Au moment précis où la navette atterrit, la tête de Coma s’échoue sur l’épaule de Lexi. Un geste qu’il n’aurait jamais fait consciemment, si bien que la recrue Lexi déduit sans peine qu’il a perdu connaissance. L’angoisse, déjà bien installée au creux de son estomac, se voit multipliée. Elle vient de supporter la mort de trois personnes, son esprit refuse d’imaginer dans quels sombres recoins cela l’enverrait, s’il s’avérait que Coma subisse le même sort. Et à Z de les informer, tout à fait posément, qu'il y a une urgence vitale et qu’ils ne disposent désormais que de peu de temps pour agir.
Elle n'a rien le temps de voir venir. Les portes du véhicule s'ouvrent et une paire de mains lui attrape le bras pour la faire sortir, tandis que deux autres personnes placent Coma sur un brancard. Les yeux rivés sur son supérieur, elle essaie d'expliquer la situation, sa voix effleurant les aigus hauts perchés à mesure qu'elle constate que personne ne l'écoute. D'un instant à l'autre, Coma disparaît derrière une double-porte en verre opaque, à l'autre bout du hangar dans lequel ils se sont posés. Derrière elle, l’ouverture encore béante par laquelle la navette est entrée laisse entrevoir un ciel grisonnant tapissé de nuages, mais elle ne la remarque pas. Quand celle-ci se referme, ce n'est pas pour autant que la vue s'estompe : une énorme baie vitrée, aux cadres métalliques massifs, fait office de porte.
On lui tire gentiment le bras, tout en lui expliquant qu'elle va être installée à l’infirmerie, où l'on prendra soin d'évaluer son état.
« Je vais bien ! Je vais bien ! »
Lexi se rend vaguement compte que c’est une femme qui est à ses côtés, qui lui sourit calmement et hoche la tête, comme on écoute un enfant, sans grand intérêt. D’une pression sur le bras, elle enjoint Lexi à la suivre.
« Ce sont les procédures standards, ne vous en faites pas. »
Elle se veut rassurante, mais Lexi n’écoute rien.
« Je vais bien ! Je voudrais rester auprès de Coma.
— Le capitaine va subir une intervention. Nous ne sommes pas en mesure de vous autoriser à ses côtés. Ni de vous donner plus d'informations », anticipe-t-elle en lui faisant traverser, à son tour, une double-porte épaisse qu’elle tient ouverte à l’aide de son dos. « Je suis navrée. »
Les couloirs défilent, sans qu’ils ne présentent aucune particularité. Aucune différence. Rien pour situer un endroit précis du précédent. À intervalle régulier, une porte casse la monotonie des pans de murs entièrement blancs. Et, parfois, une paroi de verre opaque remplace une porte.
Elle se laisse guider, sans insister, après que trois de ses questions n’ont trouvé pour réponse qu’un sourire légèrement contrit et un silence de plomb. La femme ne lui lâche le bras qu’une fois Lexi assise sur un lit. Autour d’elle, un dizaine d’autres, aux draps soigneusement tirés, meublent la grande salle vide. Ils ne sont séparés par rien, comme si le concept d’intimité avait soudain disparu.« Nous allons simplement vérifier que vous n’ayez pas besoin de soins. Je vous envoie un infirmier. »
Et, sur ces mots, elle disparaît.
Lexi prend lentement conscience du vide qui l’entoure. Une sensation qui se fait bientôt si oppressante que Lexi se lève, incapable de rester immobile plus longtemps. Aucun bruit ne lui parvient non plus, en dehors de son propre souffle qui résonne, aussi bien à l’intérieur de son crâne qu’à l’extérieur, dans la pièce. Un peu plus et elle jurerait qu’elle peut même en entendre l’écho.
Quelque chose ne tourne pas rond, ici.
Le besoin de rejoindre la sortie se fait pressant, d’un coup. La porte n’est qu’un pan de mur à peine différent du reste, qui se démarque par le cadre qui l’entoure, légèrement en relief. Lexi pose une main sur l’emplacement vide où se trouve habituellement la poignée. Comment… ? Elle appuie, pousse, tente de faire bouger la porte, d’une manière ou d’une autre. Elle remue même les bras, recule puis avance, à la recherche d’un capteur de mouvements. Rien n’y fait.
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Lexi et Coma
RomanceDe prime abord, l'ordre règne sur Hynis. Depuis la création de la colonie, il y a 255 années terriennes, les êtres humains sont maintenus dans cette paix qu'ils chérissent tant. Les informations diffusées aux travers des médias ne sont que messages...