Lexi et Coma

Chapitre 34

« On est maudits », peste Coma en s'agenouillant.

Lexi retrouve ses esprits au contact du capitaine qui la prend dans ses bras, comme électrisée, mais pas par leur proximité. Du moins, pas au sens littéral. Elle se raidit quand son dos repose contre lui et qu'une chaleur désagréable se diffuse entre ses omoplates.

« Oh, ça pourrait être pire. Imagine si j'avais dû te porter...

— De l'humour, grogne-t-il, c'est que tu ne dois pas être si mal en point.

— Je pète la forme ! »

Une grimace vient souligner son sarcasme. Ils décampent plus vite encore qu'ils ne sont arrivés. Le capitaine est infatigable, même sa respiration ne trahit pas la charge qu'il porte. Le paysage qui défile à cette vitesse, toutefois, n'est pas pour plaire à Lexi. Elle trouve le moyen de le lui reprocher, arguant qu'il pourrait faire un peu plus attention à sa blessure.

« On a besoin de te soigner et vite. Notre seule chance, dans cette histoire, c'est de ne plus être poursuivis par aucune des charmantes créatures qui vivent ici.

— Tu parles d'un changement de décor ! C'est pas sur Hynis qu'on aurait croisé ces monstres.

— En même temps... mes équipes sont formées à les éviter, râle Coma.

— Je ne lui ai pas marché dessus !

— Mmh. L'ikstrod, par contre, tu n'y étais pour rien. Ça, je te l'accorde.

— Le truc qui m'a tué le dos ?

— C'est ça.

— Et il ne nous pourchasse pas ?

— Elles sont trop territoriales pour quitter l'endroit où elles élisent domicile. Mais ces saloperies sont terriblement venimeuses. Elles n'ont jamais besoin de courir après leurs proies une fois qu'elles ont attaqué.

— Et tu te sens obligé de préciser ça ? siffle Lexi.

— J'étoffe ta culture générale, apparemment. Et ça me change les idées. »

Coma se prend les pieds dans quelque chose, mais retrouve son équilibre presque aussitôt. Lexi serre les dents, anticipant la douleur qui devrait lui vriller le dos mais qui ne vient pas. Un bref instant, elle en est soulagée. Jusqu'à ce qu'elle remarque que son dos n'est pas le seul à ne plus capter le moindre signe de douleur. Ni la moindre sensation, d'ailleurs.

« Hum, Coma, je sens plus rien.

— Comment ça plus rien ?

— J'arrive plus à bouger mes mains. »

Elle essaie de rester calme, mais sa voix dérape dans les aigus. Le capitaine peste à nouveau et le paysage défile soudain encore plus vite. Elle devine que ce n'est pas bon signe.

Ils atteignent une sorte de petite grotte, alors même que Lexi n'a pas vu le paysage changer. L'air est toujours aussi lourd et les particules de sable continuent de leur voler dans les yeux : elle s'est camouflé le visage contre le torse du capitaine une bonne partie du trajet.

Coma la dépose doucement sur le sol, à quelques mètres de l'entrée, assez pour que la lumière du jour les éclaire complètement, mais qu'ils se trouvent protégés du vent et des températures insupportables. L'atmosphère s'allège un peu, du moins jusqu'à ce qu'elle voie le visage crispé du capitaine.

« OK, là, tu commences à me faire peur.

— Je n'ai pas ce qu'il faut pour me débarrasser entièrement du venin. »