Chapitre 41

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Un océan de flammes s'abat sur ses entrailles, dévorant tout sur son passage, consumant jusqu'à l'air qui devrait entrer dans ses poumons pour les alimenter. Au lieu de quoi, la douleur obstrue l'arrivée d'oxygène. Elle est si vive que Lexi est incapable de retenir son cri. Ce dernier s'étire et s'étouffe, alors que l'air lui manque. Une bouffée lui parvient finalement, quand elle croit défaillir, ses muscles abdominaux se crispant d'eux-même avec une telle violence que sa vue se brouille. Elle ne se rend pas compte de ses gestes, son torse s'est levé d'un coup, d'une contraction qui la possède tout entière, diffusant la morsure venimeuse à l'instar de celle de l'ikstrod. Mais, cette fois, Lexi est seule dans son lit.

Elle étouffe. Elle brûle de l'intérieur, littéralement. Le rouge éclate dans toute la pièce et tapisse les murs d'un voile carmin qui n'a rien à faire là. Elle hurle sans pouvoir cesser, sans réussir à se calmer. Elle hurle à l'aide, elle hurle d'agonie. Les larmes ruissellent sur ses joues, s'amassent aux creux de son cou, rejetées par la combinaison qui n'est pas en mesure de les absorber.

Une seconde de répit, c'est tout ce à quoi elle a droit avant de plonger à nouveau. Le silence s'empare de la pièce, enveloppe la jeune femme un bref instant, comme pour la rassurer, comme pour lui chuchoter que tout va bien se passer. Mais ce n'est qu'un mensonge, un de plus. Car la douleur revient, aussi violente que précédemment. Impitoyable, elle broie tout sur son passage, elle carbonise tout ce qui se trouve à l'intérieur ; elle dévaste d'une onde jusqu'à la raison qui finit par ployer, elle aussi.

La porte s'ouvre à la volée et, dans la seconde, Coma la toise. Elle s'accroche à lui, attrape son bras de ses mains tremblantes sans se rendre compte qu'elle sert de toutes ses forces. Les yeux fous, le visage crispé, les lèvres bleuies, elle fait naître une peur chez Coma qu'il ne cherche pas à cacher et qu'elle est bien incapable de voir.

Il s'adresse à Z, elle n'arrive pas à se concentrer assez pour comprendre ce qu'il lui dit mais elle entend le son de sa voix, elle entend la panique et la sienne ne fait que grandir en écho. Elle l'attire à elle, calant sa joue contre son torse à la recherche de quelque chose pour stabiliser la sensation de douleur qui la fait vriller.

Mais la réponse n'est pas ici, elle s'en rend compte presque aussitôt et elle le repousse brusquement. Sa force, soudain, ne lui appartient plus tout à fait. Ses yeux se teintent d'une lueur sombre. Et alors qu'il s'étale sur son matelas, l'incompréhension pavant chaque parcelle de son visage, de ses yeux à sa bouche restée entrouverte, Lexi le scrute. Elle réalise brièvement que la douleur s'est tue, un instant de plus, un instant plus long aussi, avant qu'elle ne se voie remplacée par une envie. Non, un besoin.

C'est lui ! C'est lui, la source de la douleur !

Lexi bondit. Il est sous ses yeux, sa gorge sous ses doigts. Elle n'a qu'à serrer jusqu'à ce qu'il cesse de respirer.

À califourchon sur son ventre, Lexi cède : elle obéit à ce besoin, elle serre. Chacune des veines de son bras se gonfle, pompe le sang, le rouge, et déverse un flot d'énergie grisant dans tout son être, jusqu'au bout de chacun de ses phalanges. Le rouge est soudain remplacé par une couverture blanche qui atténue toute forme de douleur, et lui procure un sentiment de bien-être. Juste. L'énergie est juste. Un juste retour des choses. C'est ce qu'elle attendait, une brèche. Il a ce qu'il mérite.

« L... Lexi. »

Le son est faible, à peine audible alors qu'il s'échappe d'entre les lèvres de Coma dans un filet d'air chuintant, tel un pneumatique percé. Mais il est suffisant à la déstabiliser, à lui faire lâcher sa prise, une nanoseconde. Elle l'entend, elle reconnaît sa voix, elle prend conscience de l'éclat métallique qui brille péniblement dans ses iris et des stries rouge vif qui décorent désormais la membrane blanche l'entourant. Et elle se jette presque en arrière quand elle réalise que ses mains sont encore sur sa gorge. Comme si, d'un coup, c'est ce contact avec lui qui déclenche la brûlure, comme si elle ne venait plus de l'intérieur.

Lexi et ComaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant