Evan - XXII -

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Je suis le premier arrivé sur le rooftop du bar choisi par les étudiants. J'apprécie leur initiative. Il faut avouer que je me suis considérablement investi à leurs côtés. Je ne pense évidemment pas à Enzo, qui est à part. J'ai relu avec précision chacun de leurs documents, et Dieu sait s'ils étaient nombreux.

Un serveur arrive et je manque de m'étouffer.

« Salut Evan ! Comment vas-tu depuis notre dernière ... euh ... entrevue ?

— Et bien écoute... Tout va bien... Je peux te demander une faveur ? Je suis invité ici par mes étudiants pour boire un verre, et j'ignorais que tu travaillais ici désormais... Cela ne t'ennuierait pas d'oublier que nous avons partagé quelques nuits ?

— Rassure-toi, je serai discret ! Après tout, c'était quand ? Il y a des mois maintenant... Mais, désolé d'être curieux, ce n'est pas bizarre de venir ici avec des étudiants ?

— Ils me remercient pour un projet, qui a été réussi.

— Oh, cool. Je me souviens, on avait un peu parlé de tout ça. Mais tu es prof maintenant ? Je croyais que tu étais au milieu d'une thèse non ?

— Mais quelle mémoire ! m'amusai-je. Exactement, mais maintenant je suis définitivement passé du côté obscur de la force.

— Quoi qu'il en soit, tu dois être un bon prof, moi, je n'aurais jamais invité un de mes enseignants, ils étaient bien trop désagréables ».

Tandis que mon interlocuteur termine sa phrase et s'en va en ironisant, je croise le regard d'Enzo, accompagné de l'ensemble de ses camarades, mais aussi d'un inconnu. Les yeux du premier sont noirs et ceux du dernier sont incrédules. Pour autant, celui-ci a un visage familier. C'est étrange.

Après quelques poignées de mains, dont une plus serrée que d'autres, chacun s'installe et nous commandons auprès du désormais de nouveau inconnu serveur. Ce qui ne semble pas plaire au jeune homme aux yeux marron à ma gauche. D'ailleurs, c'est tout doucement, mais pas assez je le crains, que j'entends : « Tu le connais, hm ? ».

En dépit du risque, en dépit de la mauvaise idée qu'est de fait ce geste, je me penche vers Enzo et lui chuchote à l'oreille : « Un partenaire durant la thèse. Avant toi ». Enzo hoche la tête et reprend sa place. Évidemment, sans attendre, celui qui ne m'a toujours pas été présenté lance :

« Les cachotiers ! Que vous racontez-vous ?

— Evan, je t... vous présente mon frère, qui est venu me voir après avoir appris pour notre victoire. Étant donné que vous y avez largement participé, j'ai pensé que vous ne seriez pas dérangé de le rencontrer ».

Mais, bien sûr, je suis enchanté de rencontrer une partie de la famille de mon sexfriend alors que l'un de mes plus anciens réguliers est ici même, rodant à l'écoute de nos attentes. La situation risque d'être légèrement tendue. Surtout quand ledit sexfriend manque de me tutoyer.

« Heureux de vous rencontrer, Monsieur. Merci de ce que vous faites pour Enzo ».

Je manque d'avaler de travers ma gorgée. Enzo et moi buvons bien trop rapidement nos verres de vin. A nous deux, une bouteille de vin blanc vient d'être écoulée. Ce n'est en rien une bonne idée, puisque nous prenons nos aises. A présent, Enzo a son bras posé sur le dossier de ma chaise et, de temps en temps, un de ses doigts frôle mon dos.

Le groupe commence à s'échauffer autant que nous et ne remarque donc pas que je m'éclipse pour aller vapoter. Une minute plus tard, Enzo me rejoint et ne dit rien. Il ne fume pas, fort heureusement. Je sens sa bouche se poser sur mon bras dénudé. L'alcool aidant, en dépit de la maigre protection que représente la végétation artificielle, Enzo m'embrasse.

« Evan ! Pardon ! Tes étudiants te cherchent et un arrive. Pas sûr que tu veuilles qu'il vous voie ensemble, j'ai préféré te prévenir ».

Mon régulier de l'an dernier vient d'éviter à mon actuel régulier un cataclysme. Enzo et moi le remercions sincèrement alors que la tête bien trop familière du frère d'Enzo apparaît.

« Vous avez disparu ! On vous cherche ! lance-t-il sans autre forme de politesse.

— Je suis venu fumer et ... hum ... hésitai-je.

— Je devais prendre l'air, j'ai un peu trop bu, lance Enzo en mimant un mal de tête.

— Pauvre petit frère qui ne se contrôle pas ! Heureusement que je suis là pour prendre soin de toi... lance ledit grand frère en s'approchant de nous.

— Oui, c'est sûr ! répond Enzo en levant les yeux au ciel.

— Mais, je reconnais le pendentif que vous portez autour du cou... ! » dit son aîné, bien trop calmement.

Ultime évanescence (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant