Chapitre 6

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« Je tiens le pari, » dit-il fermement.

Le doute s'est dissipé, l'homme a de nouveau l'air sûr de lui. Lexi se laisse aller en arrière, dans un soupir de soulagement qui pourrait être mal interprété. Elle a réussi à faire d'une pierre deux coups et, très vite, Coma serait forcé de la laisser tranquille. Méfiante, elle ne le quitte pas du regard, incapable d'oublier cette réplique, calquée sur celle qu'elle avait servi au nouveau veilleur, un peu plus tôt dans la soirée. Aucun doute, Coma avait les moyens de se rendre discret. Elle n'a remarqué sa présence qu'une fois sur scène. Il lui est difficile de ne pas se demander pourquoi et comment. Pourquoi suivre sa trace, dans l'ombre ? Pourquoi elle ? Comment était-il parvenu à ses fins, si ce n'était en usant d'un pouvoir qu'elle a encore du mal à définir ?

Comme pour couper court à ses divagations, avant qu'elles n'atteignent les sommets de l'incohérence, Lexi lance, quelque peu narquoise :

« Tu devrais te rhabiller.

- La vue te déplaît à ce point ? »

Cette légèreté avec laquelle il s'exprime la surprend. Quand il n'est pas impassible, il est familier. Tout ou rien. On croirait avoir affaire à une toute autre personne. Lexi hésite, le rire qui aurait pu se faire entendre meurt dans sa gorge, alors qu'elle se questionne intérieurement, incapable de savoir s'il plaisante ou non.

Il passe une main sur sa nuque, dans l'idée, peut-être, de dissimuler une sorte de gêne. Ou pas du tout. Il se masse brièvement, mais à la vue des muscles qui se contractent le long de son avant-bras, on pourrait croire qu'il cherche plutôt à se faire mal.

« On peut dire ça, oui, » répond enfin Lexi.

Elle peine à détacher ses yeux de ce corps qui l'hypnotise, bien malgré elle. Concrètement, sa crédibilité frôle le zéro absolu, mais Coma ne relève pas. Il se contente d'un demi-sourire. Et ce dernier meurt aussitôt que la porte de la loge s'ouvre à la volée. Dans l'embrasure, deux silhouettes masculines se dessinent.

La surprise devrait se lire sur les traits du capitaine, tandis qu'il regarde tour à tour la jolie danseuse et les deux mastodontes qui viennent à sa rescousse. Mais il n'en est rien.

« Lexi ? », demande Leroy, légèrement essoufflé.

Il ressemble à un papa inquiet pour son petit bout, les yeux exorbités, le coeur au bord des lèvres, comme si on venait de lui annoncer un drame. La jeune femme se relève à moitié, prenant appui sur un coude.

« Est-ce que vous pouvez guider ce monsieur jusqu'à la sortie ? les prie-t-elle d'une petite voix.

- Il t'a fait du mal ? »

Leroy s'avance jusqu'à toiser Coma qui se relève aussi sec. Il lui tient tête, calme, bien qu'il ne soit pas en position de force, seul contre les deux veilleurs. Malgré son avantage, Leroy recule d'un pas, sous le regard appuyé du capitaine.

« Pas encore, répond Coma à la place de Lexi. Il faut croire que vous arrivez à temps, messieurs. »

Sa voix est glaciale, tranchante. Impossible de savoir s'il est ironique ou tellement sûr de lui qu'il ne cherche pas à dissimuler une vérité effrayante. La danseuse tressaille. Elle quitte le lit, elle aussi, restant un peu en retrait, les bras croisés sur sa poitrine.

Coma appuie, d'un geste léger, sur l'écran de la montre qu'il porte à son poignet. L'objet est discret, pas plus épais qu'un bracelet mais assez large pour disposer d'un écran, probablement haute résolution. Devant lui un insigne octogonal se dessine dans l'espace, à hauteur d'yeux. Ce dernier se reflète dans le miroir qui pare la coiffeuse, en face de Lexi et elle peut y lire son matricule, son grade, qu'il exhibe telle une oeuvre d'art. Si Leroy ne bouge pas d'un centimètre, son collègue pose une main sur son épaule et le tire légèrement en arrière.

Lexi et ComaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant