à être relativement éloignés l'un de l'autre. Un ascenseur la surprend, elle n'aurait pas cru qu'un vaisseau puisse en être équipé mais, là encore, son expérience en la matière est limitée. Malgré la curiosité, elle se retient de l'emprunter, l'idée d'y rester coincée la taraude sans raison apparente. Ou craint également un peu de découvrir ce qui se situe en-dessous... ou en-dessus d'où elle se trouve.
Elle tente bien de retrouver son cagibi sombre et exigu, persuadée qu'elle n'y croisera personne, au moins. Mais elle a beau chercher, impossible de remettre la main dessus. Ce qui lui fait prendre conscience qu'elle n'a pas la moindre idée d'où se situe la sortie. Et que quitter le vaisseau avant tout le monde ne sera sans doute pas possible. Qu'importe, elle n'aura qu'à suivre la foule.
D'ailleurs, personne ne lui prête attention, ici. Il y a toujours quelqu'un à croiser, les gardes qui constituent l'équipage se déplacent en général par groupe de deux ou trois, et il semble rare qu'ils ne soient pas dans une conversation, animée ou chuchotée, mais toujours en pleine discussion. Lexi ne récolte aucun regard, aucune réflexion, à croire qu'elle est parfaitement invisible, ce qui la change de la Tour et même de son quotidien avant son entrée dans la Garde, où il n'était pas rare que les passants se retournent sur son passage. Parfois, elle en arrivait à se demander si ces derniers la reconnaissaient, peut-être pour l'avoir aperçue au Gunpowder, malgré le maquillage, les costumes de scène, la luminosité et la distance. Elle, en tout cas, ne reconnaissait jamais personne.
L'Hyperion est soudain pris de tremblements, d'abord légers puis de plus en plus forts, associés aux mouvements de balancier. Un réacteur pousse d'un côté, un autre fait de même à l'opposé, pour stabiliser l'appareil et lui garantir un atterrissage en douceur. Contre tout attente, Z ne demande pas aux passagers de retourner dans leurs chambres, ni de s'attacher. Elle ne précise rien, car c'est la voix de Coma qui fuse des haut-parleurs pour annoncer leur arrivée sur Norvendor et c'est tout ce qu'elle entend. Le reste n'est qu'un bruissement dérangeant que son cerveau refuse d'interpréter. Lexi croise les bras sur sa poitrine et cherche du regard le mouvement de l 'équipage.
Elle n'a pas à se concentrer longtemps. Les bruits de pas arrivent dans sa direction, de toutes parts, et, bientôt, elle se fait happer par le troupeau de gardes. Elle a tout juste le temps de remarquer qu'ils revêtissent tous, désormais, une combinaison aux couleurs terreuses, quelque part entre le brun et le orange. Et si elle ne dénotait pas beaucoup, jusque-là, il est désormais impossible de rater la tache bleu nuit au milieu de cette marée de couleurs chaudes.
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Lexi et Coma
RomanceDe prime abord, l'ordre règne sur Hynis. Depuis la création de la colonie, il y a 255 années terriennes, les êtres humains sont maintenus dans cette paix qu'ils chérissent tant. Les informations diffusées aux travers des médias ne sont que messages...