Chapitre 20

680 102 45
                                    


Une main appuie sur la bouche de Lexi et le contact la fait bondir hors du sommeil. Un pauvre réflexe lui permet d'attraper le poignet de son agresseur, tandis qu'un cri tente de se frayer un chemin entre ses lèvres, mais meurt presque aussitôt sous la pression, se heurtant au barrage qui lui est fait.

« Chut, tout va bien. C'est moi. »

Dans le brouillard qui constitue cette sortie brutale du sommeil, le son et l'odorat entrent enfin en ligne de compte, bien qu'ils n'aident pas tant à calmer les battements de son cœur, tout affolé. Mais au moins reconnait-elle Zeck, qui continue en murmurant :

« Désolé. Je n'avais pas d'autres moyens pour venir te chercher.

— Mais qu'est-ce que tu fais là ? demande-t-elle dès qu'il libère sa bouche, sans élever la voix, mais encore sous le choc.

— Je t'expliquerai tout dans un moment. Viens. »

Évidemment, elle ne questionne pas les intentions de son ami. S'il y a bien quelqu'un à qui elle voue, et vouera toujours, une confiance aveugle, c'est Zeck. Jamais il ne lui viendrait à l'idée de se méfier de lui. Quand bien même lui révélerait-il un passé semé d'actes répréhensibles, elle ne le verrait certainement pas autrement que l'épaule solide sur laquelle elle peut se reposer, en toutes circonstances. Et en tout état de faits, Zeck est loin d'avoir un tel passé. Contrairement aux bêtises qu'elle a pu expérimenter elle-même, il n'a jamais quitté le droit chemin et s'est toujours assuré de l'y traîner avec lui quand c'était nécessaire, surtout lorsqu'Hayden n'était pas en mesure de le faire. Alors, forcément, même quand il débarque au milieu de la nuit, qu'il manque lui faire avoir une crise cardiaque en la réveillant comme s'il comptait la tuer dans son sommeil - ses nuits sont courtes et les cauchemars qui les accompagnent se trouvent être pis que des films d'horreur, ce qui explique sans doute son imagination fertile du moment -, elle le suit. 

Lexi se lève aussi discrètement que possible. Tandis qu'elle se penche pour chercher de quoi s'habiller, Zeck lui attrape le poignet et chuchote qu'ils n'ont pas le temps, qu'il ne devrait pas être là. Sans blague ! Tout en faisant attention à ne pas se cogner contre les valises, encore au milieu du passage, Lexi traîne les pieds. Au moins, se dit-elle, si elle heurte quelque chose, le risque de chuter sera moindre. Il ne manquerait plus qu'elle réveille les autres filles.

À l'extérieur du dortoir, les lumières sont éteintes, et aucune ne s'allume sur leur passage. Mais les couloirs baignent dans une lueur un peu terne qui leur permet de se repérer. 

« Ne marche pas trop vite et reste bien contre le mur de droite. »

Zeck lui passe devant. Il ne leur faut traverser que deux longs couloirs et changer une fois de direction, toujours en suivant ces étranges précautions que prend le garde, avant d'atteindre une porte qu'il ouvre rapidement. Lexi n'a pas le temps de s'attarder sur les lieux, elle constate simplement qu'elle vient d’atterrir dans une sorte de salon et, vu comme Zeck lui tombe soudain dessus, elle se doute qu'il sont seuls :

« Tu fais fort ! Ça fait une journée que tu es arrivée, Lex ! »

Peut-être qu'elle est plus ensuquée par le sommeil qu'elle ne l'aurait cru car elle ne comprend pas du tout ce qu'il raconte. Même malgré leur petite virée dans l'obscurité et la fraîcheur des couloirs qui l'ont fait frissonner tout du long et qui auraient dû la réveiller un peu mieux que ça. Devant son manque de réaction, Zeck grogne. Il s'attarde sur son petit débardeur et son short de nuit, sur la manière dont elle recouvre sa poitrine de ses bras croisés. Haussant un peu la voix pour se faire entendre, il disparaît de sa vue, tout en précisant :

« Une journée, avant de risquer de te faire expulser. »

Zeck réapparaît avec un sweat épais qu'il lui passe sur la tête, elle enfile les manches et il tire doucement sur le vêtement pour le faire descendre et le placer correctement sur le petit corps de Lexi. Cette dernière lui envoie un sourire en remerciement et glisse ses doigts dans sa frange pour lui faire retrouver son aspect normal, cachant son front, avant d'aplatir les cheveux qui se sont hérissés sur le dessus de son crâne.

Lexi et ComaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant