Chapitre 7

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Lexi pousse les lourdes portes, à l'arrière du bâtiment, en se jurant qu'elle reviendrait dire au revoir à ses collègues, dès qu'elle en aurait l'occasion. L'idée de s'en aller comme une voleuse prise la main dans la sac ne lui plaît pas particulièrement. Coma sur ses talons, elle lâche négligemment les portes, après s'être glissée à l'extérieur : s'il pouvait les prendre dans la figure, ça la soulagerait peut-être un peu.

Son pas est assuré, alors qu'elle avance droit devant, sans savoir où elle va, sans se retourner non plus, même lorsque la voix de Coma l'interpelle. Elle l'ignore. Le vent mord ses joues, s'insinue sous ses vêtements et engourdit ses membres. Elle l'ignore, lui aussi.

Impossible de s'attarder sur la contemplation de la cité, alors même que Lexi adore la voir encore endormie, quand elle sort du Gunpowder après un show. Le contraste la fait sourire. D'habitude, elle prend un peu de temps pour l'observer et se perdre dans ses pensées. Qu'elle soit, chez elle, penchée à la fenêtre, les bras croisés sur le rebord, ou à l'extérieur, dans le calme plat des sorties interdites par le couvre-feu. Quand les néons s'allument et la parent de couleurs merveilleuses, Hynis brille. Et, dans ces moments, la jeune femme réussit à oublier tout le reste. Pour quelques instants, Hynis la Belle porte son nom à la perfection.

Lexi se retourne, de force, tandis qu'elle sent son poignet emprisonné dans la main du capitaine. Si sa trajectoire change du tout au tout, elle ne s'arrête pas pour autant. Après s'être dégagée de la prise, elle continue tout droit, sans prendre la peine de lui accorder un regard. Vaguement, elle l'entend mentionner qu'il s'est stationné un peu plus loin. Elle marche, sans but, si ce n'est celui de lui prouver qu'elle ne compte pas se laisser intimider.

Quelques véhicules circulent encore, reflets du peu de citoyens ayant des horaires atypiques, mais les voies sont libres, pour la plupart. Bien définies, les routes s'étirent en larges bandes, bordées d'arbustes luxuriants, mais toujours bien taillés. La masse rectangulaire qu'ils forment en continu, comme une barrière de verdure, s'arrête parfois, ponctuée d'arbres un peu plus grands de forme ovale. Des faisceaux lumineux flottent dans les airs, à intervalles réguliers, et éclairent faiblement les voies. Quand Lexi passe à proximité, leur détecteur s'active et les projecteurs s'extraient de leur mode de veille pour diffuser une lumière plus franche.

« Après le pont, » précise Coma, alors qu'ils s'en approchent.

La construction, imposante, s'étire de tout son long, de part et d'autre du lac. Ses deux pans bétonnés se superposent, légèrement décalés l'un de l'autre de sorte à ce que, depuis la rampe du bas, on puisse voir celle du haut. Des diodes sont disséminées sur les rambardes aux courbes élégantes, s'arc-boutant dans les airs jusqu'à atteindre une hauteur dissuasive. De douces teintes cyan s'en échappent et se reflètent dans le noir profond des eaux en contrebas. A bonne distance, elles ressemblent à de petites étoiles, que l'on pourrait toucher en tendant la main.

L'un des tabliers du pont rejoint la route, tandis que l'autre sert de passerelle pour se rendre, à pied, sur la place des étoiles. C'est un lieu populaire, où les animations de rue ont la part belle et où les hynissiens se promènent souvent en famille. A plusieurs mètres au-dessus du sol, la vue est époustouflante. Petite, Lexi y allait, elle aussi, avec son frère. Ils partageaient en silence leur admiration d'avoir réussi à monter, toujours plus haut. Un jour, disait Hayden, ils transperceraient les cieux, tous les deux : ils s'envoleraient loin, très loin d'ici, pour découvrir toutes ces planètes autour d'Hynis, qui les émerveillaient tant.

Lexi traverse, le regard au loin pour éviter de se retrouver aveuglée par les passerelles lumineuses qui déterminent la voie, dans l'obscurité. L'aube ne point pas encore, à l'horizon, et les néons ne s'éteignent qu'une fois les premières lueurs du jour bien établies. La jeune femme suit le tracé de la plateforme sinueuse, jusqu'à l'autre bout du pont.

Lexi et ComaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant